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Biennale des imaginaires numériques

Expositions, installations, performances, ateliers et tables rondes… Chroniques, la Biennale des imaginaires numériques a pris son envol début novembre dans le Grand Sud, entre Marseille, Aix-en-Provence, Avignon, Istres et Châteauneuf-le-Rouge, et poursuit sa course jusqu’au 19 janvier 2025.

Line Katcho & France Jobin, De-Construct. Photo: D.R.

Cet événement a débuté à Marseille par de nombreuses performances audiovisuelles — dont celles de Line Katcho & France Jobin (De-Construct), Martin Messier (1 Drop 100 Years) — ainsi que des installations sonores et cinétiques (Primum Mobile de Simon Laroche), une expérience participative décalée et immersive d’Adelin Schweitzer (Le test Sutherland) et une autre expérience qui visait à soumettre, de manière passive et en aveugle, une personne à des ondes sonores générant en retour des mouvements et sensations divers (Transvision de Gaëtan Parseihian & Lucien Gaudion)…

Comme lors de la précédente édition, des installations sonores, lumineuses, interactives ou participatives ont marqué également le lancement de la biennale à Aix-en-Provence, dans l’espace public : Lux domus de Josep Poblet, Écrin de 1024 Architecture, Faces d’Iregular… Certaines de ces œuvres in situ seront visibles plusieurs semaines, comme Épique : l’intriguant triptyque vidéo de Maximilian Oprishka

Maximilian Oprishka, Épique… Photo: D.R.

Au long cours, durant toute la biennale, des expositions collectives sont proposées à la Friche Belle de Mai à Marseille. Regroupant une douzaine de vidéos, d’installations et de dispositifs interactifs, PIB – Plaisir Intérieur Brut explore la marchandisation du désir à l’ère numérique. Les œuvres d’Anne Fehres & Luke Conroy, Ugo Arsac, Donatien Aubert, Teun Vonk, Dries Depoorter, Severi Aaltonen, Telemagic, Nina Gazaniol Vérité, Filip Custic, Marit Westerhuis, Chloé Rutzerveld & Rik Van Veldhuizen & Adriaan Van Veldhuizen et Jeanne Susplugas mettent ainsi en lumière les paradoxes de notre époque…

Donatien Daubert, L’Héritage de Bentham. Photo: D.R.

Un parcours intitulé Derniers Délices, en référence au Jardin des délices de Jérôme Bosch, propose des installations immersives conçues par Smack (Speculum) et Claudie Gagnon (Ainsi passe la gloire du monde). L’exposition collective Nouveaux environnements : approcher l’intouchable regroupe des œuvres de modélisation 3D et réalité virtuelle conçues par des artistes québécois (Baron Lanteigne, Caroline Gagné, François Quévillon, Laurent Lévesque & Olivier Henley, Olivia McGilchrist et Sabrina Ratté). À leurs paysages énigmatiques se rajoute Ito Meikyū de Boris Labbé. Une création qui revisite, à la manière d’une fresque en VR, une partie de l’histoire de l’art et de la littérature japonaise.

Dans les derniers jours et en clôture, c’est-à-dire mi-janvier, le public pourra expérimenter de nouvelles formes de récit grâce à La Tisseuse d’histoires du collectif Hypnoscope. Une œuvre hybride et participative qui fusionne spectacle vivant, musique live, réalité virtuelle et création cinématographique. Autre œuvre hybride : Mire de Jasmine Morand (Cie Prototype Status). C’est à la fois une installation kaléidoscopique et une performance chorégraphique qui transfigurent les corps nus des danseurs évoluant dans cette drôle de « machine de vision ».

Adrien M & Claire B, En Amour. Photo: D.R.

Les spectateurs pourront aussi interagir au sein de l’installation immersive d’Adrien M & Claire B (En Amour). Un live A/V de Sébastien Robert & Mark IJzerman sur la thématique des fonds marins, des cétacés qui y vivent et de l’exploitation des ressources minières qui menace cet éco-système (Another Deep) doit également ponctuer cette biennale. La fin, la vraie, celle de la vie comme de la fête, sera « palpable » pendant 15 minutes : l’installation / performance de Studio Martyr propose de s’immerger dans une fête en 3D peuplée de spectres et de vivre, en accéléré et en VR, toutes les étapes du deuil (Disco Funeral VR)…

> Chroniques, biennale des imaginaires numériques
> du 07 novembre au 19 janvier, Marseille, Aix-en-Provence, Avignon, Istres, Châteauneuf-le-Rouge
> https://chroniques-biennale.org/

une expérience interactive avec l’univers créatif de l’IA

Cette première grande exposition parisienne consacrée à Miguel Chevalier au Grand Palais Immersif à Paris est présentée jusqu’au 6 avril 2025. Captivant et hypnotique, le parcours sur distribue sur 2 étages et 1 200 m2. Cette exposition regroupe des installations immersives, génératives et interactives qui explorent des thématiques actuelles, telles que la surveillance, l’identité numérique et la relation entre l’humain et la machine.

À ces installations se mêlent aussi des vidéos inédites, des sculptures réalisées par impression 3D, ou encore des œuvres lumineuses pensées comme des totems. Les visiteurs sont ainsi en immersion dans l’univers visionnaire de l’artiste, où le réel et le virtuel se rencontrent pour explorer les nouvelles frontières de l’art numérique et de l’intelligence artificielle.

Cette exposition s’articule autour de deux thèmes principaux : la ligne et le pixel. À travers cette dualité, Miguel Chevalier explore les réseaux invisibles qui façonnent nos vies quotidiennes et structurent notre société, qu’il s’agisse de flux de communication, de données ou même de phénomènes cosmiques et métaphysiques.

Ses œuvres récentes, nourries par les progrès de l’intelligence artificielle, interrogent l’impact croissant des systèmes algorithmiques, la nature des images générées par les algorithmes, et questionnent l’influence de la technologie sur notre manière de percevoir le monde.

> exposition de Miguel Chevalier
> du 05 novembre au 06 avril, Grand Palais Immersif, Paris
> https://grandpalais-immersif.fr/

Biennale internationale des arts numériques

Némo est de retour en cet automne 2023. Comme les éditions précédentes, la Biennale Internationale des Arts Numériques essaime à Paris et dans toute l’Île-de-France jusqu’au début de l’année prochaine. Plus d’une vingtaine de lieux sont investis pour cette manifestation.

collectif Universal Everything, Maison Autonome. Photo: D.R.

L’inauguration de cette biennale tentaculaire s’est faite au CentQuatre à Paris avec l’exposition Je est un autre ? dont le titre reprend les mots de Rimbaud. Derrière cette assertion, c’est toute une thématique autour des représentations et personnalités multiples que chacun abrite désormais grâce (ou à cause) du numérique.
Copies, doubles, mutants, avatars, identités factices, technologies de l’égo, quêtes de visibilité, (dis)simulations, emprises, deepfakes, chimères, métamorphoses et univers parallèles font désormais partie de notre quotidien.
C’est tous ces « effets miroirs » qui sont mis en scène dans cette exposition au travers de vidéos immersives, d’installations interactives et autres œuvres hybrides conçues par Jean-Luc Cornec (TribuT), Marco Brambilla (Heaven’s Gate), Bill Vorn (Intensive Care Unit), Frederik Heyman (Virtual Embalming), Ian Spriggs (Cœus, Prometheus, Ichor, Tetrad), Donatien Aubert (Veille Infinie), Encor Studio (Alcove LTD)…

Pendant trois mois, d’autres expositions, spectacles, installations, rencontres et performances viendront creuser ce sujet et rythmeront le déroulé de la biennale le temps d’une journée, d’une semaine ou de plusieurs mois. Ainsi jusqu’au 5 janvier à La Capsule, le Centre culturel André Malraux du Bourget, Chen Chu-Yin et Daphné Le Sergent extrapolent autour des DAO (Decentralized Autonomus Organizations) ; en français les Organisations Autonomes Décentralisées. Soit des « communautés internet » formées autour d’un intérêt commun que les deux artistes abordent par le biais de la mémoire artificielle et de l’intelligence collective.

Au Cube de Garges, une exposition collective enterre avec un peu d’avance le monde digital, celui du geste sur nos écrans tactiles, pour nous faire entrevoir le monde de demain, celui des interfaces actionnées par la pensée. Intitulée Cerveau-Machine, cette exposition prévue jusqu’au 16 décembre réunie notamment Memo Akten, Maurice Benayoun, Justine Emard, Neil Harbisson & Pol Lombarte, Mentalista, Adrian Meyer, Julien Prévieux, Marion Roche… Un cycle de projections, deux œuvres de réalité virtuelle réalisées par Mélanie Courtinat et Lena Herzog, un live de Sugar Sugar et une performance audiovisuelle de TS/CN (Panorama) sont également prévus en écho à cette expo.

TS/CN, Panorama. Photo: D.R.

Échantillons de soi est une autre exposition collective autour des « personnalités multiples » qui nous hantent dans le réel comme dans le virtuel et de la pratique d’échantillonnage (son, image). Ou approchant. Les œuvres d’Ines Alpha, Renaud Auguste-Dormeuil, Emilie Brout & Maxime Marion, Grégory Chatonsky, Dasha Ilina, Bettie Nin et Fabien Zocco présentées à La Traverse, Centre d’art contemporain d’Alfortville, brouillent également, pour certaines du moins, la frontière entre sphère privée et monde de l’art.

Au Centre Culturel canadien à Paris, du 7 décembre 2023 au 19 avril 2024, il sera question d’Infinies Variations par le biais des créations de Nicolas Baier, Salomé Chatriot, Chun Hua, Catherine Dong, Georges Legrady, Caroline Monnet, Oli Sorenson, Nicolas Sassoon, Christa Sommerer & Laurent Mignonneau et Timothy Thomasson. C’est le troisième volet d’une trilogie conçue par les commissaires d’exposition Dominique Moulon, Alain Thibault et Catherine Bédard qui explorent, cette fois, la notion de série telle qu’elle se présente dans l’histoire de l’art depuis le XIXe.

Au Bicolore, l’espace culturel et la plateforme digitale de la Maison du Danemark à Paris, sur une thématique voisine (Multitude & Singularité) appliquée aux êtres comme aux technologies, on découvrira des œuvres de Stine Deja & Marie Munk, Jeppe Hein, Mogens Jacobsen, Jakob Kudsk Steensen, Jens Settergren et Cecilie Waagner Falkenstrøm qui reflètent la complexité du monde dans sa version numérique. Aux Gémeaux, Scène nationale de Sceaux, du 8 au 17 décembre, la compagnie Adrien M & Claire B présentera Dernière minute. Une installation doublée d’une expérience immersive qui inclue les spectateurs. Le concept : une minute est étirée sur une demi-heure. La source d’inspiration : le décès d’un père et la naissance d’un fils. Le sujet : l’intervalle, cette fameuse minute, qui précède la vie ou la mort…

Stine Deja & Marie Munk, Synthetic Seduction: Foreigner. Photo: D.R.

Début décembre également, lors de l’Open Factory #7 au CentQuatre, on pourra aussi solliciter Tally, l’apprentie artiste quantique mise au point par Matthieu Poli avec Alexis Toumi et Sven Björn Fi. Cette intelligence artificielle (impossible d’y échapper dans une telle manifestation) utilise les possibilités uniques de l’ordinateur quantique pour composer des œuvres abstraites qu’elle dessine ensuite à l’aide de bras robots. Elle apprend continuellement en intégrant les réactions du public, définissant ainsi une sensibilité artistique propre. Contrairement aux intelligences artificielles génératives classiques qui se contentent de reproduire l’existant, Tally cherche à comprendre en profondeur la structure des œuvres d’art. À voir…

Durant ce trimestre riche en propositions artistiques, on retiendra aussi Lumen Texte, la performance « pour un vidéo projecteur et un plateau vide » du Collectif Impatience au MAIF Social Club à Paris. Chutes, l' »opéra électronique » source d’expérience synesthésique de Franck Vigroux / Cie Autres Cordes à la MAC de Créteil. La nouvelle version d’A-Ronne, le « théâtre d’oreille » conçu par Luciano Berio & Sébastien Roux, proposée par Joris Lacoste au même endroit. Cette pièce sonore explorera les ambiguïtés entre voix et électronique, voix amplifiées ou réverbérées dans l’espace, voix jouées dans le casque ou entendues « à travers » le casque.

On testera Earthscape ou la déambulation philosophique initiée par la Cie Zone Critique, sur un modèle rappelant les dérives situationnistes (en plus sérieux…), qui investira la Scène de Recherche de l’École Nationale Supérieure Paris-Saclay à Gif-sur-Yvette. Sur l’esplanade de La Défense, on retrouvera une autre installation d’Encor Studio, Hemispheric Frontier — un cercle clignotant de néons assez hypnotiques se reflétant sur une surface aqueuse — et la Lune Dichroïque de Jérémie Bellot. Une sorte de grosse boule à facette translucide et colorée. Nourri par la géométrie polyédrique et les arts mathématiques, nous dit-on, ce plasticien et architecte de formation, interroge le rôle de la lumière dans l’espace vécu et dans l’espace perçu à travers des dispositifs audiovisuels immersifs.

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Némo
Biennale internationale des arts numériques
> jusqu’au 7 janvier 2024
> https://www.biennalenemo.fr/

Festival Immersif

Premier festival dédié à la création artistique en réalité augmentée et aux innovations culturelles immersives, Palais Augmenté, revient pour une troisième édition avec pour thème commun l’avatar, les corps virtuels et leur rapport aux corps physiques, politiques et sociaux.

Ce festival, initiative de Fisheye et de la Rmn – Grand-Palais, a pour ambition de dresser un véritable état des lieux des innovations technologiques liées à la culture.

Au programme cette année, un parcours d’œuvres inédites en réalité augmentée créées par des artistes internationaux (Tobias Gremmler, Lu Yang, Liu Bolin, Salomé Chatriot) et accessibles depuis vos smartphones, une exposition immersive (Ines Alpha, Romain Gauthier, Sam Madhu, Kami), des expériences interactives numériques dans des espaces appelés “labs” et une agora publique, abordant des thématiques liées à la création numérique contemporaine.

> du 23 au 25 juin, Grand Palais Éphémère, 2 place Joffre, Paris
> Smartphone + application dédiée + casque nécessaire.
> Réservation obligatoire.
> https://www.grandpalais.fr/fr/evenement/palais-augmente-3

La 38e édition de Vidéoformes, le festival international d’arts hybrides et numériques de Clermont-Ferrand, aura lieu du 16 mars au 02 avril et affiche un programme très riche.

Dédié à des créations hybrides, c’est-à-dire mêlant art et science, cet événement invite à parcourir les multiples détournements de jeux vidéo, à aborder les questions environnementales, la perception et la représentation du corps, du paysage, la couleur et des esthétiques culturelles différentes au travers d’expositions, performances, projections et rencontres.

Le festival proposera notamment une sélection de films et d’expériences en réalité virtuelle. Dont I-Real, un projet de réalité mixte qui mélange jeu de plateau et VR conçu par Marc Veyrat en collaboration avec des laboratoires universitaires. Et Inside A Circle Of Dreams, une vidéo 360° des Residents qui utilise des images stéréoscopiques tournées lors du festival Litquake en 2018 à San Francisco.

Des prix seront décernés par des jurys (professionnel, étudiant, SCAM) pour distinguer des vidéos internationales et expérimentales. Des journées de rencontres professionnelles — Actes numériques #4 — confronteront les points de vues des artistes, commissaires, producteurs, diffuseurs, formateurs, enseignants, étudiants…

Soit trois tables rondes qui ponctuent des présentations d’œuvres et d’artistes autour de thématiques choisies : Entre peau et pixels, le corps s’hybride (avec l’artiste Úrsula San Cristóbal et Davide Mastrangelo, directeur artistique du festival IBRIDA), Méta-vidéo, métaverse : l’arrière-boutique du monde… (avec le collectif d’artistes Total Refusal et Hokyung Moon, commissaire d’exposition du Seoul International NewMedia Festival), L’œuvre en soi-même : l’art au cœur d’un monde sans lumière ? (avec l’artiste Agnès Guillaume et Abir Boukhari, directrice artistique du projet AllArtNow).

En parallèle aura lieu Vaudou guéris (sage), une rencontre sous l’égide de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédia) réunissant Clémentine Raineau, anthropologue, et Henri Tauliaut, artiste techno-performer et enseignant-chercheur.

Des performances AV viendront rythmer le week-end d’ouverture, le 17 et 18 mars, avec DATUM CUT (alias Maxime Corbeil-Perron) qui viendra présenter en première mondiale inex.materia. Une célébration onirique de l’impermanence et de l’obsolescence nourrie par les coupes anarchitecturales, l’archéologie des médias, le cinéma expérimental et l’art vidéo.

Avec Untitled, Rafaël livrera une performance live-cinéma, qui manipule du son et de l’image en direct, basée sur le récent triptyque audiovisuel éponyme. Dans un autre registre, le live-mix vidéo de DZRDR devrait être plus percutant…

Une exposition, éclatée dans près d’une dizaine de lieux (9 pour être précis), nous permettra d’apprécier les installations audio-visuelles d’Anne-Sarah Le Meur (DixVerts), Ursula San Cristobal (Tejer un cuerpo), Total Refusal (Hardly Working), Shunsuke François Nanjo (The Infinite Landscape), Henri Tauliaut (Water Divinity Game), Gary Hill (Afterwards), Mariana Carranza (Ephemeral Angels), Agnès Guillaume (You said Love is Eternity)…

Une exposition collection, Vidéo Art Academy, proposera une sélection de vidéos issues des travaux d’établissements d’enseignement supérieur qui relèvent du champ de l’art vidéo et des arts numériques. Des ateliers d’initiation à la réalité augmentée seront ouverts au public.

Les visiteurs seront également mis à contribution pour l’installation interactive de Mariana Carranza, Forest Stillness. Ce dispositif offre la possibilité de faire pousser des arbres de manière contemplative, d’observer leur croissance avec une économie de gestes… Cette contribution sera validée par des NFT.

Vidéoformes 2023
> du 16 mars au 02 avril, Clermont-Ferrand
> https://festival2023.videoformes.com/

Design Des Signes : de l’œuvre à l’usage

Expositions, performances, VR, conférences, lives, projections : la 22ème édition du Festival accès)s( est axé autour du design et à sa capacité à faire signe dans l’Art.

L’invité d’honneur n’est autre que Samuel Bianchini présent avec 8 pièces, anciennes et récentes. Il interroge les rapports entre nos dispositifs technologiques, nos modes de représentation, nos nouvelles formes d’expériences esthétiques et nos organisations sociopolitiques en collaboration avec de nombreux scientifiques et laboratoires internationaux de recherche en sciences de la nature et en ingénierie.

Il y a aussi les fantômes d’artistes pionniers aujourd’hui disparus : Robert Breer (Floats, des sculptures flottantes créées au milieu des années 60 et exposées à l’exposition universelle d’Osaka en 1970) et Nicolas Schöffer (Lumino, une sculpture lumineuse élaborée en 1968 et qui a été commercialisée internationalement).

Parmi les œuvres étonnantes, signalons Haruspices, l’installation pneumatique et évolutive de Jonathan Pêpe. Composé d’une cage thoracique rigide à laquelle s’adjoint quatre organes en silicone, l’engin pulse un rythme d’humeurs déterminées par des flux en temps réel d’informations provenant des réseaux sociaux puis interprétés en quatre « émotions » par l’intelligence artificielle IBM Watson.

Mentionnons aussi Bug Antenna de Raphaëlle Kerbrat qui rend perceptible les ondes électromagnétiques, invisibles à l’œil nu, et inaudibles pour l’être humain, mais omniprésentes dans nos quotidiens. La sculpture-objet en réalité augmentée de Grégory Chatonsky et du designer Goliath Dyèvre, Internes (l’augmentation des choses), est pensée comme le premier mètre carré d’un devenir de l’ensemble la surface terrestre, celle d’un monde gris et post-apocalyptique que la VR colore et rend vivant.

Présentée pour la première fois en France, Value Of Values, de Maurice Benayoun, Tobias Klein, Nicolas Mendoza et Jean Baptistes Barrère, est une chaîne de création qui, de la Brain Factory à la Blockchain, en passant par la poésie transactionnelle, la co-création et les Twodiees, propose à son visiteur de donner lui-même forme à sa pensée à partir de 42 valeurs humaines. (…) En coiffant un casque EEG, chaque visiteur contribue à l’évolution d’une forme produite par ses ondes cérébrales et devient ainsi un Brain Worker au sein d’une Factory — une usine de formes artistiques virtuelles.

On s’attardera également sur trois œuvres VR. Celle de Faye Formisano, They dream in my bones – Insemnopedy II. Une installation- fiction racontant l’histoire de Roderick Norman, chercheur en onirogénétique ; science permettant d’extraire les rêves d’un squelette inconnu… L’installation monumentale de John Sanborn, The Friend VR, qui nous immerge dans une église reconstituée où des personnages célèbrent leur liberté et la création d’une nouvelle utopie. Le projet immersif de Vincent Ciciliato & Christophe Havel, II Canto dei suicidi, inspiré du Canto XIII de la Divine Comédie de Dante.

Une exposition virtuelle et protéiforme, conçue par le collectif PrePostPrint, laboratoire et groupe de recherche autour des systèmes de publication libres alternatifs, sera « accessible » sur > https://xx2.acces-s.org/ Sans oublier une nuit electro avec Nkisi, Sarahsson, Danse Musique Rhône Alpes, V9 pour finir en beauté.

> du 8 octobre au 25 décembre, Pau
> https://www.acces-s.org/

37ème Festival International d’Arts Numériques

Observatoire, producteur et diffuseur d’arts hybrides et
numériques, le festival VidéoFormes propose une sélection d’œuvres qui témoignent d’un équilibre sensible entre langage artistique audio-visuel poétique et bases d’inspirations scientifiques, en reflet des événements récents liés à la pandémie qui ont interpellé à la fois public et experts.

Notre rapport à la recherche scientifique et aux développements sociétaux sont désormais fortement impactés par une attente, un questionnement fort des citoyens de notre monde devenu village global. Les œuvres choisies sont en résonance avec ces attentes et questionnements. Elles sont aussi des ouvertures sur des possibles, des utopies basées sur la science et la technologie dans une quête d’un monde meilleur, sensible, si possible plus humain.

Une présentation d’œuvres en réalité virtuelle ainsi que des expositions d’installations numériques se tiendront dans les différents lieux de la manifestation. Les performances audiovisuelles de Franck Vigroux et Kurt d’Haeseleer le vendredi 18 mars et de Iury Lech le samedi 19 mars clôtureront les soirées du festival à la Maison de la culture – Salle Boris Vian. Les expositions se prolongent jusqu’au 3 avril.

> du 17 mars au 03 avril, Clermont-Ferrand
> https://festival2022.videoformes.com/

La Chose Mentale : des NFT à l’œuvre…

La 21e édition du festival Accès)s( est placé sous le signe des NFT (Non Fungible Token). Dans le sillage des monnaies dématérialisées comme le Bitcoin ou l’Ethereum, la technologie du blockchain s’est appliquée aux œuvres d’art numérique. Ce code algorithmique assurant l’identité, l’authenticité et la propriété de l’œuvre, celle-ci peut continuer d’être dupliquée sans que le fichier d’origine ne perde de sa valeur. La certification de l’algorithme la rend non-interchangeable. Par définition, cela devient un bien non-fongible (NFT). Cela ouvre désormais la voie à une spéculation comparable à celle de l’art contemporain…

On se souvient avec effarement des ventes astronomiques qui ont agité le microcosme de l’art numérique ces derniers mois. La palme revenant à Beeple qui a refourgué à l’insu de son plein gré, Everydays – The First 5 000 Days, un fichier de net-art à l’esthétisme déjà bien daté, pour 69,3 millions de dollars lors d’une vente chez Christie’s ! Pas en reste, Fred Forest a saisi l’occasion pour faire un « reboot » de son œuvre Parcelle Réseau, rebaptisée pour l’occasion NFT-Archeology. Objet virtuel accessible sous forme d’un code, visible sur écran et mit en vente symboliquement pour un dollar de plus que celui de Beeple, NFT-Archeology est présenté dans le cadre du festival Accès)s(.

Florent Colautti, Les Corps Mécaniques. Photo: D.R.

De même que la Poésie transactionnelle de Maurice Benayoun, déclinaison de Value Of Values, qui joue sur la valeur de l’œuvre indexée sur les ondes cérébrales du spectateur ou « brain worker ». Coiffé d’un casque EEG, le brain worker contribue ainsi à l’évolution d’une forme (…), à travers un champs de données de satisfaction émises par son cerveau. Il en résulte un modèle tri-dimentionel (…), un archipel de formes travaillées et validées collectivement comme une “collection” et une monnaie, échangeable, négociable, collectionnable et imprimable. Chacun devient alors propriétaire de la forme à laquelle il vient de donner vie.

D’autres créations faisant appel à la réalité virtuelle et au cerveau sont aussi proposées. Avec J’ai fait ma maison dans ta boite crânienne, Jeanne Susplugas mêle expérience en VR et approche singulière et intime du fonctionnement de l’esprit humain. Invoquant l’incontournable Philip K. Dick, Stéphane Trois Carrés propose un monde brouillé, en décallé (Décalage) qui emprunte aux jeux vidéo et fait appel à l’homéomorphisme. Toujours dans le monde virtuel, on pourra (re)découvrir une des premières œuvres en VR de Mat Mullican, Five Into One 2 (1989). Une vidéo réalisée en 1992 par Jean-Louis Boissier accompagne ce voyage dans le temps.

À cela s’ajoute, plus récent, un film VR réalisé par Marie-Laure Cazin, Freud, la dernière hypnose Champ / Contre Champ. Un film qui « résonne » en un sens avec l’installation/performance de Virgile Novarina, Rêve quantique, mettant en scène un dormeur muni de capteurs qui semble interagir avec un mystérieux objet, une cuve transparente circulaire contenant un océan miniature, inerte en apparence — de l’eau dormante —, mais dont les mouvements intérieurs sont révélés au sol par un jeu d’ombre et de lumière.

Parmi les œuvres exposées, on note aussi la sculpture robotique de Samuel Bianchini & Didier Bouchon, Hors Cadre. Un hommage à Marcel Duchamp par Mathieu Mercier (Boîte-en-valise). Des œuvres mixtes : photographie et réalité augmentée pour Stéphanie Solinas (L’inexpliqué). Des vanités 2.0 : crâne de sel et dispositif audio pour le duo Scénocosme (Cogito Ergo Sum). Des dessins, photographies et vidéos inspirés de la télépathie : La machine à enregistrer la télépathie homme–animal de Marion Laval-Jeantet & Benoit Mangin, Pof XX / Protocole de Télépathie de Fabrice Hyber. Des « créations web-natives » sur un site dédié, pour une exposition virtuelle, par cinq artistes héritiers du net-art (Haydi Rocket, Marina Vaganova, Marie Molins, Marianne Vieulès, Ben Elliot).

Scénocosme, Cogito Ergo Sum. Photo: D.R.

Toutes ces œuvres nées de « l’esprit de la machine » sont-elles le dernier avatar des « choses mentales », selon l’expression de Leonard de Vinci pour qualifier la peinture il y a 500 ans ? La réponse reste en suspend… Outre des rencontres et conférences autour de ces thématiques, le volet musical du festival Accès)s( nous réserve quelques surprises. Notamment Les Corps Mécaniques de Florent Colautti qui mettent en jeu tout un appareillage (moteurs rotatifs, percuteurs, vibreurs, archets magnétiques). Pilotés via l’informatique, ces corps électro-mécaniques déploient une narration musicale et poétique expressive et sensitive, qui se nuance de matières sonores éclectiques.

Tiny Tramp, Couloir Gang, Undae Tropic, Merry Crisis et Jaquarius se relaieront lors d’une nuit electro le samedi 9 octobre. Mais, le même soir, c’est surtout Esplendor Geometrico qui retiendra toute notre attention. Actif depuis le tout début des années 80, figure majeur de l’industriel aux structures et rythmes métalliques dont il sait aussi se détacher pour retrouver des accents plus primitifs et corporels, le duo espagnol (Arturo Lanz et Saverio Evangelista) est incontestablement la tête d’affiche de cette soirée. Enfin, les amateurs de musiques extrêmes et d’expériences limites devraient être comblés avec la projection du film de Jérôme Florenville, logiquement intitulé À qui veut bien entendre (feat. Joachim Montessuis, Mariachi, Evil Moisture, Nikola H. Mounoud, VOMIR, Arnaud Rivière et plus puisqu’affinités…).

> Festival Accès)s( 21, du 4 octobre au 27 novembre, Pau
> https://acces-s.org/

Le festival qui explore l’immersion

Nouveau festival né de la collaboration avec Fisheye, Les Ailleurs est un territoire d’expérimentation et de prise de parole sur nos modes de vie à travers le prisme des technologies immersives. La programmation, réalisée en partenariat avec Fabbula, propose pendant 3 mois à la Gaîté Lyrique, dans un nouvel espace dédié aux écritures immersives, audio et visuelles, une sélection de 10 œuvres en réalité virtuelle, son spatialisé et écrans interactifs à travers 3 parcours thématiques. 

Le premier parcours, Voyages sauvages, est une invitation aux périples symbiotiques dans les mondes non humains. Le public part à la rencontre des méduses synesthésiques de Mélodie Mousset et Edo Fouilloux (The Jellyfish), qui leur apprendront les champs vibratoires des profondeurs avant de se lier avec les attachantes créatures d’Éric Chahi lors d’une balade contemplative dans un monde terraformé (Paper Beast), puis s’initier au langage de la Polyrythmie des cachalots, et de découvrir le monde tout en décélération et fleurs hybrides de l’artiste Lauren Moffatt (Of Hybrids & Strings).

Le deuxième parcours, Transports intimes, emmène le public dans les multiples territoires de soi-même. On y plongera dans un immense réseau reliant les recoins les plus intimes de nos lieux d’habitations (The Smallest of Worlds), on fera l’expérience de solastalgie dans la projection interactive de Pierre Zandrowicz et Ferdinand Dervieux (What is left of reality), avant de revivre l’odyssée familiale de Randall Okita, dans une des expériences de réalité virtuelle les plus réussies de ces dernières années (The Book of Distance).

Enfin, dans le parcours Dimensions parallèles, on ira carrément se perdre dans le virtuel pour mieux se retrouver au retour. Avec les artistes Laurie Anderson et Hsin-Chien Huang, on voyagera sur la Lune pour y prendre de la hauteur sur notre vision du monde (To The Moon), on y tentera une expérience psychédélique libératrice (Soundself) avant de se laisser sidérer par la performance de transfiguration du performeur Olivier de Sagazan, filmé par Qiu Yang (O). [communiqué de presse]

> jusqu’au 11 juillet à la Gaîté Lyrique (condition d’accès réduite, sur réservation)
> toute la sélection du festival est aussi accessible en ligne sur la plateforme Viveport pour les personnes équipées de casque VR
> https://gaite-lyrique.net/festival/les-ailleurs

Comment faire comprendre à un maximum de personne des problématiques aussi complexes que le réchauffement climatique ou la constitution des exoplanètes ? L’usage des innovations technologiques, en particulier celles qui concernent la réalité virtuelle, est l’une des pistes envisagées. Panorama sur ces cas singuliers de médiation scientifique.

Zoom : balade entre les 2 infinis, exposition au Relais d’sciences, Caen (2012-2013). Photo: D.R. / Relais d’sciences

Il faut reconnaitre que si les technologies de la réalité virtuelle (VR), l’Oculus Rift en tête de gondole, n’ont pas encore révolutionné nos quotidiens, les progrès faits dans le domaine du BtoB sont assez époustouflants. La réalité virtuelle se déploie de façon exponentielle dans la médecine, lors de thérapies médicales, et dans certains secteurs industriels comme l’aéronautique dans lequel 3DExperience (Dassault Systèmes) et l’Institut Clarté se revendiquent les leaders. Cette mutation virtuelle concerne également les niches industrielles. Lors de l’édition Laval Virtual 2016, premier salon européen dédié à la VR, la société MiddleVR présentait une application de formation des techniciens du gaz. Ceux de Thalès ou Véolia bénéficiaient quant à eux d’une solution de télé assistance par lunette connectée. En analysant la réussite des exemples cités, il existe un point commun. Il semblerait que les technologies VR s’accordent plutôt bien avec l’idée de transmission des savoirs.

Exploranova 360. Capture d’écran. http://explornova360.com Photo: D.R. / CEA – Capacités SAS – Université de Nantes

Les scientifiques s’approprient les outils VR

La preuve : depuis quelques années les centres de recherches, laboratoires et institutions ont également pris le pas sur cette mouvance. Aujourd’hui, alors qu’il ne suffit que d’un clic pour accéder à l’information, la vulgarisation et la transmission sont devenues des enjeux majeurs pour les scientifiques. Désormais, le numérique est plus qu’un outil, il est devenu un usage dans lequel le débat scientifique peut avoir sa place. Certaines structures comme Relais d’sciences à Caen, dont la mission est de diffuser la culture scientifique, en ont d’ailleurs fait une spécialité. François Millet, chargé de programmation Living Lab, explique la naissance, en 2010, du premier projet VR de Relais d’sciences : nous avons mis le pied à l’étrier avec l’Odyssée verte. C’est une installation qui consistait à modéliser une jungle virtuelle guyanaise et quelques installations scientifiques du camp des Nouages du CNRS. Au cours de sa visite, le public avait accès à des contenus fournis par des chercheurs.

À l’époque le projet interactif, et peu immersif, est retranscrit à travers une table tactile et projeté sur un grand écran. Assez loin, donc, de ce que l’on peut imaginer en terme de déploiement hi-tech. C’est plus tard que les technologies convergentes et les dispositifs périphériques à la VR sont apparus (objets connectés, interfaces gestuelles, lunette 3D, effet de parallaxe, film 360°, etc.). La jungle virtuelle trouve aujourd’hui une seconde vie avec une version dotée d’un casque immersif. Désormais, on remarque que les scientifiques, toutes disciplines confondues, s’approprient l’outil virtuel. L’exposition Climat VR – Du virtuel au réel, présentée en décembre dernier à la Casemate à Grenoble, invitait le visiteur à s’équiper d’un casque Oculus Rift pour comprendre les préconisations proposées par le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat). Un sujet somme toute d’une extrême complexité et qui permettait pourtant d’aborder des problématiques de façon ludique et attrayante. Car, avant toute chose, il convient de se demander l’intérêt de ces nouveaux dispositifs virtuels de médiation scientifique.

Zoom : balade entre les 2 infinis, exposition au Relais d’sciences, Caen (2012-2013). Photo: D.R. / Relais d’sciences

Rendre tangible l’intangible

Traditionnellement, le virtuel a toujours été un outil indispensable pour les archéologues et historiens. Ces visualisations en image de synthèse permettaient de faire découvrir des sites remarquables et de médiatiser un patrimoine invisible pour le grand public. La collection multimédia des Grands Sites Archéologiques, éditée par le Ministère de la Culture, propose pas moins de neuf expositions virtuelles sur Internet, dont les grottes de Lascaux ou celles de Chauvet. Le Centre Interdisciplinaire de Réalité Virtuelle de Caen (CIREVE) s’est même spécialisé dans la restitution d’environnement disparu. Aussi le projet Plan de Rome visait à rendre compte des différentes étapes chronologiques de la ville antique et appréhender les phases de construction ou l’évolution du tissu urbain… Même son de cloche pour le prestigieux Muséum d’Histoire Naturelle de Londres qui programmait en juin 2015 Sir David Attenborough’s First Life, une exploration sous-marine de quelques minutes. Sir Michael Dixon, directeur du Musée, déclarait : nous sommes toujours à la recherche de nouvelles façons de contester la façon dont les gens pensent le monde naturel — son passé, présent et futur. Nous savons que la réalité virtuelle peut nous transporter dans des endroits impossibles.

En se libérant des contraintes temporelles et spatiales, ces exemples de réalité virtuelle ont définitivement ouvert la porte à des projets plus ambitieux en matière de sensibilité et de savoirs transmis. Une autre exposition de Relais d’sciences, baptisée Zoom, devait ainsi permettre aux visiteurs d’accéder à l’infiniment petit comme à l’infiniment grand au travers de modèles virtuels allant de la super nova à la particule élémentaire. Différents modes de navigation et d’interaction étaient alors proposés : la manipulation d’objets en réalité augmentée, une Wii Board pour la navigation, la captation de mouvement via Kinect, etc. Plusieurs équipes de recherche ont contribué au projet, dont celles du GANIL à Caen et du CEA Saclay. Le célèbre centre d’étude atomique est d’ailleurs à l’origine d’ExplorNova, l’un des projets les plus intéressants qui existent aujourd’hui. Au-delà d’un dispositif de médiation scientifique, il s’agit là d’un axe de recherche précis : puiser dans les sciences spatiales qui permettent de comprendre l’univers et créer de nouveaux modes d’enseignement des connaissances. L’originalité du projet tient dans le mélange entre réflexion et imagination.

Zoom : balade entre les 2 infinis, exposition au Relais d’sciences, Caen (2012-2013). Photo: D.R. / Relais d’sciences

Vincent Minier, astrophysicien et coordinateur du projet, précise que si l’on souhaite donner des éléments de compréhension aux citoyens, les scientifiques doivent créer des outils de médiations qui touchent leurs sensibilités. Par exemple, lorsqu’on parle d’une exoplanète, on peut expliquer si l’onde caractéristique est proche de celle de la Terre, mais on peut aussi évoquer les textures, les couleurs, voire les odeurs présentes. Il en résulte un panel d’installations. Mars Expérience 3D propose aux visiteurs, installés face à un écran et munis de lunettes 3D, de partir en expédition sur la planète rouge aux commandes du rover Curiosity. ExplorNova 360° permet quant à elle une exploration spatiale avec plusieurs interfaces gestuelles possibles. À chacune de ces destinations est associée une vidéo didactique ainsi qu’une photothèque présentant davantage les aspects scientifiques des différentes thématiques.

Une efficacité contrastée

Pour autant ces nouvelles formes de médiation scientifique sont-elles efficaces ? À priori oui, si l’on se réfère au sondage réalisé en août 2015 par Cap Sciences (Bordeaux), auprès des participants du simulateur de navette spatiale. Sur 238, ils étaient 98% à déclarer avoir pris du plaisir, et 90% s’en souviendront pendant longtemps… La réponse est pourtant plus nuancée. D’abord au regard des contraintes techniques de la VR. Comment relater une expérience scientifique à un grand nombre de personnes (objectif de démocratisation), avec des dispositifs coûteux et donc peu déclinables massivement. Bien souvent ce sont des expériences 2D donnant l’impression d’une 3D qui sont déployées. Les scientifiques préfèrent donc parier sur la complémentarité des supports et la VR n’est parfois qu’un produit d’appel vers d’autres dispositifs moins superficiels. Les dispositifs de médiations VR s’imposent de plus en plus comme une évidence si l’on souhaite toucher une population jeune. Pour autant le numérique ne balaye pas non plus tous les modèles existants, précise Vincent Minier.

Adrien Cornelissen
publié dans MCD #82, “Réalités virtuelles”, juillet / septembre 2016