Archive d’étiquettes pour : performance

40e Festival International d’Arts Hybrides et Numériques

Le festival VidéoFormes a pour ambition de croiser les créations les plus singulières de l’art vidéo, des arts numériques et de leurs hybridations avec les champs de l’art contemporain plus établis comme le spectacle vivant, les arts plastiques. Cette année 2025 marque la 40e édition de cette manifestation qui se déroule du 13 au 30 mars.

L’exposition phare regroupe des installations audiovisuelles, créations immersives, arts hybrides et numériques en réalités mixtes (réalité augmentée, virtuelle…) conçues par Mathilde Reynaud, Vincent Cicilliato, Laure Nilus, Cuneaz Giuliana, Agnès Guillaume, Scott Hessels, Ismaël Joffroy Chandoutis, Aurélien Jeanney, Véronique Rizzo, John Sanborn, Scenocosme, Santiago Torres, Grecu Mihai, Nicolas Tourte, François Vogel

L’ensemble de ces œuvres sont présentées dans des lieux différents. Des projections, performances et rencontres complètent la programmation du festival. Une compétition vidéo internationale est également à l’affiche. Structurée autour de 7 programmes d’environ 50 minutes et couronnée par des prix remis par un jury, cette compétition donne à voir la variété et la richesse de la création vidéo contemporaine.

> VidéoFormes, 40e festival international d’arts hybrides et numeriques
> du 13 au 30 mars, Clermont-Ferrand
> https://festival2025.videoformes.com/

Biennale des imaginaires numériques

Expositions, installations, performances, ateliers et tables rondes… Chroniques, la Biennale des imaginaires numériques a pris son envol début novembre dans le Grand Sud, entre Marseille, Aix-en-Provence, Avignon, Istres et Châteauneuf-le-Rouge, et poursuit sa course jusqu’au 19 janvier 2025.

Line Katcho & France Jobin, De-Construct. Photo: D.R.

Cet événement a débuté à Marseille par de nombreuses performances audiovisuelles — dont celles de Line Katcho & France Jobin (De-Construct), Martin Messier (1 Drop 100 Years) — ainsi que des installations sonores et cinétiques (Primum Mobile de Simon Laroche), une expérience participative décalée et immersive d’Adelin Schweitzer (Le test Sutherland) et une autre expérience qui visait à soumettre, de manière passive et en aveugle, une personne à des ondes sonores générant en retour des mouvements et sensations divers (Transvision de Gaëtan Parseihian & Lucien Gaudion)…

Comme lors de la précédente édition, des installations sonores, lumineuses, interactives ou participatives ont marqué également le lancement de la biennale à Aix-en-Provence, dans l’espace public : Lux domus de Josep Poblet, Écrin de 1024 Architecture, Faces d’Iregular… Certaines de ces œuvres in situ seront visibles plusieurs semaines, comme Épique : l’intriguant triptyque vidéo de Maximilian Oprishka

Maximilian Oprishka, Épique… Photo: D.R.

Au long cours, durant toute la biennale, des expositions collectives sont proposées à la Friche Belle de Mai à Marseille. Regroupant une douzaine de vidéos, d’installations et de dispositifs interactifs, PIB – Plaisir Intérieur Brut explore la marchandisation du désir à l’ère numérique. Les œuvres d’Anne Fehres & Luke Conroy, Ugo Arsac, Donatien Aubert, Teun Vonk, Dries Depoorter, Severi Aaltonen, Telemagic, Nina Gazaniol Vérité, Filip Custic, Marit Westerhuis, Chloé Rutzerveld & Rik Van Veldhuizen & Adriaan Van Veldhuizen et Jeanne Susplugas mettent ainsi en lumière les paradoxes de notre époque…

Donatien Daubert, L’Héritage de Bentham. Photo: D.R.

Un parcours intitulé Derniers Délices, en référence au Jardin des délices de Jérôme Bosch, propose des installations immersives conçues par Smack (Speculum) et Claudie Gagnon (Ainsi passe la gloire du monde). L’exposition collective Nouveaux environnements : approcher l’intouchable regroupe des œuvres de modélisation 3D et réalité virtuelle conçues par des artistes québécois (Baron Lanteigne, Caroline Gagné, François Quévillon, Laurent Lévesque & Olivier Henley, Olivia McGilchrist et Sabrina Ratté). À leurs paysages énigmatiques se rajoute Ito Meikyū de Boris Labbé. Une création qui revisite, à la manière d’une fresque en VR, une partie de l’histoire de l’art et de la littérature japonaise.

Dans les derniers jours et en clôture, c’est-à-dire mi-janvier, le public pourra expérimenter de nouvelles formes de récit grâce à La Tisseuse d’histoires du collectif Hypnoscope. Une œuvre hybride et participative qui fusionne spectacle vivant, musique live, réalité virtuelle et création cinématographique. Autre œuvre hybride : Mire de Jasmine Morand (Cie Prototype Status). C’est à la fois une installation kaléidoscopique et une performance chorégraphique qui transfigurent les corps nus des danseurs évoluant dans cette drôle de « machine de vision ».

Adrien M & Claire B, En Amour. Photo: D.R.

Les spectateurs pourront aussi interagir au sein de l’installation immersive d’Adrien M & Claire B (En Amour). Un live A/V de Sébastien Robert & Mark IJzerman sur la thématique des fonds marins, des cétacés qui y vivent et de l’exploitation des ressources minières qui menace cet éco-système (Another Deep) doit également ponctuer cette biennale. La fin, la vraie, celle de la vie comme de la fête, sera « palpable » pendant 15 minutes : l’installation / performance de Studio Martyr propose de s’immerger dans une fête en 3D peuplée de spectres et de vivre, en accéléré et en VR, toutes les étapes du deuil (Disco Funeral VR)…

> Chroniques, biennale des imaginaires numériques
> du 07 novembre au 19 janvier, Marseille, Aix-en-Provence, Avignon, Istres, Châteauneuf-le-Rouge
> https://chroniques-biennale.org/

exposition-performance

Conçue comme une série de plongées immersives et spectaculaires dans le monde onirique des machines, l’exposition-performance Artificial Dreams dresse un panorama de la création artistique assistée par l’IA et les algorithmes, à ce moment décisif qui représente à la fois l’émergence symbolique de l’IA, mais aussi son expansion accélérée. Cette plongée grand format dans le monde poétique des algorithmes génératifs et de la création numérique assistée par l’IA est organisée sous le commissariat de Charles Carcopino.

Parmi les 12 artistes qui propose des œuvres dans le cadre de cet événement, figure notamment Markos Kay dont pratique de l’art et du design s’étend des médias sur écran à l’impression… Son travail peut être décrit comme une exploration continue de l’abstraction numérique à travers l’expérimentation de méthodes génératives. Ses expériences explorent souvent la complexité des mondes invisibles et mystérieux de la biologie moléculaire et de la physique des particules. Un thème majeur de son travail est le paradigme informatique des sciences naturelles, tel qu’il apparaît dans la relation entre l’observation scientifique, la simulation et la visualisation. En 2014, Kay a lancé un laboratoire d’art expérimental dans le but d’explorer les intersections du numérique et de la physique en combinant des simulations informatiques et des techniques procédurales avec la peinture, les textiles, la céramique et la sculpture.

Utilisant une combinaison de technologie numérique et d’aquarelles, le travail d’Andy Thomas est une représentation symbolique de la collision de la nature avec la technologie, fusionnant des images de flore et de faune dans des formes abstraites évoluées. Des compositions complexes de plantes et d’animaux témoignent clairement de l’impact de la technologie sur la planète Terre et de la manière dont les progrès de la société affectent les systèmes naturels de vie. Ces dernières années, Thomas a commencé à expérimenter des logiciels audio-numériques, ouvrant ainsi une nouvelle branche de sa pratique. Cette nouvelle série d’installations vidéo animées représente visuellement les voix de la nature et crée un environnement étrange de son et de lumière.

Les œuvres de Ryoichi Kurokawa prennent de multiples formes telles que des installations, des enregistrements et des pièces de concert. Il compose à partir d’enregistrements de terrain et de structures générées numériquement, puis en reconstruit architecturalement le phénomène audiovisuel. En 2010, il a reçu le Golden Nica du Prix Ars Electronica dans la catégorie Musiques Numériques & Art Sonore.

Enseignant à l’Université Keio SFC, Daito Manabe a fondé à Tokyo Rhizomatiks en 2006, une organisation spécialisée en art digital. Ses œuvres se basent sur une observation des matériaux et des phénomènes quotidiens pour découvrir et élucider les potentialités essentielles inhérentes au corps humain, aux données, à la programmation, aux ordinateurs et à d’autres phénomènes, sondant ainsi les interrelations et les frontières délimitant l’analogique et le numérique, le réel et le virtuel.

Le tandem artistique MSHR (Brenna Murphy & Birch Cooper), est à l’origine de performances et d’installations audiovisuelles qui impliquent des systèmes électroniques génératifs et interactifs intégrés dans des réseaux sculpturaux immersifs et l’utilisation de circuits analogiques et des logiciels open source pour sculpter des hyper-objets en résonance mutuelle.

Collectif d’artistes multidisciplinaires, Visual System explore les relations entre espace et temps, nature et science, rêveries et réalité en combinant architecture et lumière. Dans ses dispositifs, Justine Emard associe photographie, vidéo et réalité virtuelle, et expériences de deep-learning. Son travail est au croisement entre les neurosciences, les objets, la vie organique et l’intelligence artificielle.

Artiste canadienne basée à Montréal, Sabrina Ratté crée des écosystèmes qui évoluent au sein d’installations interactives, de séries de vidéos, d’impressions numériques, de sculptures ou de réalité virtuelle. Influencées par la science-fiction, la philosophie et divers textes théoriques, ses œuvres explorent la convergence technologie et de la biologie, l’interaction entre la matérialité et la virtualité, ainsi que l’évolution spéculative de notre environnement.

Artificial Dreams, exposition-performance
> du 16 mai au 08 juin, Grand Palais Immersif, Paris
> les jeudis, vendredis et samedis de 19h30 à 23h00
> https://grandpalais-immersif.fr/

science-fiction et nouveaux imaginaires

Dans le contexte de bouleversements auxquels le monde est confronté depuis un demi-siècle, la science-fiction est l’outil de prédilection pour questionner les sociétés actuelles et lire les failles de notre futur immédiat.

Dans les années 2000, les artistes du monde arabe et de ses diasporas s’emparent de la fiction spéculative pour rêver les mondes de demain et dresser un constat sans détours sur l’évolution des sociétés. Par l’anticipation, ils questionnent le présent et le transgressent.

Vidéastes, plasticiens, photographes, performeurs, renouvellent ici les perspectives, redéfinissent les identités et cherchent à offrir des contre-récits émancipateurs : mondialisation, modernité, écologie, migrations, genre ou décolonisation sont quelques-uns de leurs sujets de prédilection…

projections, performances, installations, rencontres, photographies, concerts, ateliers avec Sophia Al-Maria & Fatima Al-Qadiri, Meriem Bennani, Larissa Sansour, Zahrah Al Ghamdi, Souraya Haddad Credoz, Ayham Jabr, Hala Schoukair, Ayman Zedani, Hicham Berrada, Aïcha Snoussi, Sara Sadik, Tarek Lakhrissi, Mounir Ayache, Skyseeef, Gaby Sahhar & Neïla Czermak Ichti

> du 23 avril au 27 octobre, Institut du Monde Arabe, Paris
> https://www.imarabe.org/

De l’art numérique aux jeux vidéo

Ce titre au parfum d’afrofuturisme n’est pas pour nous déplaire. Cette exposition est en quelque sorte la « restitution » d’un périple mené par Isabelle Arvers, artiste et commissaire d’expo, au travers de plusieurs « pays du Sud », à la découverte des modalités d’inscription culturelles et sociales des jeux vidéo sous d’autres lattitudes.

Si l’art numérique comme les jeux vidéos sont encore dominés par l’Europe, les États-Unis et, bien sûr, le Japon, le reste de la planète n’est désormais pas inerte, culturellement, par rapport à ce vaste domaine qui fait désormais « jeu » égal avec le cinéma. L’univers des jeux vidéos s’est enrichit au contact d’autres types de représentations, paysages, récits et cosmogonies. Tout comme notre imaginaire (i.e. celui des occidentaux) s’enrichit et surtout se « décolonise » par la co-construction de récits nés de la rencontre entre tradition orale, savoirs endogènes et univers virtuels des jeux vidéo.

Henri Tauliaut. Water Divinity. Photo : D.R.

Avec l’avènement de référents culturels dont les racines peuvent puiser — de nouveau et à nouveau — dans l’animisme, par exemple, et des univers oniriques et ludiques qui se déloient dans le virtuel, dans le métavers, nous sommes invités à changer de paradigme. La science et la pensée humaine ne sont plus les seules sources de connaissances; il est désormais possible de penser à des connaissances « au-delà de l’humain ». Cela implique que la nature, les animaux pensent et que les non-humains peuvent enseigner des techniques et connaissances, en changeant de perspective, comme le propose l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiro de Castro.

Démonstration avec l’installation interactive de Laura Palavecino (High In the Sky And Beneath the Stars), les photos et dessins d’Eulalia De Valdenebro Cajiao, les jeux vidéo de Daniela Fernandez (Laidaxai), Henri Tauliaut (Water Divinity) et Matajuegos (Atuel), l’installation-performance de la chorégraphe, artiste et chercheuse, Aniara Rodado (Coca para comer), l’installation vidéo de Tania Fraga (Epicurus Garden), le film d’Isabelle Arvers + Gaël Manangou créé à partir d’un univers virtuel (Liquid Forest), Les Spectographies (film et installation VR) de Carole Chausset Myriam Mihindou &Annie-Flore Batchiellilys, Daniely Francisque et Florence boyer / cie Artmayage, l’interactive installation du collectif Technorisha (eFa)…

Laurent Diouf

exposition Aux Futurs Ancestraux : de l’art numérique aux jeux vidéo
> du 14 octobre au 20 janvier, Espace Multimédia Gantner, Bourogne
> https://www.espacemultimediagantner.cg90.net

Le Hublot présente Artifice Numérique #06, en lien avec OVNi. Après « Végétalisons » puis « Animal », le festival d’arts numériques du 109 à Nice passe aux processus énergétiques… comme les énergies de combustion, photoniques, électriques, calorifiques et vivantes.

Énergies des corps en mouvement avec Nicolas Clauss, One Step Ahead de Cédric Teisseire, énergies du collectif avec Scenocosme, mais aussi du flux de la vague avec Étienne Rey, chaleur du soleil avec l’Œil-Océan de Anne-Sarah Le Meur et d’intelligence artificielle avec Conversation au Soleil de Florian Schönersted et encore l’Attraction de Florent Colautti.

Performance audiovisuelle de chdh avec Nicolas Montgermont & Cyrille Henry (Deciban), d’Antoine Schmitt & Franck Vigroux (ATOTAL)… Mapping-vidéo de Frédéric Alemany (Wasaremix). Conférences avec Eloïse Rolland (Simuler l’empreinte environnementale de votre spectacle), Gilles Bogoaert (Énergie : imaginaire versus réalité)… Ateliers (animation 3D et modélisation)

> du 17 novembre au 02 décembre, L’Entre-Pont au 109, Nice
> https://www.lehublot.net/artifice2023/

Biennale internationale des arts numériques

Némo est de retour en cet automne 2023. Comme les éditions précédentes, la Biennale Internationale des Arts Numériques essaime à Paris et dans toute l’Île-de-France jusqu’au début de l’année prochaine. Plus d’une vingtaine de lieux sont investis pour cette manifestation.

collectif Universal Everything, Maison Autonome. Photo: D.R.

L’inauguration de cette biennale tentaculaire s’est faite au CentQuatre à Paris avec l’exposition Je est un autre ? dont le titre reprend les mots de Rimbaud. Derrière cette assertion, c’est toute une thématique autour des représentations et personnalités multiples que chacun abrite désormais grâce (ou à cause) du numérique.
Copies, doubles, mutants, avatars, identités factices, technologies de l’égo, quêtes de visibilité, (dis)simulations, emprises, deepfakes, chimères, métamorphoses et univers parallèles font désormais partie de notre quotidien.
C’est tous ces « effets miroirs » qui sont mis en scène dans cette exposition au travers de vidéos immersives, d’installations interactives et autres œuvres hybrides conçues par Jean-Luc Cornec (TribuT), Marco Brambilla (Heaven’s Gate), Bill Vorn (Intensive Care Unit), Frederik Heyman (Virtual Embalming), Ian Spriggs (Cœus, Prometheus, Ichor, Tetrad), Donatien Aubert (Veille Infinie), Encor Studio (Alcove LTD)…

Pendant trois mois, d’autres expositions, spectacles, installations, rencontres et performances viendront creuser ce sujet et rythmeront le déroulé de la biennale le temps d’une journée, d’une semaine ou de plusieurs mois. Ainsi jusqu’au 5 janvier à La Capsule, le Centre culturel André Malraux du Bourget, Chen Chu-Yin et Daphné Le Sergent extrapolent autour des DAO (Decentralized Autonomus Organizations) ; en français les Organisations Autonomes Décentralisées. Soit des « communautés internet » formées autour d’un intérêt commun que les deux artistes abordent par le biais de la mémoire artificielle et de l’intelligence collective.

Au Cube de Garges, une exposition collective enterre avec un peu d’avance le monde digital, celui du geste sur nos écrans tactiles, pour nous faire entrevoir le monde de demain, celui des interfaces actionnées par la pensée. Intitulée Cerveau-Machine, cette exposition prévue jusqu’au 16 décembre réunie notamment Memo Akten, Maurice Benayoun, Justine Emard, Neil Harbisson & Pol Lombarte, Mentalista, Adrian Meyer, Julien Prévieux, Marion Roche… Un cycle de projections, deux œuvres de réalité virtuelle réalisées par Mélanie Courtinat et Lena Herzog, un live de Sugar Sugar et une performance audiovisuelle de TS/CN (Panorama) sont également prévus en écho à cette expo.

TS/CN, Panorama. Photo: D.R.

Échantillons de soi est une autre exposition collective autour des « personnalités multiples » qui nous hantent dans le réel comme dans le virtuel et de la pratique d’échantillonnage (son, image). Ou approchant. Les œuvres d’Ines Alpha, Renaud Auguste-Dormeuil, Emilie Brout & Maxime Marion, Grégory Chatonsky, Dasha Ilina, Bettie Nin et Fabien Zocco présentées à La Traverse, Centre d’art contemporain d’Alfortville, brouillent également, pour certaines du moins, la frontière entre sphère privée et monde de l’art.

Au Centre Culturel canadien à Paris, du 7 décembre 2023 au 19 avril 2024, il sera question d’Infinies Variations par le biais des créations de Nicolas Baier, Salomé Chatriot, Chun Hua, Catherine Dong, Georges Legrady, Caroline Monnet, Oli Sorenson, Nicolas Sassoon, Christa Sommerer & Laurent Mignonneau et Timothy Thomasson. C’est le troisième volet d’une trilogie conçue par les commissaires d’exposition Dominique Moulon, Alain Thibault et Catherine Bédard qui explorent, cette fois, la notion de série telle qu’elle se présente dans l’histoire de l’art depuis le XIXe.

Au Bicolore, l’espace culturel et la plateforme digitale de la Maison du Danemark à Paris, sur une thématique voisine (Multitude & Singularité) appliquée aux êtres comme aux technologies, on découvrira des œuvres de Stine Deja & Marie Munk, Jeppe Hein, Mogens Jacobsen, Jakob Kudsk Steensen, Jens Settergren et Cecilie Waagner Falkenstrøm qui reflètent la complexité du monde dans sa version numérique. Aux Gémeaux, Scène nationale de Sceaux, du 8 au 17 décembre, la compagnie Adrien M & Claire B présentera Dernière minute. Une installation doublée d’une expérience immersive qui inclue les spectateurs. Le concept : une minute est étirée sur une demi-heure. La source d’inspiration : le décès d’un père et la naissance d’un fils. Le sujet : l’intervalle, cette fameuse minute, qui précède la vie ou la mort…

Stine Deja & Marie Munk, Synthetic Seduction: Foreigner. Photo: D.R.

Début décembre également, lors de l’Open Factory #7 au CentQuatre, on pourra aussi solliciter Tally, l’apprentie artiste quantique mise au point par Matthieu Poli avec Alexis Toumi et Sven Björn Fi. Cette intelligence artificielle (impossible d’y échapper dans une telle manifestation) utilise les possibilités uniques de l’ordinateur quantique pour composer des œuvres abstraites qu’elle dessine ensuite à l’aide de bras robots. Elle apprend continuellement en intégrant les réactions du public, définissant ainsi une sensibilité artistique propre. Contrairement aux intelligences artificielles génératives classiques qui se contentent de reproduire l’existant, Tally cherche à comprendre en profondeur la structure des œuvres d’art. À voir…

Durant ce trimestre riche en propositions artistiques, on retiendra aussi Lumen Texte, la performance « pour un vidéo projecteur et un plateau vide » du Collectif Impatience au MAIF Social Club à Paris. Chutes, l' »opéra électronique » source d’expérience synesthésique de Franck Vigroux / Cie Autres Cordes à la MAC de Créteil. La nouvelle version d’A-Ronne, le « théâtre d’oreille » conçu par Luciano Berio & Sébastien Roux, proposée par Joris Lacoste au même endroit. Cette pièce sonore explorera les ambiguïtés entre voix et électronique, voix amplifiées ou réverbérées dans l’espace, voix jouées dans le casque ou entendues « à travers » le casque.

On testera Earthscape ou la déambulation philosophique initiée par la Cie Zone Critique, sur un modèle rappelant les dérives situationnistes (en plus sérieux…), qui investira la Scène de Recherche de l’École Nationale Supérieure Paris-Saclay à Gif-sur-Yvette. Sur l’esplanade de La Défense, on retrouvera une autre installation d’Encor Studio, Hemispheric Frontier — un cercle clignotant de néons assez hypnotiques se reflétant sur une surface aqueuse — et la Lune Dichroïque de Jérémie Bellot. Une sorte de grosse boule à facette translucide et colorée. Nourri par la géométrie polyédrique et les arts mathématiques, nous dit-on, ce plasticien et architecte de formation, interroge le rôle de la lumière dans l’espace vécu et dans l’espace perçu à travers des dispositifs audiovisuels immersifs.

—-

Némo
Biennale internationale des arts numériques
> jusqu’au 7 janvier 2024
> https://www.biennalenemo.fr/

En marge du festival d’Avignon, Le Grenier à sel — lieu culturel dédié à la rencontre entre art et innovation — propose un forum dédié aux professionnels sur le thème « spectacle vivant et scènes numériques ». Il est vrai que le théâtre, en particulier, semble un peu figé dans ses problématiques de mise en scène, de décor ou de lumière ; ou du moins, ne pas faire preuve de beaucoup de synergie avec la culture digitale qui irrigue pourtant la création artistique depuis des décennies maintenant.

Les tables rondes qui se succèderont deux jours durant, les 12 et 13 juillet, posent clairement les enjeux : Le théâtre à l’âge du métavers, Scènes hybrides et virtuelles, de nouveaux challenges pour les lieux de diffusion, Explorer les nouvelles dramaturgies avec les technologies immersives, Motion capture : quels usages pour la scène ?, Fabriquer et produire un spectacle XR, Spectacle vivant et technologies, vers des communs numériques ? (avec Eli Commins, directeur du Lieu Unique, Hanna Lasserre, directrice du projet Panthea, et Mathias Chelebourg, CEO de l’Atelier Daruma)…

En parallèle, du 7 au 24 juillet, cette quatrième édition d’Aires Numériques propose 4 événements répartis chacun sur quelques jours. En premier lieu, E.Motion : l’extraordinaire métamorphose. Conçu par la Cie Underground Sugar (Axel Beaumont & Julie Desmet Weaver). Un spectacle en motion capture, en temps réel avec marionnettes numériques 3D. Le pitch : une petite fille, passionnée par les sciences, s’évade dans des visions du monde infiniment petites et infiniment grandes. Elle imagine l’évolution des êtres vivants dans 3000 ans… Une performance est également prévue autour d’une machine qui transpose nos messages en langage floral (L’Éloquence des fleurs). Au cours de la représentation, on pourra observer les missives envoyées se transformer en sculptures de pistils et de pétales ou même en memento mori sous forme de pollen

La Cie Fheel Concepts présentera The Ordinary Circus Girl. Un spectacle qui associe réalité virtuelle et théâtre immersif. Une expérience sensorielle et participative qui nous plonge au cœur de l’univers onirique du cirque contemporain. La Compagnie Atropos nous embarque dans une comédie policière sur l’Intelligence Artificielle avec Qui a hacké GaroutzIA ? Le scénario a été écrit par trois experts de l’IA. GaroutzIA est un chatbot domestique : serviable, efficace, adaptatif. Sa propriétaire, Aurline, autrice de romans à l’eau de rose, est frappée d’Alzheimer. Elle supplie GaroutzIA de garder ses souvenirs dans sa mémoire numérique. Mais ceci est contraire aux lois de la robotique : GaroutzIA doit être réinitialisé à chaque nouveau propriétaire et tout oublier du précédent. Tout se bouscule lorsque son nouveau maître est assassiné…

Aires Numériques #4
> spectacles du 07 au 24 juillet
> forum les 12 et 13 juillet
> Le Grenier À Sel, Avignon
> https://legrenierasel-avignon.fr/

Global Periphery est un symposium hybride sur les activités spatiales et les imaginaires contemporains de l’espace proposé par Annick Bureaud et Marcus Neustetter.

Les imaginaires spatiaux dominants sont ancrés dans la culture des nations qui ont mené la première ère de l’exploration spatiale, en grande partie issus des États-Unis et de l’iconographie hollywoodienne. Mais qu’ont fait — et que font — tous les autres ?

Énoncer, analyser, réinterpréter, questionner, métisser, inventer, créer des imaginaires spatiaux dans et à partir de multiples dimensions est au cœur de Global Periphery où interviendront Eleanor Armstrong, Fabiane Borges, Rohini Devasher, Davis Cook, Michelle Hanlon, Eduardo Kac, Susmita Mohanty, Ale de la Puente, Yoko Shimizu, Frédérique Aït Touati… avec en point d’orgue, Imaginary Futures, une performance collective expérimentale en ligne et sur site conçue par Marcus Neustetter.

> les 23 et 24 septembre, Cité internationale des arts, Paris
> https://www.olats.org/global-periphery

On pourrait aisément classer Micha Cárdenas dans la catégorie des activistes cyberpunk, ou transhumains. En effet, cette artiste transgenre connue pour ses théories et ses performances dans le domaine des arts numériques et des médias digitaux, s’engage non seulement pour une approche politique des identités sexuelles, mais questionne également l’existence de points d’intersections et de fractures coexistant entre le corps « réel » et son avatar virtuel. Deux préoccupations distinctes qui se rejoignent dans son œuvre et dans l’idée d’un corps futur à l’identité fluctuante et parfois, désincarné dans les possibles du cyberespace.

Micha Cárdenas

Tout le travail de Micha Cárdenas vise à repousser les limites de ce que signifie être « humain » aujourd’hui, à l’heure des univers virtuels, des médias numériques et des réseaux informatiques tout puissants. L’artiste, théoricienne et performeuse, pose également des questions sur ce que c’est d’être « un homme » ou « une femme », ou encore de ne pas se sentir dans le corps qui nous était destiné, dans un monde où, par le biais de ces réseaux, et ce depuis le tout début de l’avènement d’Internet, la possibilité d’endosser des identités imaginaires est devenue le lot commun de tout utilisateur du réseau. Dans Becoming Dragon, l’artiste, encore étudiant et soutenu par l’Université de San Diego, mêle par exemple biotechnologies et réalité virtuelle dans une performance qui interroge le pouvoir de l’imaginaire sur l’identité, et plus généralement, le devenir de l’humain. Pour les besoins de cette œuvre, l’artiste a dû passer près de 365 heures immergé dans Second Life, l’univers virtuel en 3D (ou métavers) dans lequel les utilisateurs peuvent créer et animer leur propre avatar, souvent le double fantasmé de leur incarnation dans la réalité.

 

Réalité et virtualité, dualité des identités
Le but de cette performance, également outil de recherche, est aussi de questionner le moment de transition entre deux identités. Le dragon étant un animal magique, en constante mutation et doué de certains pouvoirs, il est la métaphore incarnée d’une transformation pour l’artiste transsexuel, et une façon d’appréhender l’épreuve d’une transition radicale (ici, passer du sexe mâle à femelle) au cours d’une chirurgie de réassignation sexuelle (ou SRS, pour Sexual Reassignment Surgery). Opération qui exige un an de réflexion de la part des personnes désireuses d’effectuer cette chirurgie. Le dragon, et la durée de la « plongée » de Cárdenas dans Second Life, étant également l’expression des sentiments de désincarnation expérimentés par les personnes concernées. On le voit, Micha Cárdenas en tant qu’artiste, incarne physiquement ses théories et ses idées, mettant en application dans sa vie, les fondamentaux qui animent ses créations. Ces deux terrains d’études et le champ de bataille idéologique de Cárdenas s’illustrent également très nettement dans la performance donnée en novembre 2010 à l’UCLA Freud Theatre de Los Angeles. Pour Becoming Transreal: a bio-digital performance, Micha Cárdenas et Elle Mehrmand présentèrent une performance qui remet en cause l’idée de réalité. La réalité d’un corps. La réalité d’un sexe. La réalité enfin, d’une identité. Des idées que l’on peut rapprocher de la pionnière dans ce domaine, Donna Harraway, auteur du désormais fameux Cyborg Manifesto.

Challenges techniques dans le champ de l’art numérique
Pour mener à bien ces travaux, Cárdenas n’hésite pas à employer des techniques de pointe rarement utilisées dans le domaine de l’art numérique. « Vêtements communicants », capteurs de mouvement, immersion en temps réel dans des univers 3D, utilisation de feedback vidéo et casque de réalité virtuelle, Micha Cárdenas utilise toutes les technologies numériques à disposition pour rendre son discours intelligible. C’est le cas dans Becoming Dragon, où l’avatar du performeur est entièrement dirigé en temps réel par un système de capture de mouvement, alors même que celui-ci évolue dans l’univers de Second Life coiffé d’un casque de réalité virtuelle. Le tout étant également projeté en temps réel et visible par les spectateurs. Pour Local Autonomy Networks (ou « Autonets »), un autre de ses projets, réalisé avec l’aide du couturier (costume designer) Benjamin Klunker, Micha Cárdenas crée de toute pièce un réseau de communication autonome visant à augmenter l’autonomie de la communauté LGBT (Lesbienne, gay, bi et transsexuelle), mais aussi, des femmes, ou des étrangers, et ainsi réduire la violence contre les personnes qui la subissent quotidiennement en raison de leurs différences. Ce système conçu à partir de wearable electronics, soit des vêtements et accessoires comportant des éléments informatiques et électroniques connectés, permet en effet de signaler à d’autres membres de la communauté, la présence, ou les problèmes, que ceux-ci peuvent rencontrer. Une application à la fois très concrète et poétique, qui permettrait également aux personnes qui expérimentent ces « différences » de se retrouver.

 

À la recherche d’une autonomie post-corporations
Ce système, aussi pratique soit-il, est aussi l’occasion d’exprimer la vision de Micha Cárdenas en matière de communication et de réseau. Comme beaucoup de ses pairs, et en tant qu’artiste « connecté », Cárdenas milite de plus en plus régulièrement pour une autonomie des réseaux de communication. Ce qu’elle appelle l’ère du « Post Digital Networks » et des « Post Corporate Communications ». Pour l’artiste, des options comme Autonets, sont l’occasion d’expérimenter, à la fois, une nouvelle façon de communiquer, plus directe, plus « réel », même si usant des nouvelles technologies, mais également de sortir du cadre de plus en plus contrôler des réseaux de communication classiques, d’Internet et de ses réseaux sociaux propriétaires. En mai 2013, à l’occasion de la présentation de son projet Autonets, Micha Cárdenas déclare : De la fermeture temporaire de ThePirateBay.org ou Wikileaks.org à l’arrêt des communications de téléphone mobile en Égypte et à San Francisco pour empêcher les manifestations, les entreprises et les infrastructures de communication ont prouvés leur obsolescence pour les communautés résistantes. En revanche, il est possible pour ses résistants d’imaginer un nouvel avenir post-numérique. Mon travail sur l’autonomie des réseaux locaux (Autonets), actuellement en cours d’élaboration en collaboration avec des organisations communautaires à Detroit, Los Angeles et Bogotá, en Colombie, le prouvent. Mon but étant de travailler sur des réseaux post-numériques est de participer ainsi à une décolonisation de la technologie. Mon intervention vise à un rejet de la logique binaire du numérique et se tourne vers les communautés opprimées en tant qu’alternatives logiques.

Militantisme queer ou transgenre, mais aussi soucis de protections des communautés minoritaires, utilisation des technologies de pointe à des fins politiques et dans un but de renouvellement des habitudes de communication, depuis 2010, le travail de Micha Cárdenas, on le voit, évolue rapidement. De la problématique des univers virtuels, de l’identité en mode connectée, l’artiste est passé à l’action grâce à des projets qui ont trouvé un écho et des applications concrètes dans le réel. To be continued…

Maxence Grugier
publié dans MCD #77, « La Politique de l’art », mars-mai 2015

Photos: D.R.
> http://michacardenas.org