Archive d’étiquettes pour : exposition

Art & Recherche Biomédicale

L’exposition Plus Que Vivant qui structurait le festival Open Source Body a été l’occasion de découvrir une dizaine d’installations qui interrogent le vivant par le biais de la santé et de la recherche médicale. Les artistes qui étaient réunis pour cet évènement proposé par Art2M/Makery/MCD et la Cité internationale des arts sont impliqués dans le projet ART4MED (Art meets Health and Biomedical research) co-financé par le programme Europe Créative de l’Union Européenne.

Cette thématique spéculative autour des biotechnologies n’était pas sans évoquer l’âge d’or de la science-fiction. Comment ne pas penser au meilleur des mondes d’Aldous Huxley, où les êtres humains sont conçus à la chaîne en laboratoire, en étant confrontés à UNBORN0x9… Cette installation de Shu Lea Cheang et Ewen Chardronnet, où l’on distingue un nouveau-né dans une sorte de couveuse ovoïde (sur)veillée par un bras robotisé, pose la question du développement des fœtus hors du corps, dans des utérus artificiels, et du devenir cyborg de la parentalité…

Unborn0x9, de Shu Lea Cheang, Ewen Chardronnet et le collectif Future Baby Production. Photo: © Quentin Chevrier

Le corps et ses ressources, parfois insoupçonnées, sont à la fois source d’inspiration, matériaux et données brutes pour ces explorations artistiques qui agissent aussi comme des alertes. Proche du milieu des biohackers, l’artiste-performeuse Maya Minder proposait Green Open Food evolution. Une réflexion autour de la consommation des algues, si prisées au Japon notamment, ainsi qu’une expérience communautaire autour de la nourriture. Un dîner performatif où le design à une importance centrale. Pour reprendre la formule consacrée, nous sommes ce que nous mangeons et l’on peut aussi s’interroger sur l’évolution et les transformations de nos organismes selon nos régimes alimentaires.

Avec Tiny Minning, Martin Howse présentait une sorte d’auto-exploitation des corps pour en extraire des minerais et terres rares… Cette initiative est suivie depuis 2019 par une communauté informelle de chimistes, géologues, artistes et médecins « alternatifs ». Ce projet pour le moins étonnant reste purement fictionnel. Il ne s’agit pas de mettre en œuvre de tels protocoles en direction du grand public, mais de se livrer à une spéculation et d’expérimenter des pistes en résonnance avec la problématique de l’exploration et du pillage des ressources minières.

Helena Nikonole & Lucy Ojomoko travaillent plus en surface, si l’on ose dire… Leur projet Quorum Sensing : skin flora signal system passe par des modifications génétiques de la peau humaine. L’idée est de pouvoir détecter des maladies grâce aux odeurs émises par les bactéries du microbiome cutané qui joueraient ainsi le rôle d’un signal d’alarme. À noter que dans ce processus, les odeurs produites ne sont pas forcément mauvaises, comme dans la vraie vie, mais peuvent revêtir des senteurs florales par exemple… Helena Nikonole & Lucy Ojomoko ont matérialisé et testé ce projet via un dispositif d’odorat biomorphique relié à des récipients en verre par des tubulures souples en plastique. Le public est invité à renifler délicatement les diverses exhalaisons ainsi (re)créées.

Quorum Sensing, de Helena Nikonole and Lucy Ojomoko, lors du vernissage. Photo: © Quentin Chevrier

Avec M/Other : arts of repair, Edna Bonhomme, Nazila Kivi, Jette Hye Jin Mortensen & Luiza Prado ont choisi d’opérer sur les âmes plus que sur les corps. Mis en scène dans une salle abandonnée d’un hôpital psychiatrique (toujours en activité), cette installation collective et multifacettes vise à explorer les possibilités de réinvestir les espaces de guérison institutionnels et met exergue les inégalités en matière de santé et de la violence raciale dans les antécédents médicaux.

M/other: the arts of repair / Jette Hye Jan Mortensen. Photo: © Quentin Chevrier

Enfin, l’approche politique était assurée par Estelle Benazet Heugenhauser & Cindy Coutant aka L4bouche. Leur installation Jupiter Space se présente comme une fresque avec des collages, dessins, photos et fragments de textes signés, par exemple et au hasard, par Ulrike Meinhof… La source de cette installation qui s’érige contre la domination masculiniste et le contrôle des corps est un texte de la chercheuse Zoë Sofia — à laquelle Donna Haraway doit beaucoup — publié dans les années 80 dans la revue Diacritics. Intitulé Exterminer les fœtus : avortement, désarmement, sexo-sémiotique de l’extra-terrestre, ce manifeste a été traduit justement par L4bouche et vient juste de paraître en français aux éditions Excès.

Jupiter Space, de Cindy Coutant & Estelle Benazet (l4bouche). Photo: D.R.

À l’occasion d’une précédente « monstration » de cette installation, à la galerie Les Limbes à Saint-Étienne en 2021, Jacopo Rasmi (maître de conférences en arts visuels et études italiennes à l’Université Jean Monnet) analysait avec précision cette galaxie sidérale et sidérante d’une domination masculiniste qui façonne les imaginaires, les outils et les désirs au détriment autant des corps féminins que des milieux terrestres (lisez Lundi.AM !).

Festival Open Source Body, édition 2022
Exposition Plus Que Vivant : quand l’art rencontre la santé et la recherche médicale
> https://www.opensourcebody.eu/

Design Des Signes : de l’œuvre à l’usage

Expositions, performances, VR, conférences, lives, projections : la 22ème édition du Festival accès)s( est axé autour du design et à sa capacité à faire signe dans l’Art.

L’invité d’honneur n’est autre que Samuel Bianchini présent avec 8 pièces, anciennes et récentes. Il interroge les rapports entre nos dispositifs technologiques, nos modes de représentation, nos nouvelles formes d’expériences esthétiques et nos organisations sociopolitiques en collaboration avec de nombreux scientifiques et laboratoires internationaux de recherche en sciences de la nature et en ingénierie.

Il y a aussi les fantômes d’artistes pionniers aujourd’hui disparus : Robert Breer (Floats, des sculptures flottantes créées au milieu des années 60 et exposées à l’exposition universelle d’Osaka en 1970) et Nicolas Schöffer (Lumino, une sculpture lumineuse élaborée en 1968 et qui a été commercialisée internationalement).

Parmi les œuvres étonnantes, signalons Haruspices, l’installation pneumatique et évolutive de Jonathan Pêpe. Composé d’une cage thoracique rigide à laquelle s’adjoint quatre organes en silicone, l’engin pulse un rythme d’humeurs déterminées par des flux en temps réel d’informations provenant des réseaux sociaux puis interprétés en quatre « émotions » par l’intelligence artificielle IBM Watson.

Mentionnons aussi Bug Antenna de Raphaëlle Kerbrat qui rend perceptible les ondes électromagnétiques, invisibles à l’œil nu, et inaudibles pour l’être humain, mais omniprésentes dans nos quotidiens. La sculpture-objet en réalité augmentée de Grégory Chatonsky et du designer Goliath Dyèvre, Internes (l’augmentation des choses), est pensée comme le premier mètre carré d’un devenir de l’ensemble la surface terrestre, celle d’un monde gris et post-apocalyptique que la VR colore et rend vivant.

Présentée pour la première fois en France, Value Of Values, de Maurice Benayoun, Tobias Klein, Nicolas Mendoza et Jean Baptistes Barrère, est une chaîne de création qui, de la Brain Factory à la Blockchain, en passant par la poésie transactionnelle, la co-création et les Twodiees, propose à son visiteur de donner lui-même forme à sa pensée à partir de 42 valeurs humaines. (…) En coiffant un casque EEG, chaque visiteur contribue à l’évolution d’une forme produite par ses ondes cérébrales et devient ainsi un Brain Worker au sein d’une Factory — une usine de formes artistiques virtuelles.

On s’attardera également sur trois œuvres VR. Celle de Faye Formisano, They dream in my bones – Insemnopedy II. Une installation- fiction racontant l’histoire de Roderick Norman, chercheur en onirogénétique ; science permettant d’extraire les rêves d’un squelette inconnu… L’installation monumentale de John Sanborn, The Friend VR, qui nous immerge dans une église reconstituée où des personnages célèbrent leur liberté et la création d’une nouvelle utopie. Le projet immersif de Vincent Ciciliato & Christophe Havel, II Canto dei suicidi, inspiré du Canto XIII de la Divine Comédie de Dante.

Une exposition virtuelle et protéiforme, conçue par le collectif PrePostPrint, laboratoire et groupe de recherche autour des systèmes de publication libres alternatifs, sera « accessible » sur > https://xx2.acces-s.org/ Sans oublier une nuit electro avec Nkisi, Sarahsson, Danse Musique Rhône Alpes, V9 pour finir en beauté.

> du 8 octobre au 25 décembre, Pau
> https://www.acces-s.org/

De l’autre côté

Rendez-vous annuel du Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, Panorama est placé cette année sous le signe de la frontière invisible, celle qui nous fait passer de l’autre côté du miroir via des installations vidéos et projections.
L’autre côté, c’est aussi l’autre vie de cet ancien lieu de fêtes et de retrouvailles, cinéma, salle de bal, de concert, de combats de boxe et de catch qu’était Le Fresnoy, devenu le vaisseau obscur d’œuvres de lumière… 
L’autre côté, c’est celui auquel l’art donne accès notre monde mais un autre à la fois ; soudain habité, mystérieux, enchanté, révélé… parfois convoqué par des danses et transes, des rituels guérisseurs, mais aussi par le truchement d’une technologie dont la discrétion marque la réussite…
L’autre côté, c’est le monde du rêve jamais très loin d’ici. Celui des astronautes et celui des hommes préhistoriques restitués par les algorithmes. L’autre côté, ce sont ces figures de lumière spectrales qui habitent l’exposition : plus de 50 œuvres inédites, dans les domaines de l’image, du son et de la création numérique, réalisées par les artistes du Fresnoy. L’autre côté, c’est celui auquel nous accédons en pénétrant l’écran de cinéma, celui de la salle de projection au cœur de l’exposition où 29 films inédits seront projetés.
Avec Judith Auffray, Younes Ben Slimane, Anna Biriulina, Lucien Bitaux, Julia  Borderie & Eloïse Le Gallo, Ghyzlene Boukaïla, Alice Brygo, Lea Collet, Anaïs-Tohe Commaret, Jerome Cortie, Rolando Cruz Marquez, Bianca Dacosta, Charline Dally, Edith Dekyndt, Guillaume Delsert, Sarah-Anaïs Desbenoit, Ana Edwards, Justine Emard, Julian García Long, Yann Gonzalez & Alain Garcia Vergara, Che-Yu Hsu, Adam Kaplan, Elina Kastler, Lina Laraki, Lou Le Forban, Pierre-Lefrançois Vérove, Ange Lempaszak, Quentin L’helgoualc’h, Ethel Lilienfeld, Marin Martinie, Gohar Martirosyan, Antoine Mayet, Joachim Michaux, Magalie Mobetie, Fredj Moussa, Marcel Mrejen, Norman Nedellec, Toshihiro Nobori, Daniel Penaranda Restrepo, Hugo Pétigny, Charlotte Pouyaud, Julie Ramage, Chuxun Ran, Sabrina Ratté, Ben Rivers, Julia Tarissan, Guillaume Thomas, Kris Verdonck, Victor Villafagne, Agata Wieczorek, Jisoo Yoo, Yunyi Zhu…

> du 30 septembre au 31 décembre, Le Fresnois, Tourcoing
> https://www.lefresnoy.net/

Le jour d’après

Prométhée, le jour d’après est une exposition présentée au Centre des Arts d’Enghien en collaboration avec le Centre Wallonie Bruxelles. Les pièces proposées sont rassemblées selon trois questionnements. En premier, celui autour du fameux mythe prométhéen. Ce volet de l’exposition est constitué d’œuvres manifestant autant des traits de démarcation et de métamorphoses de l’humain que de son environnement en quête d’une voie libératrice. Ce premier chapitre tente ainsi d’identifier les prémices de ces transformations à venir, la potentialité des êtres et des territoires en sélectionnant des œuvres aux essences non immuables, aux données hétérogènes.

Le deuxième est axé autour de l’hybris, notion grecque qui se traduit le plus souvent par « démesure ». Elle désigne un comportement ou un sentiment violent inspiré par des passions, particulièrement l’orgueil et l’arrogance. Associée à des valeurs morales et religieuses, l’hybris est condamnée car elle est un dépassement de la condition humaine qui est usurpation du divin. Les pièces sélectionnées pour ce second chapitre attestent de l’augmentation des potentialités humaines par la technologie, du mythe de la singularité et des visées post-humanistes permettant ici de métamorphoser la forme préétablie en liberté d’inventer le réel et l’imaginaire.

Le troisième est presque nietzschéen puisque le voleur de feu, nous dit-on, a opéré un renversement de toutes les valeurs. Avec Prométhée, une révolution s’opère : le socle qui fondait les valeurs de l’univers s’est déplacé (…). Avec lui, l’esprit n’est pas que subtilité mais devient don d’invention, préscience, art d’administrer faisant tout ce qui est humain, advenir faveur, partage et générosité. (…) Tous les gestes spéculatifs qui en résultent, permettent aux œuvres de ce troisième chapitre, de développer une pensée sous le signe d’une fertilisation et d’un engagement par et pour des possibles qu’il s’agit de générer et de rendre perceptibles dans le présent.

Illustration au travers de vidéos, photos, sculptures, installations avec Caroline Le Méhauté, Justine Emard, Alice Pallot (Oosphère, qui imagine univers futuriste dans lequel une communauté scientifique s’interroge sur ses origines), Frederik de Wilde (Hunter & Dogs, inspiré de l’ADN et des modifications possible du génome), Jean-Pierre Giloux (Stations # part 4 extrait d’Invisible Cites, une tétralogie qui s’inspire des Métabolistes, mouvement utopiste architectural japonais d’après-guerre), Sarah Caillard, Sabrina Ratté (avec des cyborg/déesses qui incarnent le concept de « monade », dans laquelle chaque individu constitue une sorte de « miroir fragmenté », dans une réalité plus large), Mathieu Zurstrassen (Margaret, un prototype élaboré d’ESP (Emotional Support Plant) régit par un réseau Neuronal (AI) initialement créé pour combler la solitude d’un chercheur), Arnaud Eeckhout & Mauro Vitturrini, Filipe Vilas-Boas (L’Astrophone, une projection interactive, méditative et musicale qui traite de l’exploration spatiale et de la quête de sens), Charlotte Charbonnel, Raymond Delepierre (Swalling hEARt, une large sphère audiosensitive invite le public au toucher afin de percevoir par son corps les vibrations du son qui en émane), Adrien Lucca, Thy Truong Minh

> du 21 septembre au 18 décembre, CDA, Enghien-les-Bains
> https://www.cda95.fr/

40 ans d’art sonore

La Muse en Circuit a été créée en 1982 par Luc Ferrari. À l’époque, cette structure est basée à Vannes. Dix ans plus tard, déménagement à Alfortville et construction de nouveaux studios (électroacoustiques et radiophoniques). En 1994, Luc Ferrari démissionne et David Jisse lui succède. Depuis 2013, c’est Wilfried Wendling qui dirige ce Centre National de Création Musicale.

Pour ses quarante ans d’existence, La Muse en Circuit rend hommage à son fondateur. En particulier grâce à l’ensemble Soundinitiative qui proposera un parcours décalé et humoristique reprenant des pièces performatives de Luc Ferrari (…) peu jouées et inviteront le public à des jeux d’interactions sociales intuitives, avec cette légèreté profonde, typique du compositeur.

En avant-première, Jérôme Florenville présentera Une autre écoute est possible. Un documentaire qui part sur les traces de ce que fut La Muse en Circuit, véritable laboratoire sonore qui irrigue jusqu’à aujourd’hui tout un courant de musiques inclassables dont le fil rouge s’articule autour de la création sonore : expérimentales, contemporaines, électroacoustiques, improvisées, bruitistes, etc.

La galerie d’exposition Le 148 à Alfortville, offre une exposition sonore  pour entrer dans l’univers de La Muse en Circuit au travers de deux espaces. L’un dédié à une installation sonore immersive Le Cycle des souvenirs, création de Luc Ferrari. Au centre de plusieurs enceintes placées à différentes hauteurs, le spectateur est plongé dans un espace sonore nourri des souvenirs du compositeur. (…) Tous les éléments sont architecturés en cycles qui, en se superposant, produisent des rencontres hasardeuses. (…) La boucle sonore se décale et se transforme à l’image des transformations et déformations opérées par la mémoire et le temps… L’autre espace est dédié à un atelier de création sonore avec des objets électroniques ludiques (Soundbox) et des logiciels dédiés (Motionkit).

> du 20 septembre au 4 octobre, le 148, Alfortville
> https://alamuse.com/
> https://www.facebook.com/events/3025741507717988/3025741524384653

plus que vivant

Troisième édition pour le festival Open Source Body. Au programme, des rencontres et une exposition sous-titrée cette année Plus que vivant. À l’initiative du medialab Makery, cette manifestation réunit des artistes qui puisent leur inspiration dans le domaine de la santé, des biotechnologies et de la recherche médicale, questionnant ainsi les limites du corps humain et ses rapports, tourmentés, avec son environnement.

Une trentaine d’installations, artefacts et vidéos sont présentés. Dont Tiny Mining de Martin Howse ; première coopérative d’exploitation minière open source engagée dans l’exploitation potentielle de l’intérieur du corps humain vivant, pour en extraire les terres rares et autres ressources minérales

The Blue Flower in the Land of Technology d’Albert García-Alzórriz ; une étude audiovisuelle sur les conséquences esthétiques et politiques de la relation entre le corps humain et les dernières technologies médicales hospitalières

UNBORN0x9 de Shu Lea Cheang & Ewen Chardronnet ; une installation artistique qui s’interroge sur le développement des fœtus dans des utérus artificiels hors du corps (ectogenèse) et sur l’avenir cyborg de la parentalité…

Quorum Sensing : Skin Flora Signal System de Helena Nikonole & Lucy Ojomoko ; un projet qui consiste à développer des modifications génétiques du microbiome de la peau humaine afin de détecter les maladies par l’odorat…

Le festival sera marqué aussi par la performance de Maya Minder & Claudia Stöckli, la présentation du Bestiaire de l’Anthropocène par Disnovation (Nicolas Maigret, Maria Roskowska) et Nicolas Nova, des ateliers, une rencontre avec ORLAN et Marion Laval-Jeantet sur le thème « Quand l’art détourne la normativité médicale », une conférence animée par Ariel Kyrou (« Quand les artistes rencontrent la santé et la recherche biomédicale »)

En partenariat avec Bioart Society (Finlande), Laboratory for Aesthetics and Ecology (Danemark), Waag Future Lab (Pays-Bas), Kersnikova Institute (Slovénie), Open Source Body est co-produit par Art2M/Makery/MCD et la Cité internationale des arts, organisé dans le cadre du programme ART4MED – art meets health and biomedical research et co-financé par le programme Europe Créative de l’Union Européenne.

> du 28 septembre au 22 octobre, Cité internationale des arts, Paris
> https://www.opensourcebody.eu

une exposition conçue avec Fact, à découvrir dans les sous-sols de 180 Studios, qui propose des œuvres immersives, génératives, algorithmiques, 3D, holographiques et interactives de  Ryoichi Kurokawa (Subassemblies), UVA (Topologies, Vanishing Point), Caterina Barbieri & Ruben Spini (Vigil), Lawrence Lek + Kode9, Actual Objects, Gener8ion (Romain Gavras & Surkin), Gaika (Convo 2.2 Complex Confessional), Tundra (Row), NONOTAK (Daydream V.6), Ben Kelly & Scanner (aka Robin Rimbaud) (Columns), object blue & Natalia Podgorska, Weirdcore + Aphex Twin (Subconscious), Hamill Industries & Floating Points (Vortex), Ib Kamara, Ibby Njoya

> du 28 avril au 28 août, 180 The Strand, Londres (Angleterre)
> https://www.180thestrand.com/future-shock
> https://www.factmag.com

for space agriculture

Organisé par Esox Lucius, cette exposition de Valère Costes est programmée dans le cadre de la résidence hors les murs de l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire culturel du CNES.
Pour que des voyages spatiaux habités puissent se faire, les scientifiques étudient actuellement la possibilité d’une agriculture spatiale permettant aux équipages de pouvoir se nourrir.
Le projet de Valère Costes consiste à mettre en place une série de dispositifs techniques (mécaniques et électroniques) soumettant une sélection d’espèces de plantes à une sorte d’entraînement.
Les contraintes et péripéties liées à ce type de voyage y sont recréés et/ou extrapolées (force centrifuge, vibrations, accélérations, crash tests, perte de repères directionnels et lumineux…); ironisant ainsi non sans humour et avec poésie sur la volonté de cette nouvelle conquête verticale.
Les plantes s’en trouvent déformées, atrophiées, devant s’adapter à ces conditions de croissance en perpétuel mouvement. Chaque dispositif soumettra une plante à un traitement sur tout le long de sa croissance, une relation étroite semblera s’établir dans les binômes dispositifs techniques/plantes.
L’aboutissement du projet se fait sous forme d’herbiers des espèces testées, révélant leur propension à la résilience (déformation, atrophie, exubérance). Ceux-ci sont associés à un dessin du dispositif ainsi qu’à la description précise des conditions du test.
La conclusion philosophique et symbolique reste ouverte car, si la sérendipité est recherchée, celle-ci appartient aux capacités des plantes à accepter leurs conditions de croissance.

> Esox Lucius / Le quai (294M9), 140 rue de la Gare, 71740 Saint-Maurice-lès-Châteauneuf
> ouverture les mercredis, jeudis et vendredis de 14h à 17h, les samedis et dimanches de 14h à 18h ou sur RDV, jusqu’au 28 août
> https://esoxlucius-art.blogspot.com/

Placée sous le commissariat de Mathieu Vabre, l’exposition Irisations s’inscrit dans un rapprochement entre l’art cinétique, l’art optique et la création contemporaine à l’ère du numérique et participe au renouvellement de ces courants artistiques majeurs du XXe siècle. C’est en quelque sorte la « suite de la suite » de ce que Mathieu Vabre avait proposé pour les 40 ans de la Fondation Vasarely en 2016.

Les œuvres présentées explorent le rayonnement lumineux, son spectre, ses couleurs et le phénomène perceptif. Au fil des installations et dispositifs présentés dans l’exposition, les ondes lumineuses sont reflétées, réfractées, diffractées… laissant entrevoir de multiples arcs-en-ciel.

Ce phénomène d’irisation est recréé mécaniquement dans une « chambre à bulles de savon » par Verena Friedrich (The Long Now). Hernan Zambrano s’amuse aussi avec une bulle de savon qu’il « tisse » grâce à un système de fils de nylon sur lesquels glisse de l’eau savonneuse. Les spectateurs pouvant interagir, jouer avec les fils et modifier ainsi les formes générées (Iris).

Flavien Théry joue sur la décomposition des couleurs, en suscitant la confusion avec un dispositif stroboscopique (Le Blanc n’existe pas) ou en faisant défiler le spectre des couleurs de manière décalée (Les contraires n°2). Romain Tièche se base également sur un défilement sur écran d’une lumière blanche décomposée en couleurs chromatiques primaires (vert, rouge, bleu) (Random Shot Of The Light).

Couleur inexistante qui nait de la superposition du bleu et du rouge, le magenta est extra-spectral comme l’avait démontré Newton en son temps. Une expérience qu’a recréé Alistair McClymont (Magenta).

Lucien Bitaux s’inspire et matérialise des phénomènes de troubles de la vision via des sculptures combinant de multiples prismes (Les Liminaux). Il présente également des gravures photographiques sur plastique. L’angle de vue révèle les couleurs par endroits, selon la découpe préalable et la chaleur dégagée au moment de la gravure sur des filtres polarisants (Les Images Phénoménologiques).

À l’extérieur de l’Espace Gantner, Natalia de Mello a installé des sculptures d’acier recouvertes de peinture holographique iridescente ; en d’autres termes, qui réagit uniquement à la lumière du soleil (Fragments d’arc-en-ciel). Un petit système d’arrosage permet même de recréer un arc-en-ciel.

Adrien Lucca s’est interrogé sur la différence entre lumière naturelle (chaude) et artificielle (froide). En modulant des milliers de diodes électroluminescentes, il a réussi à se rapprocher des variations qu’offre la lumière naturelle de fin du jour (Lampe Ciel 1.2).

> jusqu’au 16 juillet, Espace Multimedia Gantner, Bourogne
> https://www.espacemultimediagantner.cg90.net/

L’ère des médias semblables à la vie

Exposition organisée par le prestigieux ZKM (le Centre d’art et de technologie des médias de Karlsruhe), en collaboration le CDA d’Enghien, BioMedia propose des pièces et dispositifs « bio-mimétiques ». À la différence du bio-art qui œuvre au plus près de l’organique, le bio-mimétique cherche à se rapprocher de la vie par la mécanique, l’électronique et la cybernétique. Sur ce postulat, deux tendances sont proposées au travers de cet événement. L’une sous l’angle des technologies appliquées au domaine de l’environnement sous la forme d’écosystèmes hybrides et l’autre, sous celui des technologies relatives cette fois à l’humain, permettant d’envisager une « évolution artificielle ».

Jake Elwes, CUSP, 2019. Photo: D.R.

Le premier volet présente, notamment, le Supraorganism (2021) de Justine Emard. Une installation évolutive basée sur les mouvements d’un essaim d’abeilles qui fait réagir des sculptures robotiques en verre suspendues comme des mobiles. Jake Elwes joue également avec des données animales, celles d’oiseaux des marais soumises à l’intelligence artificielle, pour tenter un dialogue entre créatures artificielles et naturelles (Cusp, 2021). Anna Dumitriu et Alex May attirent notre attention sur le changement climatique en (re)créant des micro-organismes unicellulaires — ancien et ultime témoignage de vie avant la grande catastrophe — qui baignent dans des récipients en verre nimbés de couleurs hypnotiques (ArchæaBot, 2018-2019). L’installation de Jakob Kusdsk Steensen, Re-Animated (2018-2019) est également nimbée de reflets verts, bleus et violets. Ces paysages virtuels nous immergent dans un écosystème complet, à la fois réaliste et étrange; un peu comme celui de la planète Pandora…

Anna Dumitriu & Alex May, ArchæaBot: a post climate change, post singularity life-form, 2018-2019. Photo: D.R.

Le deuxième « chapitre » met en scène des machines, des robots et des androïdes à l’hyperréalisme troublant. Celui d’Anna Dumitriu et Alex May ressemble encore à une poupée mécanique améliorée, capable de se déplacer et de réagir aux sollicitations du public grâce à des capteurs combinés à des algorithmes (Cyberspecies Proximity Digital Twin, 2020). Les androïdes siliconés de Maija Tammi (One Of Them Is A Human #1, 2017) et de Stephanie Dinkins (Conversation With BINA48, 2014) sont beaucoup plus intrigants. Leur apparence, leur ressemblance poussée étant la source du malaise que l’on ressent en leur présence. Ces deux propositions illustrent la fameuse notion de « vallée dérangeante » avancée par le roboticien japonais Masahiro Mori dès les années 70s.

Jakob Kusdsk Steensen, Re-Animated, 2018-2019. Photo: D.R.

BioMedia — l’ère des médias semblables à la vie, exposition organisée par le ZKM en collaboration le CDA d’Enghien avec Anna Dumitriu, Jake Elwes, Justine Emard, Stephanie Dinkins, Jakob Kudsk Steensen, Alex May, Christian Mio Loclair, Matthew Lutz, Alessia Nigretti, Sascha Pohflepp, Maija Tammi, Jeroen van der Most, Peter van der Putten, Fabien Zocco

> du 13 mai au 8 juillet, Centre Des Arts, Enghien
> https://www.cda95.fr/

Anna Dumitriu & Alex May, Cyberspecies Proximity Digital Twin, 2020. Photo: D.R.