Archive d’étiquettes pour : 1024 architecture

La lumière telle que vous ne l’avez jamais vue

Douze artistes qui brillent de mille feux… Quinze installations monumentales qui invitent à l’immersion… C’est l’exposition grand public de cet été 2025 en matière d’art numérique et affilié. Mais on aurait tort de bouder notre plaisir sous prétexte que cette « monstration » s’adresse au plus grand nombre. Chapeauté par l’agence et studio de création Tetro, le « casting » est sans appel et la Grande Halle de La Villette à Paris permet de déployer des installations qui ont besoin d’espace sans se chevaucher.

Christophe Bauder & Robert Henke, Grid. Photo: D.R.

L’effet tunnel
La plongée dans cette exposition se fait en passant par un grand corridor qui accueille Beyond, l’installation de Playmodes. Dans la lignée d’une de leur autre création (WaveFrame), le tandem espagnol Eloi Maduell et Santi Vilanova propose une déambulation sonore et lumineuse sur près de 20 mètres avec un fond blanc en ligne de mire. Les traits de lumière en forme de « U » inversé soulignent la forme de cette structure et leurs clignotements démultiplient l’impression de profondeur, de perspective.

Cet « effet tunnel » est renforcé par une bande-son en diffusion multicanal. Les enceintes laissent échapper de l’ambient-dark et des rondeurs synthétiques avant une séquence finale d’obédience drum-n-bass. Musiques et cultures digitales, disions-nous… L’ensemble des pièces et installations est soutenu par des compositions électroniques tour à tour rythmées, hypnotiques ou abstraites.

Children Of The Light, Spiraling Into Infinity. Photo: LD

Des ambiances sonores qui se marient bien dans l’obscurité qui domine, aussi paradoxal que cela puisse paraître vu la thématique. Au fil des installations, c’est une lumière blanche, crue et presque aveuglante qui zèbre les ténèbres dans la première partie de cette exposition qui en compte cinq. On retrouve de la couleur et des formes composées plus loin, dans les autres sections.

La fin du parcours d’expo ressemble à un couloir temporel… Les visiteurs sont invités à traverser un container customisé avant de regagner la sortie. Les lumières miroitant à l’intérieur fonctionnent comme un kaléidoscope. Il s’agit de Passengers, une installation itinérante de Guillaume Marmin qui transfigure les lieux d’expositions et les visiteurs. L’ambiance sonore est signée par l’artiste et compositeur Alex Augier. Avec Negative Space, Olivier Ratsi nous entraîne lui aussi dans un tunnel ou plutôt dans un labyrinthe comme ceux des palais des glaces… Sauf que les panneaux-miroirs de son dédale sont remplacés par des douches de lumière soulignées par de la fumée et une bande-son intrigante…

Nonotak, Narcisse. Photo: LD

Spirales et mouvements
Outre une sensation de profondeur, la lumière peut aussi suggérer le mouvement. C’est le cas avec Spiraling Into Infinity de Children Of The Light (Christopher Gabriel + Arnout Hulskamp). Une sculpture lumineuse toute en courbes, composée de longs « spaghettis » transparents dans lesquels courent des lumières colorées, synchro avec la musique mystérieuse de Jakob Lkk. Les visiteurs sont libres d’évoluer au sein de cette installation et en quelque sorte de se connecter, si ce n’est d’interagir, avec ce flux lumineux.

On reste sur la figure de la spirale — fixe pour ce qui est de l’armature, mais qui s’anime et semble s’élever sous l’effet de la lumière — avec Nautilus du Collectif Scale. En plus de cette installation scénographique, le collectif propose aussi une fresque géométrique qui passe du noir et blanc à des couleurs vives : Carnaval. Soit une multitude de lignes de fuite se combinent et recombinent presque à l’infini provoquant là aussi une sensation de mouvement et de profondeur.

Le mouvement, rien que le mouvement : Narcisse de Nonotak est une installation composée d’une série de petits miroirs pivotants alignés sur trois rangées. Leur rotation provoque des jeux d’ombres et de flux avec la lumière qui se réfracte. On notera aussi la présence de 1024 architecture qui nous place face à un cube 3D (Orbis 2) certes doué d’évolution et de mouvement, mais dont la « pertinence » tant par rapport à la thématique de l’expo qu’au travail de ce collectif nous échappe un peu…

Collectif Scale, Carnaval. Photo: D.R.

Immersion horizontale
Il arrive parfois (souvent ?) que l’on arpente une expo au pas de course. Mais ici, plusieurs œuvres nous invitent à prendre notre temps. Parce que leurs variations se déploient sur de longues séquences. Et parce que certaines se dévoilent pleinement en immersion. Ainsi la pièce emblématique Grid de Christophe Bauder & Robert Henke (alias Monolake : musique électronique et art numérique encore…). Ce mobile suspendu est composé de triangles de néons bleutés (pas moins de 48 triangles pour cette version updatée 2025). Cet ensemble monte, descend ou pivote lentement au-dessus du public qui est allongé en dessous.

Même position pour expérimenter l’Abîme de Visual System. L’espace est un peu plus contraint que celui dont dispose Bauder & Henke, mais la pratique est la même : confortablement allongé, le public se laisse envoûter par les figures géométriques générées par cette installation vidéo. Cette configuration renforce encore plus le côté hypnotique de cette expérience sensorielle, comparé à la version projetée frontalement sur multi-écrans.

Bien évidemment la contemplation de la voûte céleste requiert le même genre de dispositif. C’est ce que propose Quiet Ensemble avec Solardust : une nuée de petites lumières qui scintillent, changent de couleurs et de textures. Ces particules lumineuses qui semblent parcourues d’arcs électriques ont une « épaisseur », une « réalité » holographique qui donne l’impression de se baigner dans la capture d’écran d’un télescope spatial.

Quiet Ensemble, Solardust. Photo: LD

Le cercle rouge
Si la lumière est aussi une onde, pour l’homme le symbole premier de ce « plus beau spectacle du monde » reste le soleil. C’est ce que nous rappelle Guillaume Marmin avec Oh Lord. Cette installation vidéo qui laisse voir en contrepoint les éruptions solaires et des entrecroisements de pixels à la Ryoji Ikeda a été réalisée en collaboration avec l’Observatoire de Paris Meudon et l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble.

Jacqueline Hen attire les visiteurs au plus près de son immense soleil : One’s Sunset Is Another One’s Sunrise. Pour s’approcher au plus près de ce cercle d’acier suspendu, qui emprisonne de petits miroirs carrés réfléchissant une lumière rouge-orangé, il faut fouler un sol bleu nuit semblable à une plage de sable…

Jacqueline Hen, One’s Sunset Is Another One’s Sunrise. Photo: LD

A contrario, pour leur deuxième œuvre présentée dans le cadre de cette exposition, Children Of The Light ont choisi l’absence de lumière, à savoir l’allégorie d’une éclipse solaire. Diapositive est constituée d’un cercle en métal noir accroché en hauteur qui diffuse alternativement ou partiellement de la lumière, en son centre et à l’extérieur, en suivant un long et lent mouvement de rotation.

Karolina Halatek met en scène aussi un cercle, un disque disposé à l’horizontale et qui semble léviter dans un Halo de fumée blanchâtre. Cette installation est inspirée par des phénomènes lumineux observés autour du soleil et de la lune. On peut se faufiler à l’intérieur pour mieux s’immerger, s’imprégner de la dimension contemplative de ce dispositif, mais peu de gens osent franchir le cap…

Laurent Diouf

> Into The Light : l’expo, jusqu’au 31 août, La Villette, Paris
> https://www.lavillette.com/
> https://www.intothelight.paris/

Guillaume Marmin, Passengers. Photo: LD

Biennale des imaginaires numériques

Expositions, installations, performances, ateliers et tables rondes… Chroniques, la Biennale des imaginaires numériques a pris son envol début novembre dans le Grand Sud, entre Marseille, Aix-en-Provence, Avignon, Istres et Châteauneuf-le-Rouge, et poursuit sa course jusqu’au 19 janvier 2025.

Line Katcho & France Jobin, De-Construct. Photo: D.R.

Cet événement a débuté à Marseille par de nombreuses performances audiovisuelles — dont celles de Line Katcho & France Jobin (De-Construct), Martin Messier (1 Drop 100 Years) — ainsi que des installations sonores et cinétiques (Primum Mobile de Simon Laroche), une expérience participative décalée et immersive d’Adelin Schweitzer (Le test Sutherland) et une autre expérience qui visait à soumettre, de manière passive et en aveugle, une personne à des ondes sonores générant en retour des mouvements et sensations divers (Transvision de Gaëtan Parseihian & Lucien Gaudion)…

Comme lors de la précédente édition, des installations sonores, lumineuses, interactives ou participatives ont marqué également le lancement de la biennale à Aix-en-Provence, dans l’espace public : Lux domus de Josep Poblet, Écrin de 1024 Architecture, Faces d’Iregular… Certaines de ces œuvres in situ seront visibles plusieurs semaines, comme Épique : l’intriguant triptyque vidéo de Maximilian Oprishka

Maximilian Oprishka, Épique… Photo: D.R.

Au long cours, durant toute la biennale, des expositions collectives sont proposées à la Friche Belle de Mai à Marseille. Regroupant une douzaine de vidéos, d’installations et de dispositifs interactifs, PIB – Plaisir Intérieur Brut explore la marchandisation du désir à l’ère numérique. Les œuvres d’Anne Fehres & Luke Conroy, Ugo Arsac, Donatien Aubert, Teun Vonk, Dries Depoorter, Severi Aaltonen, Telemagic, Nina Gazaniol Vérité, Filip Custic, Marit Westerhuis, Chloé Rutzerveld & Rik Van Veldhuizen & Adriaan Van Veldhuizen et Jeanne Susplugas mettent ainsi en lumière les paradoxes de notre époque…

Donatien Daubert, L’Héritage de Bentham. Photo: D.R.

Un parcours intitulé Derniers Délices, en référence au Jardin des délices de Jérôme Bosch, propose des installations immersives conçues par Smack (Speculum) et Claudie Gagnon (Ainsi passe la gloire du monde). L’exposition collective Nouveaux environnements : approcher l’intouchable regroupe des œuvres de modélisation 3D et réalité virtuelle conçues par des artistes québécois (Baron Lanteigne, Caroline Gagné, François Quévillon, Laurent Lévesque & Olivier Henley, Olivia McGilchrist et Sabrina Ratté). À leurs paysages énigmatiques se rajoute Ito Meikyū de Boris Labbé. Une création qui revisite, à la manière d’une fresque en VR, une partie de l’histoire de l’art et de la littérature japonaise.

Dans les derniers jours et en clôture, c’est-à-dire mi-janvier, le public pourra expérimenter de nouvelles formes de récit grâce à La Tisseuse d’histoires du collectif Hypnoscope. Une œuvre hybride et participative qui fusionne spectacle vivant, musique live, réalité virtuelle et création cinématographique. Autre œuvre hybride : Mire de Jasmine Morand (Cie Prototype Status). C’est à la fois une installation kaléidoscopique et une performance chorégraphique qui transfigurent les corps nus des danseurs évoluant dans cette drôle de « machine de vision ».

Adrien M & Claire B, En Amour. Photo: D.R.

Les spectateurs pourront aussi interagir au sein de l’installation immersive d’Adrien M & Claire B (En Amour). Un live A/V de Sébastien Robert & Mark IJzerman sur la thématique des fonds marins, des cétacés qui y vivent et de l’exploitation des ressources minières qui menace cet éco-système (Another Deep) doit également ponctuer cette biennale. La fin, la vraie, celle de la vie comme de la fête, sera « palpable » pendant 15 minutes : l’installation / performance de Studio Martyr propose de s’immerger dans une fête en 3D peuplée de spectres et de vivre, en accéléré et en VR, toutes les étapes du deuil (Disco Funeral VR)…

> Chroniques, biennale des imaginaires numériques
> du 07 novembre au 19 janvier, Marseille, Aix-en-Provence, Avignon, Istres, Châteauneuf-le-Rouge
> https://chroniques-biennale.org/

festival des arts multimédia

La douzième édition de Gamerz — festival des arts multimédia basé à Aix-en-Provence et porté par l’association M2F / Lab Gamerz — vient de se refermer le dimanche 13 novembre après dix jours d’expositions, performances, ateliers et rencontres. Cette année, cette manifestation se distribuait essentiellement autour de deux parcours d’expositions : Univers Simulés (à la Fondation Vasarely avec Ewen Chardronnet en commissaire invité) et D. Générer (dans différents lieux, sous la direction artistique de Quentin Destieu). Pour l’essentiel symptomatique des utopies et dystopies liées aux nouvelles technologies émergentes depuis la seconde moitié du XXe siècle (cybernétique, conquête spatiale, robotique, etc.), les pièces, installations et projets proposés développaient des esthétiques, mondes et chimères questionnant notre société désormais gouvernée par des algorithmes et en proie à l’obsolescence programmée. Retour d’horizon…

Symbole s’il en est de cette gouvernance mathématique, les robots-traders qui pilotent à vitesse folle les marchés boursiers sont une source d’inspiration pour le collectif RYBN qui ne cesse de dénoncer l’absurdité des ressorts de cette économie-monde au travers d’ADMXI. Un « vrai-faux » logiciel de trading dont les ressorts algorithmiques reposent sur des prémisses ésotériques (l’harmonie des sphères, un thème astral ou des figures de la géomancie, par exemple…). Mais une fois introduits dans le circuit spéculatif de la finance, ces automates informatiques fonctionnent comme leurs homologues qui obéissent à l’orthodoxie capitaliste !

Contrôler les flux, être informé en temps réel de tous les paramètres socio-économiques et décider ainsi en toute majesté : poussé à son comble, ce regard panoptique doublé d’une volonté de puissance ne peut qu’engendrer un monstre informatique. Même avec les meilleures intentions du monde. Un tel projet, fou, fut pourtant mis sur pied par Stafford Beer durant le gouvernement Allende au Chili. Nom de code de ce Big Brother chilien : Cybersyn ou le Projet Synco… Nous sommes au début des années 70s. L’informatique est plus que rudimentaire, surtout vue l’objectif. Il faut une armée d’opératrices pour traiter les télex. Et la salle de contrôle ressemble furieusement au poste de pilotage de l’Enterprise du capitaine Kirk…

Cybersyn ne sera pratiquement pas opérationnel, sauf lors d’une grève des camionneurs. La dictature de Pinochet mettra fin de manière sanglante à ce système. Regina de Miguel a exhumé des archives de ce projet méconnu pour en faire un montage vidéo sur une bande-son signée Lucrecia Dalt (Una historia nunca contada desde abajo). Sur ce principe, elle propose aussi un autre film en forme de narration spéculative autour de l’écologie et de la recherche scientifique, alternants paysages gelés, archives photo de travaux scientifiques et rotations d’antennes radar sur une bande-son post-indus conçue par Jonathan Saldanha (Nouvelle Science Vague Fiction).

Regina de Miguel reviendra sur sa démarche lors d’une conférence-débat où se produisait également Konrad Becker en marge de Painted By Numbers, son installation réalisée conjointement avec Felix Stalder. Soit une série d’extraits d’interviews de scientifiques et activistes dont les paroles s’entrechoquent comme une partie de ping-pong par écrans interposés. Sur l’estrade et en solo, Konrad Becker s’est lancé dans un long monologue, sur un débit saccadé et une succession d’images presque samplées, pour nous faire partager les analyses politico-culturelles à propos des dangereuses limites de la culture digitale. Un écho « live & direct » des propos que ce vétéran de indus-noise-experimental propage au sein de son World-Information Institute depuis des lustres.

La conquête spatiale était également au programme avec les « agents non-humains » Špela Petrič, Miha Turšič, Dunja Zupančič et Dragan Živadin qui ont développé des installations assez minimalistes autour de Voyager; matérialisant le trajet, la position, etc. de la sonde par des lumières, sons et aplats de couleurs. À ce jour, c’est l’engin d’origine terrestre le plus éloigné de notre système solaire, photographié une dernière fois il y a près de 15 ans à longue distance. Actuellement, Voyager 1 se trouve à 136,63 UA (i.e. 20,43 milliards de km). Sa sœur jumelle Voyager 2 à « seulement » 112,64 UA sur une ellipse différente. Toutes deux emportent un disque d’or avec des messages sonores (grâce à Carl Sagan qui avait déjà apposé la fameuse plaque avec le salut terrien à destination d’extraterrestre sur Pioneer 10 et 11 parties 5 ans avant Voyager)…

Changement de registre avec Walking Cube, la nouvelle structure évolutive de 1024 architecture (aka François Wunschel & Pier Schneider + Jason Cook pour ce projet spécifique). Comme son nom l’indique, il s’agit d’un cube tubulaire dont l’agencement se module grâce à un dispositif pneumatique. Agité de spasmes mécaniques, le cube semble ainsi danser de manière chaotique, comme un robot maladroit.

Autre structure métallique évoquant cette fois les robots-insectes tueurs du film Runaway, L’Évadé du futur : le Chimères Orchestra conçu par le collectif Reso-nance. Accrochées à la charpente métallique de la salle principale de Seconde Nature, ces espèces de fourmis géantes frappent le support sur lequel elles sont suspendues, créant ainsi une sorte de symphonie percussive assez étrange. Au sol tournoyaient les pâles d’une sorte de gros ventilateur. Ce Rotor est l’œuvre — pas très convaincante, faute de lisibité de l’intention (i.e. la sonification de données anémométrique) — de Lucien Gaudion.

Nous avons eu également l’impression d’être devant des insectes, devant une fourmilière, face à Refunct Modular : en fait, il s’agit de vieux appareils dont les mécanismes ont été désossés et mis à nu par Benjamin Gaulon. Tout en cliquetis et clignotements, cet alignement de cartes-mères, transistors, diodes, petits haut-parleurs, se donne à voir également comme une « fresque multimédia ». Un principe d’alignement reprit pour KindleGlitched : une série de liseuses Kindle défectueuses que Benjamin Gaulon a récupéré et qui n’affichent désormais plus que des images « dé-générées », accidentées (glitch)…

Le détournement était aussi à l’ordre du jour avec Alexis Malbert alias Tapetronic qui customise des K7, les transformant en autant de petits gadgets ludiques avec lesquels on peut scratcher. Et plus si affinités (cf. la Vibro cassex…). Une pratique de détournement simple, low-tech, qu’il était possible de partager et d’expérimenter lors d’un atelier dédié.

Toujours sur le plan du détournement, d’image et de communication cette fois, France Cadet « exhibait » son gynoïde virtuel… En d’autres termes, un androïde féminin en 3D se jouant de la publicité d’Aubade : HoloLeçon n°32. Au passage, on regrettera que cette modélisation ne bénéficie pas d’une plus grande exposition (au sens strict), que ces animations soient présentées dans un plus grand format. Dans le même espace, Paul Destieu proposait également une animation 3D où s’agitaient des baguettes suspendues, symbolisant les Mouvements pour batterie, d’après Himéra. Avatar des « concrétions » qu’il réalise par ailleurs. Mais pour des raisons presque indépendantes de notre volonté, on ne peut s’empêcher de penser à une séquence de Fantasia (Disney, 1940…).

Le projet le plus farfelu et inquiétant à la fois revenant à Olivier Morvan qui, au travers d’une accumulation d’objets, de sons, de musique et d’un film, nous transporte dans La maison tentaculaire de Sarah Winchester… L’histoire est vraie et cela rend encore plus saisissant cette proposition. Après la disparition d’êtres chers, l’héritière des célèbres marchands de mort (la fameuse carabine) verse dans le spiritisme, pratique en vogue à la fin du XIXe siècle, et consulte un médium qui, nous dit la légende, lui conseille de faire quelque chose pour toutes les âmes en peine qui ont été tuées par… une Winchester ! Cela fait du monde…

Pour ce faire, elle entreprend donc la construction d’une maison à San José, en Californie. Les travaux débutent en 1884. Ils ne s’arrêteront qu’en 1922, au décès de sa propriétaire. Entre-temps, pendant 38 ans donc, guidée par des esprits pas toujours bienveillants, Sarah multiplia les plans, les innovations high-tech pour l’époque (ascenseur, chauffage central, toilettes, etc.), les pièces (au total, 160 dont 40 chambres !), les bizarreries architecturales (escalier menant au plafond, placards sans fonds, fenêtres ouvertes sur le sol, etc.) et bien sûr les références au nombre 13…

Laurent Diouf

> http://www.festival-gamerz.com