Imaginaires pour une société post-croissance

Le « Grand Jeu » de la post-croissance est expliqué par le collectif Disnovation.org au travers d’une exposition jusqu’au 21 janvier à l’Espace Multimédia Gantner. Déjà présenté dans le cadre d’autres manifestations et festivals, Post Growth met en scène la critique du productivisme, les aberrations et les dégâts écologiques, climatiques, énergétiques et sociologiques, causés par le développement inconséquent de la « techno-science ». Sur ce plan, Disnovation s’affirme comme un lointain héritier des universitaires — de Jacques Ellul à Alain Gras, en passant par Jürgen Habermas, Gilbert Simondon ou Bernard Charbonneau — qui ont remis en cause le culte de la technique et pointé les conséquences écologiques de la production et de la consommation effrénées.

Le fruit de cette critique se matérialise par des installations et des interventions ; le collectif préfère le terme d’expérience laboratoire pour désigner notamment des situations et objets qui traduisent physiquement et symboliquement cette problématique de la post-croissance. Les œuvres proposées sont ainsi des éléments de réflexion et de décodage permettant d’appréhender ces questions au-delà du point de vue théorique, de mesurer concrètement l’ampleur de la catastrophe qui vient » (et qui dans certains cas est déjà là…).

Ainsi, le Bestiaire de l’Anthropocène, sorte d’atlas des espèces « hybrides » en 24 planches regroupant plantes, animaux et minéraux chimériques, et pourtant bien existants, corollaires de l’industrialisation sans frein : vaches à hublot, nouveaux virus, champignons radioactifs, matériaux résiduels (fordite), corps composites et autres artefacts inquiétants qui peuplent désormais notre monde. Disnovation.org a aussi développé une sorte de jeu de société avec des cartes « tactiques » (Post Growth Toolkit). Ces fiches permettent d’initier des discussions et débats autour de quelques notions clefs (énergie zombie, court-termisme, extractivisme, effet rebond, soleil ancestral, artificialisation globalisée, informatique effondriste, principe de la 7e génération…).

Dans le même ordre d’esprit, les Energy Slave Tokens concrétisent, sous forme de poids en bitume, le temps de travail humain rapporté à une quantité d’énergie fossible équivalente (1 heure, 1 jour, 1 semaine, 1 mois). Sachant que, pour son fonctionnement et sa vie quotidienne, l’Européen moyen emploie l’équivalent de 400 à 500 « esclaves énergétiques » par jour… Visibilité encore avec The Farm, soit du blé cultivé « indoor » sur un mètre carré. Ce dispositif permet d’exprimer la partie obscure de l’économie, de quantifier les charges et les coûts « invisibles » ou non pris en compte par rapport à l’éco-système où s’insère une production donnée.

Post-Growth : imaginaires pour une société post-croissance, exposition par le Collectif Disnovation.org (Maria Roszkowska, Nicolas Maigret, Baruch Gottlieb, Jérôme Saint-Clair) avec Clémence Seurat, Julien Maudet, Nicolas Nova, Pauline Briand…

> jusqu’au 21 janvier, Espace Multimédia Gantner, Bourogne (Territoire de Belfort)
> https://www.espacemultimediagantner.cg90.net/fr/

de la Biennale des Imaginaires Numériques

Émanation des associations Seconde Nature et Zinc, la Biennale des Imaginaires Numériques se déroule jusqu’au 22 janvier sur Aix-en-Provence, Marseille et Avignon. Cette troisième édition, lancée le 10 novembre dernier, est axée autour de la thématique de la nuit. Une thématique déclinée au travers de nombreuses installations, expositions, performances, concerts… Un moment d’échange est également réservé aux acteurs culturels lors de Rencontres Professionnelles du 18 au 22 janvier.

Ce rendez-vous, gratuit sur inscription, propose des tables rondes pour débattre des questions qui traversent actuellement l’art numérique, en particulier à propos des NFT. Une remise du prix de la Fondation Vasarely x Chroniques. Un focus sur le MIAN (Marché International de l’Art Numérique) avec la présence d’artistes, producteurs et programmateurs des pays invités lors des 3 éditions de la Biennale (Québec, Taiwan, Belgique).

Ces rencontres professionnelles seront aussi l’occasion de découvrir le programme européen Digital Inter/Section (DI/S) qui propose des modèles de développement pour des institutions culturelles du secteur des arts et cultures numériques. Ce projet vise à diversifier les sources de revenus et les modèles commerciaux de ces organisations tout en promouvant un développement économique durable, éthique et inclusif..

Rencontres Professionnelles de la Biennale des Imaginaires Numériques
> tables rondes, expositions et performances avec Ombeline Rosset, Pierre Pauze, Lucie-Eléonore Riveron, Justine Emard, Pierce Warnecke, Ana Bedenko, Mario Kudnosky, Klio Krajewska, Nicolas Wierinck, Wen-Chi Su
> du 18 au 22 janvier, Aix-en-Provence, Marseille, Avignon
> https://chroniques.org/

Durant un mois, à partir du mercredi 9 novembre, le Labo Arts & Techs de Stereolux organise un Cycle thématique autour des Enjeux environnementaux des arts numériques. Au programme, une série de tables rondes sur le low-tech, l’éco-conception des arts numériques et la responsabilité du numérique et de la création artistique.

Le monde du numérique a semblé pendant longtemps épargné par les questions environnementales, apparaissant même pendant un temps comme étant une panacée en ce domaine face aux industries et entreprises de l’Ancien Monde… Mais la prise de conscience actuelle de l’urgence et de la globalité du problème du changement climatique oblige le secteur du numérique à faire en quelque sorte aussi son « auto-critique » et à réfléchir sur de nouvelles manières de créer, de montrer, de s’engager. Qui plus est, ce défi est devenu au fil des dernières années une véritable source d’inspiration pour les acteurs et créateurs du numérique.

Face à ce défi, les pistes et les questions multiples. Elles seront l’objet des discussions de ces tables rondes proposées tout au long de ce cycle. Les interrogations sur la réduction des impacts du numérique, par exemple, sont devenues fondamentales. Cela passe par un changement de paradigme dans notre manière de penser, de concevoir et d’utiliser le numérique, pour tendre vers une meilleure compréhension et une meilleure prise en compte des effets qu’il génère. S’il devient ainsi nécessaire d’inventer de nouvelles manières de faire, la mise en place de nouveaux imaginaires et sensibiliser les acteur(ice)s du secteur et utilisateur(ice)s est également un enjeu important.

La réduction de l’impact environnemental du secteur des arts numériques, que ce soit au niveau des œuvres, mais aussi au niveau des structures de diffusion et de production, sera au centre de ces débats. Le fait que la notion d’éco-conception, traditionnellement appliquée dans un contexte industriel, s’invite dans ce débat est révélateur d’une vision nouvelle, d’une autre « manière de faire ». Désormais, pour les démarches artistiques aussi il faut identifier les impacts environnementaux générés par les différentes étapes de création, de production, de diffusion et de conservation d’une œuvre, puis mettre en place des actions permettant de les diminuer, sans perdre de vue l’intention artistique initiale. Et dans le domaine des arts numériques, cette démarche croise à la fois des problématiques communes à d’autres domaines artistiques (choix de conception et de matériaux par exemple), mais aussi des enjeux plus particuliers, notamment au niveau des technologies numériques utilisées ou de modes de production, de diffusion et de conservation souvent spécifiques.

Dans ce contexte, la démarche low-tech est sans doute pionnière. Portée par de nombreux artistes s’inscrivant dans une approche critique des technologies numériques, souhaitant réduire l’impact environnemental et social de leurs projets, ou explorant les enjeux artistiques et esthétiques d’objets électroniques de première génération, moins complexes, et mêlant récupération, bricolage et recyclage. Cette démarche low-tech s’inscrit dans le contexte d’une prise de conscience sur l’impact environnemental et social des technologies numériques et semble pouvoir être une réponse possible aux problématiques qu’elles soulèvent. On notera toutefois que dans les pays de l’Hémisphère Sud, le low-tech est une réalité tangible depuis des décennies, non par choix ou prise de conscience tardive, mais simplement par nécessité…

Enfin, un workshop sur 3 jours, du mercredi 16 au vendredi 18 novembre, animé par les artistes Selma Lepart et Nathalie Guimbretière, sera consacré au low-tech et à la soft robotic. Ouvert à tous et singulièrement aux makers, designers, technicien(ne)s et artistes, cet atelier a pour objectif d’ouvrir de nouveaux champs exploratoires. Dans ce cadre, les participant(e)s seront amené(e)s à découvrir la robotique créative, à expérimenter et à créer des objets et des dispositifs à partir d’éléments souples et déformables (comme des éléments pneumatiques, de pliage mobile, etc.), mais aussi à partir de matériaux responsifs (par exemple les métaux à mémoire de forme).

Cycle thématique : enjeux environnementaux des arts numériques
Du 9 novembre au 8 décembre, Stereolux, Nantes
> https://www.stereolux.org/

Faire Monde

Le festival Octobre Numérique est porté par l’association Faire Monde qui regroupe Actes Sud, la biennale Chroniques, Extramentale et Fabbula.

Au carrefour du jeu vidéo, des arts, du Web3 et du métavers, Octobre Numérique explore les mondes virtuels inclusifs, ouverts et durables et propose tout au long du mois d’octobre 2022, des expositions, performances, ateliers et rencontres dans des lieux emblématiques d’Arles et sa région avec Isabelle Arvers, Marie Leblanc Flanagan, Stella Jacob, Velvet Aubry & Morgan Labar, Anika Meier & Manuel Rossner, u2p050, Fabien Fabre, Marylou Petot, Fractal Fantasy, MHSR, NAXS Corp. & Meuko! Meuko!, Robert Lippok & Lucas Gutierrez, Sabrina Ratté…

L’exposition Jouer Collectif met en lumière des pratiques qui fabriquent du lien. Huit curateur·rice·s invité·e·s ont choisi de présenter un jeu vidéo ou un monde virtuel né d’un collectif et d’une volonté de partage. Le jeu devient le lieu d’affirmation d’un « soi communautaire », de fabrique de nouveaux imaginaires collectifs, d’expériences envoûtantes, ou encore le lieu d’une reconnection avec la nature.

L’édition 2022 d’Octobre Numérique sert également de cadre pour le lancement de Realities in Transition, avec l’accueil d’une délégation de professionnel·les européen·nes des industries créatives. Les objectifs de ce projet d’exploration et de soutien à la création XR sont notamment de constituer une communauté professionnelle européenne de créatifs et d’activistes XR, d’initier des réseaux de réflexion et de partage de pratiques, de s’interroger sur les défis politiques, économiques et créatifs que révèle le développement des environnements combinés réels et virtuels et les interactions homme-machine générés par la technologie.

Ce projet est conduit avec sept partenaires européens : L.E.V. Festival (Gijón, Espagne), Kontejner (Zagreb, Croatie), Black Euphoria (Marseille, France), Ars Electronica (Linz, Autriche), iMAL(Bruxelles, Belgique), V2_Lab (Rotterdam, Pays-Bas) et porté par l’association Seconde Nature (Aix en Provence, France).

> du 05 au 30 octobre, Pays d’Arles
> https://octobre-numerique.fr

Design Des Signes : de l’œuvre à l’usage

Expositions, performances, VR, conférences, lives, projections : la 22ème édition du Festival accès)s( est axé autour du design et à sa capacité à faire signe dans l’Art.

L’invité d’honneur n’est autre que Samuel Bianchini présent avec 8 pièces, anciennes et récentes. Il interroge les rapports entre nos dispositifs technologiques, nos modes de représentation, nos nouvelles formes d’expériences esthétiques et nos organisations sociopolitiques en collaboration avec de nombreux scientifiques et laboratoires internationaux de recherche en sciences de la nature et en ingénierie.

Il y a aussi les fantômes d’artistes pionniers aujourd’hui disparus : Robert Breer (Floats, des sculptures flottantes créées au milieu des années 60 et exposées à l’exposition universelle d’Osaka en 1970) et Nicolas Schöffer (Lumino, une sculpture lumineuse élaborée en 1968 et qui a été commercialisée internationalement).

Parmi les œuvres étonnantes, signalons Haruspices, l’installation pneumatique et évolutive de Jonathan Pêpe. Composé d’une cage thoracique rigide à laquelle s’adjoint quatre organes en silicone, l’engin pulse un rythme d’humeurs déterminées par des flux en temps réel d’informations provenant des réseaux sociaux puis interprétés en quatre « émotions » par l’intelligence artificielle IBM Watson.

Mentionnons aussi Bug Antenna de Raphaëlle Kerbrat qui rend perceptible les ondes électromagnétiques, invisibles à l’œil nu, et inaudibles pour l’être humain, mais omniprésentes dans nos quotidiens. La sculpture-objet en réalité augmentée de Grégory Chatonsky et du designer Goliath Dyèvre, Internes (l’augmentation des choses), est pensée comme le premier mètre carré d’un devenir de l’ensemble la surface terrestre, celle d’un monde gris et post-apocalyptique que la VR colore et rend vivant.

Présentée pour la première fois en France, Value Of Values, de Maurice Benayoun, Tobias Klein, Nicolas Mendoza et Jean Baptistes Barrère, est une chaîne de création qui, de la Brain Factory à la Blockchain, en passant par la poésie transactionnelle, la co-création et les Twodiees, propose à son visiteur de donner lui-même forme à sa pensée à partir de 42 valeurs humaines. (…) En coiffant un casque EEG, chaque visiteur contribue à l’évolution d’une forme produite par ses ondes cérébrales et devient ainsi un Brain Worker au sein d’une Factory — une usine de formes artistiques virtuelles.

On s’attardera également sur trois œuvres VR. Celle de Faye Formisano, They dream in my bones – Insemnopedy II. Une installation- fiction racontant l’histoire de Roderick Norman, chercheur en onirogénétique ; science permettant d’extraire les rêves d’un squelette inconnu… L’installation monumentale de John Sanborn, The Friend VR, qui nous immerge dans une église reconstituée où des personnages célèbrent leur liberté et la création d’une nouvelle utopie. Le projet immersif de Vincent Ciciliato & Christophe Havel, II Canto dei suicidi, inspiré du Canto XIII de la Divine Comédie de Dante.

Une exposition virtuelle et protéiforme, conçue par le collectif PrePostPrint, laboratoire et groupe de recherche autour des systèmes de publication libres alternatifs, sera « accessible » sur > https://xx2.acces-s.org/ Sans oublier une nuit electro avec Nkisi, Sarahsson, Danse Musique Rhône Alpes, V9 pour finir en beauté.

> du 8 octobre au 25 décembre, Pau
> https://www.acces-s.org/

De l’autre côté

Rendez-vous annuel du Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains, Panorama est placé cette année sous le signe de la frontière invisible, celle qui nous fait passer de l’autre côté du miroir via des installations vidéos et projections.
L’autre côté, c’est aussi l’autre vie de cet ancien lieu de fêtes et de retrouvailles, cinéma, salle de bal, de concert, de combats de boxe et de catch qu’était Le Fresnoy, devenu le vaisseau obscur d’œuvres de lumière… 
L’autre côté, c’est celui auquel l’art donne accès notre monde mais un autre à la fois ; soudain habité, mystérieux, enchanté, révélé… parfois convoqué par des danses et transes, des rituels guérisseurs, mais aussi par le truchement d’une technologie dont la discrétion marque la réussite…
L’autre côté, c’est le monde du rêve jamais très loin d’ici. Celui des astronautes et celui des hommes préhistoriques restitués par les algorithmes. L’autre côté, ce sont ces figures de lumière spectrales qui habitent l’exposition : plus de 50 œuvres inédites, dans les domaines de l’image, du son et de la création numérique, réalisées par les artistes du Fresnoy. L’autre côté, c’est celui auquel nous accédons en pénétrant l’écran de cinéma, celui de la salle de projection au cœur de l’exposition où 29 films inédits seront projetés.
Avec Judith Auffray, Younes Ben Slimane, Anna Biriulina, Lucien Bitaux, Julia  Borderie & Eloïse Le Gallo, Ghyzlene Boukaïla, Alice Brygo, Lea Collet, Anaïs-Tohe Commaret, Jerome Cortie, Rolando Cruz Marquez, Bianca Dacosta, Charline Dally, Edith Dekyndt, Guillaume Delsert, Sarah-Anaïs Desbenoit, Ana Edwards, Justine Emard, Julian García Long, Yann Gonzalez & Alain Garcia Vergara, Che-Yu Hsu, Adam Kaplan, Elina Kastler, Lina Laraki, Lou Le Forban, Pierre-Lefrançois Vérove, Ange Lempaszak, Quentin L’helgoualc’h, Ethel Lilienfeld, Marin Martinie, Gohar Martirosyan, Antoine Mayet, Joachim Michaux, Magalie Mobetie, Fredj Moussa, Marcel Mrejen, Norman Nedellec, Toshihiro Nobori, Daniel Penaranda Restrepo, Hugo Pétigny, Charlotte Pouyaud, Julie Ramage, Chuxun Ran, Sabrina Ratté, Ben Rivers, Julia Tarissan, Guillaume Thomas, Kris Verdonck, Victor Villafagne, Agata Wieczorek, Jisoo Yoo, Yunyi Zhu…

> du 30 septembre au 31 décembre, Le Fresnois, Tourcoing
> https://www.lefresnoy.net/

Convention et festival des cultures électroniques

Pour ce rendez-vous proposé par Technopol qui fête ses 10 ans en cette fin de semaine, il y a bien sûr des lives et DJ-sets avec Dave Clarke, Para One, Molecule, Volvox, BXTR, Dylan Dylan, Bamao Yendé, Electric Rescue, Josh Cheon, Osoloco, Frédéric Djaaleb, Alignment, Headless Horseman, Calling Marian, Axel Moon, Inigo Kennedy

Mais aussi — et surtout ? — beaucoup de questionnements autour de l’organisation et du déroulé des événements festifs, et de la création musicale sous forme de conférences, débats, masterclasses et workshops. Parmi les thèmes abordés : Metaverse : pour un virtuel plus vertueux, e-sport et musiques électroniques ; NFT : nouvel économie de la création ou non sens écologique ? ; Data et métadonnées : comment donner plus de valeur à vos œuvres ? ; Passeurs ou militants : les tiers-lieux, nouvelle maisons de l’écologie pour tou·te·s ; Inclusion, sororité et musiques électroniques ; où en est-on dans la région SWANA (Afrique du Nord et Asie du Sud-Est)

> du 21 au 24 septembre, La Villette, Paris
> https://www.pariselectronicweek.com/

Le jour d’après

Prométhée, le jour d’après est une exposition présentée au Centre des Arts d’Enghien en collaboration avec le Centre Wallonie Bruxelles. Les pièces proposées sont rassemblées selon trois questionnements. En premier, celui autour du fameux mythe prométhéen. Ce volet de l’exposition est constitué d’œuvres manifestant autant des traits de démarcation et de métamorphoses de l’humain que de son environnement en quête d’une voie libératrice. Ce premier chapitre tente ainsi d’identifier les prémices de ces transformations à venir, la potentialité des êtres et des territoires en sélectionnant des œuvres aux essences non immuables, aux données hétérogènes.

Le deuxième est axé autour de l’hybris, notion grecque qui se traduit le plus souvent par « démesure ». Elle désigne un comportement ou un sentiment violent inspiré par des passions, particulièrement l’orgueil et l’arrogance. Associée à des valeurs morales et religieuses, l’hybris est condamnée car elle est un dépassement de la condition humaine qui est usurpation du divin. Les pièces sélectionnées pour ce second chapitre attestent de l’augmentation des potentialités humaines par la technologie, du mythe de la singularité et des visées post-humanistes permettant ici de métamorphoser la forme préétablie en liberté d’inventer le réel et l’imaginaire.

Le troisième est presque nietzschéen puisque le voleur de feu, nous dit-on, a opéré un renversement de toutes les valeurs. Avec Prométhée, une révolution s’opère : le socle qui fondait les valeurs de l’univers s’est déplacé (…). Avec lui, l’esprit n’est pas que subtilité mais devient don d’invention, préscience, art d’administrer faisant tout ce qui est humain, advenir faveur, partage et générosité. (…) Tous les gestes spéculatifs qui en résultent, permettent aux œuvres de ce troisième chapitre, de développer une pensée sous le signe d’une fertilisation et d’un engagement par et pour des possibles qu’il s’agit de générer et de rendre perceptibles dans le présent.

Illustration au travers de vidéos, photos, sculptures, installations avec Caroline Le Méhauté, Justine Emard, Alice Pallot (Oosphère, qui imagine univers futuriste dans lequel une communauté scientifique s’interroge sur ses origines), Frederik de Wilde (Hunter & Dogs, inspiré de l’ADN et des modifications possible du génome), Jean-Pierre Giloux (Stations # part 4 extrait d’Invisible Cites, une tétralogie qui s’inspire des Métabolistes, mouvement utopiste architectural japonais d’après-guerre), Sarah Caillard, Sabrina Ratté (avec des cyborg/déesses qui incarnent le concept de « monade », dans laquelle chaque individu constitue une sorte de « miroir fragmenté », dans une réalité plus large), Mathieu Zurstrassen (Margaret, un prototype élaboré d’ESP (Emotional Support Plant) régit par un réseau Neuronal (AI) initialement créé pour combler la solitude d’un chercheur), Arnaud Eeckhout & Mauro Vitturrini, Filipe Vilas-Boas (L’Astrophone, une projection interactive, méditative et musicale qui traite de l’exploration spatiale et de la quête de sens), Charlotte Charbonnel, Raymond Delepierre (Swalling hEARt, une large sphère audiosensitive invite le public au toucher afin de percevoir par son corps les vibrations du son qui en émane), Adrien Lucca, Thy Truong Minh

> du 21 septembre au 18 décembre, CDA, Enghien-les-Bains
> https://www.cda95.fr/

40 ans d’art sonore

La Muse en Circuit a été créée en 1982 par Luc Ferrari. À l’époque, cette structure est basée à Vannes. Dix ans plus tard, déménagement à Alfortville et construction de nouveaux studios (électroacoustiques et radiophoniques). En 1994, Luc Ferrari démissionne et David Jisse lui succède. Depuis 2013, c’est Wilfried Wendling qui dirige ce Centre National de Création Musicale.

Pour ses quarante ans d’existence, La Muse en Circuit rend hommage à son fondateur. En particulier grâce à l’ensemble Soundinitiative qui proposera un parcours décalé et humoristique reprenant des pièces performatives de Luc Ferrari (…) peu jouées et inviteront le public à des jeux d’interactions sociales intuitives, avec cette légèreté profonde, typique du compositeur.

En avant-première, Jérôme Florenville présentera Une autre écoute est possible. Un documentaire qui part sur les traces de ce que fut La Muse en Circuit, véritable laboratoire sonore qui irrigue jusqu’à aujourd’hui tout un courant de musiques inclassables dont le fil rouge s’articule autour de la création sonore : expérimentales, contemporaines, électroacoustiques, improvisées, bruitistes, etc.

La galerie d’exposition Le 148 à Alfortville, offre une exposition sonore  pour entrer dans l’univers de La Muse en Circuit au travers de deux espaces. L’un dédié à une installation sonore immersive Le Cycle des souvenirs, création de Luc Ferrari. Au centre de plusieurs enceintes placées à différentes hauteurs, le spectateur est plongé dans un espace sonore nourri des souvenirs du compositeur. (…) Tous les éléments sont architecturés en cycles qui, en se superposant, produisent des rencontres hasardeuses. (…) La boucle sonore se décale et se transforme à l’image des transformations et déformations opérées par la mémoire et le temps… L’autre espace est dédié à un atelier de création sonore avec des objets électroniques ludiques (Soundbox) et des logiciels dédiés (Motionkit).

> du 20 septembre au 4 octobre, le 148, Alfortville
> https://alamuse.com/
> https://www.facebook.com/events/3025741507717988/3025741524384653

plus que vivant

Troisième édition pour le festival Open Source Body. Au programme, des rencontres et une exposition sous-titrée cette année Plus que vivant. À l’initiative du medialab Makery, cette manifestation réunit des artistes qui puisent leur inspiration dans le domaine de la santé, des biotechnologies et de la recherche médicale, questionnant ainsi les limites du corps humain et ses rapports, tourmentés, avec son environnement.

Une trentaine d’installations, artefacts et vidéos sont présentés. Dont Tiny Mining de Martin Howse ; première coopérative d’exploitation minière open source engagée dans l’exploitation potentielle de l’intérieur du corps humain vivant, pour en extraire les terres rares et autres ressources minérales

The Blue Flower in the Land of Technology d’Albert García-Alzórriz ; une étude audiovisuelle sur les conséquences esthétiques et politiques de la relation entre le corps humain et les dernières technologies médicales hospitalières

UNBORN0x9 de Shu Lea Cheang & Ewen Chardronnet ; une installation artistique qui s’interroge sur le développement des fœtus dans des utérus artificiels hors du corps (ectogenèse) et sur l’avenir cyborg de la parentalité…

Quorum Sensing : Skin Flora Signal System de Helena Nikonole & Lucy Ojomoko ; un projet qui consiste à développer des modifications génétiques du microbiome de la peau humaine afin de détecter les maladies par l’odorat…

Le festival sera marqué aussi par la performance de Maya Minder & Claudia Stöckli, la présentation du Bestiaire de l’Anthropocène par Disnovation (Nicolas Maigret, Maria Roskowska) et Nicolas Nova, des ateliers, une rencontre avec ORLAN et Marion Laval-Jeantet sur le thème « Quand l’art détourne la normativité médicale », une conférence animée par Ariel Kyrou (« Quand les artistes rencontrent la santé et la recherche biomédicale »)

En partenariat avec Bioart Society (Finlande), Laboratory for Aesthetics and Ecology (Danemark), Waag Future Lab (Pays-Bas), Kersnikova Institute (Slovénie), Open Source Body est co-produit par Art2M/Makery/MCD et la Cité internationale des arts, organisé dans le cadre du programme ART4MED – art meets health and biomedical research et co-financé par le programme Europe Créative de l’Union Européenne.

> du 28 septembre au 22 octobre, Cité internationale des arts, Paris
> https://www.opensourcebody.eu