En coopération avec la communauté de contributeurs du site covid-initiatives.org, MCD et Makery.info se mobilisent comme des acteurs-ressources pour donner à voir et comprendre les initiatives innovantes et solidaires des makers en France et en Europe.

Très sollicités depuis le début du confinement pour relayer l’information et repérer les initiatives des makers qui travaillent à concrétiser des solutions de matériel d’urgence, MCD et Makery.info, grâce au soutien de la fondation Carasso, s’engagent dans une action de valorisation et d’organisation relais pour accompagner les makers et fablabs dans la crise sanitaire.

Pour mener à bien cette mission, et dans la continuité de ses projets de cartographies (Carte des fablabs et Carte des écoles d’art, d’architecture et de design), MCD s’engage dans un nouveau travail d’inventaire et de projet de cartographie des connaissances et pratiques aux côtés de son partenaire historique Makery.info et la communauté de contributeurs du site www.covid-intiatiatives.org .

En plus d’un travail d’information depuis les médias en ligne impliqués, MCD et Makery confirment leur engagement à fournir un appui à la coordination de la diffusion des bonnes pratiques auprès des makers professionnels ou citoyens fabricants (designs, tutoriels, prototypes ouverts, etc.) , des pouvoirs publics et acteurs territoriaux pouvant soutenir la mobilisation et la distribution, des TPE-PME, plus largement de l’ensemble des citoyens nécessitant du matériel de protection près de chez eux.

En ce sens, MCD contribue à la caisse de solidarité HelloAsso du fablab textile HomeMakers, qui fourni des masques textiles et des visières, que MCD et Makery distribuent à leurs collaborateurs, aux actions citoyennes auprès des publics bénéficiaires à échelle locale et parisienne, et aux personnels exposés voisins.

Cette nouvelle action réunit 3 objectifs principaux ;

  • Soutenir notre partenaire média bilingue Makery.info (Fr/En) dans son travail d’information des makers et du grand public sur les solutions d’urgence en soutien aux personnels soignants et exposés.
  •  Travailler avec Makery.info pour soutenir le maillage des référents territoriaux du Réseau Français des Fablabs. Et cela pour relayer l’information et coordonner les besoins de la mobilisation citoyenne au plus près des territoires et donc d’informer les citoyens sur les possibilités de trouver/créer localement le matériel nécessaire à leur besoin.
  • Soutenir une démarche de mise en mémoire des solidarités avec le site covid-initiatives.org multilingue (Fr/En/Es) et son développement en langue italienne. Cela s’accompagne d’un appel visant à inventorier les initiatives en Europe, de sorte à rendre lisible la mobilisation des makers (chiffres, datavisualisation, cartographie, analyse) et de documenter, dès maintenant, les bonnes pratiques (récits, retours d’expériences, méthodes, processus).

Pour mener à bien ce projet, en plus des partenaires déjà cités qui collaborent avec MCD – la rédaction de Makery.info, la communauté de contributeurs du site covid-initiatives.org – nous nous appuierons sur la remontée d’information synthétisée et sa redistribution dans la société civile, en collaborant avec différents réseaux organisés et actifs dans la mobilisation des makers (Réseau Français des Fablabs (fablab.fr), Just One Giant Lab, le réseau Fab City Global.)

Ce projet est financé par la Fondation Daniel et Nina Carasso.

Pour soutenir Makery.info et faire un don ->  https://www.okpal.com/makery/

 

 

Mobilisation pour la fabrique de blouses pour les personnels soignants

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Il y a trois semaines, la plateforme Makerscovid.paris reçoit une demande très importante – 8400 unités – de confection de surblouses émanant du Groupe Hospitalier Universitaire. Le SimplonLab, la médiathèque Marguerite Duras et HomeMakers décident de relever le défi.

Fabrication de surblouses chez HomeMakers dans le 15ème arrondissement. Photo: © Quentin Chevrier

La plateforme Makerscovid.paris s’est montée à l’initiative des membres de l’association Fab City Grand Paris à la fin mars. Il y a trois semaines une importante commande de 8400 unités de blouses et surblouses arrivent sur la plateforme. Trois structures prennent la commande en charge. Le photographe Quentin Chevrier les a visités et les équipes nous livrent ici leur témoignage.

Au Simplon Lab

Antonin Fournier explique comment le SimplonLab s’est rapidement mobilisé suite à la prise en charge de la commande textile.
« Baptiste Degrémont, designer textile en résidence au SimplonLab a alors travaillé à la confection de prototypes de blouses et de pyjamas pour les envoyer à l’hôpital et les faire valider à l’usage. Accompagné d’une graphiste (Anouk Chambon) il a alors réalisé une notice de montage de ces blouses pour aider le réseau à s’en emparer et à répondre à ce besoin.

Avec l’équipe textile du SimplonLab. Photo: © Quentin Chevrier

« Nous avons ensuite travaillé avec Virginie de Labarre (Villette Makerz) qui a mis en place un questionnaire d’appel au bénévolat et a organisé le déplacement de machines de Villettes Makerz pour les regrouper au SimplonLab et transformer l’espace en petite usine textile. Les écoles de mode Duperré, ESMOD et Condé ont notamment relayé cet appel auprès de leurs réseaux d’étudiant.e.s qui sont venu.e.s nous prêter main-forte.

Avec HomeMakers et la Médiathèque Marguerite Duras, nous nous sommes mis à produire des ensembles de pyjamas et des blouses, mais aussi à préparer des kits pour que les personnes qui le souhaitent puissent les emporter chez elles et les coudre. » (Antonin Fournier)

À la médiathèque Duras une dizaine de couturières bibliothécaires se relaient sur les 6 machines à coudre rassemblées sur le site. Ces machines servent à leurs ateliers créatifs DIY à la médiathèque Robert Sabatier (18ème) ou à la bibliothèque Assia Djebar (20ème). Photo: © Quentin Chevrier

À la Médiathèque Marguerite Duras

Sous la dynamique impulsée par Cyrille Jaouan, bibliothécaire le jour, maker la nuit, la Médiathèque Marguerite Duras s’est mobilisée dès les premières semaines de confinement en produisant des visières « prusa » sur l’imprimante 3d de la médiathèque. Il nous explique comment la médiathèque s’est depuis transformée en micro-usine.

« Une nouvelle étape a été franchie avec l’installation dans la Médiathèque Marguerite Duras (Paris 20ème) d’un véritable « Corolab » éphémère. Face à l’ampleur des besoins, il a fallu s’adapter. Autour d’une équipe de volontaires des Bibliothèques de Paris, nous avons réussi (poke Pascal Ferry) à rassembler machines à coudre et imprimantes 3D du réseau des bibliothèques parisiennes (oui, il y a des machines à coudre et des imprimantes 3d dans les bibliothèques).

La médiathèque est fermée au public, mais les revues vont être réacheminées vers les hôpitaux parisiens : Pompidou, Necker, Cochin, etc., pour les soignants et les malades. Les revues sont livrées sous blister : geste barrière. Photo: © Quentin Chevrier

La Mairie du 20ème arrondissement qui soutient cette action apporte également sa participation en matériel via le budget participatif. Avec déjà des commandes de blouses hospitalières et de porte-masques, l’équipe est à pied d’œuvre.

« Ainsi les bibliothèques de Paris ont pu rejoindre la dynamique des makers d’Île-de-France impulsée par Fab City Grand Paris. Notre voisin, le Simplon Lab, fablab solidaire des quartiers populaires du 20ème, nous fournit documentation, fournitures et tissu, ce qui nous permet d’être en mesure, ensembles, nous bibliothécaires, dès la semaine du 20 avril 2020 de fournir entre 40 et 50 blouses ou pyjamas médicaux et une vingtaine de pièces 3d (visières, porte-masque, poignées de porte ou d’ascenseur adaptées). » (Cyrille Jaouan)

La section « masques » chez HomeMakers. Photo: © Quentin Chevrier

HomeMakers, le fablab textile

Julia Lim et Gilles Bessard du Parc qui animent le fablab textile HomeMakers dans le 15ème arrondissement racontent comment ils s’activent sur les visières, masques, blouses, surblouses et bas.

« La mobilisation d’HomeMakers a commencé tout d’abord avec la production de supports de visières de protection grâce à l’impression 3d par rapport aux premiers besoins remontés et s’est vite réorientée vers les visières en découpe laser et fabrication de masques basés sur le modèle AFNOR. Nous avons mis à profit notre expertise textile au service des citoyens et du collectif au vu des besoins urgents sur les masques et blouses/surblouses dernièrement. Les premières productions de masques sont sorties via un circuit de dons et récupérations afin de répondre dans l’urgence aux demandes. Depuis, nous sommes en cours de certification. »

Fabrique de blouses et masques chez HomeMakers. Photo: © Quentin Chevrier

« Chez HomeMakers, la confection de blouses et bas pour le personnel soignant a commencé il y a 10 jours. En plus des visières de protection, nous avons rapidement orienté la fabrication solidaire vers le textile et notamment sur les masques et tenues médicales. Au vu des nombreuses sollicitations des hôpitaux, centres Covid, Ehpads, et puisque le textile est dans l’ADN de Homemakers, nous avons séparé la chaîne de production et dédiée une partie exclusivement pour les blouses et bas.

Ayant rejoint SimplonLab pour la demande importante du GHU de Paris, plusieurs bénévoles plus expérimentés – accompagnés de Gilles Bessard du Parc, fab manager, ndlr – travaillent sur ces pièces. À chaque étape, nous apportons des optimisations en finition sur la couture et le montage. Tout se déroule sur place, ayant un parc machines composé de machines industrielles et familiales permettant de centraliser cette fabrication et suivre avec minutie le montage. » (Julia Lim et Gilles Bessard du Parc)

Ewen Chardronnet
publié en partenariat avec Makery.info

Le SimplonLab.
Le site de Cyrille Jaouan sur les bibliomakers.
Le fablab textile HomeMakers.

Le stand découpe des blouses et pyjamas au milieu de la Médiathèque Marguerite Duras. Sur ces tables de travail, lycéens, étudiants, chercheurs consultent les documents de la médiathèque habituellement… La documentation des techniques de coutures, des normes et préconisations est rassemblée et appliquée. La salle de lecture silencieuse du 2 étage a été transformée en atelier de couture. Photo: © Quentin Chevrier

Témoignages de la mobilisation

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Makery livre des témoignages collectés auprès des lieux de fabrication et volontaires fédérés au sein du collectif Makers x Covid Paris. Après le photo-reportage embarqué où l’on a pu suivre la livraison de matériel de la plateforme Makerscovid.paris, Makery valorise la parole de celles et ceux qui ont mis leurs énergies et compétences en commun pour répondre à l’urgence de la crise. Récit de la mobilisation à Paris pour soutenir soignants et personnels exposés.

Assemblage de visières par une équipe bénévole chez Woma. Photo : © Quentin Chevrier

Micro-usine de fabrication urbaine

Au départ il y a ce foisonnement d’initiatives sur Paris et un peu de frustration à savoir comment contribuer, quel collectif rejoindre, quels outils mettre en place pour s’organiser à plusieurs, identifier les besoins matériels ou répondre aux demandes des personnels soignants et exposés, tout en étant chez soi.

« On ne voulait pas initier un mouvement de plus, et rendre le terrain encore plus flou et complexe pour ceux qui souhaitaient s’impliquer. Dans l’urgence, nous nous sommes finalement résolus à créer notre propre fichier de coordination dans l’attente d’une coordination plus large. (…) En observant les premières frictions liées aux questions de gouvernances et représentation, il nous a été important de faire ça sous un nom neuf et neutre : makerscovid.paris. » (Quentin Perchais, Woma)

« La création d’une plateforme commune d’échange et d’organisation, d’abord très informelle (sous forme d’appels, d’échanges téléphoniques) puis prenant plus forme (un Excel partagé, un serveur slack, des formulaires, un site) a véritablement permis de coordonner l’action de production des différents acteurs du réseau. Cela nous a fait gagner du temps, de l’énergie et surtout nous a placé en mesure de répondre aux importantes demandes émanant des CHU et autres établissements. » (Antonin Fournier, simplonlab)

Mon atelier en ville – les petites mains à l’œuvre. Photo : © Quentin Chevrier

« Ça a commencé avec un groupe d’acteurs proches que nous formions avec Volumes, Woma et Ars Longa. Puis, l’Atelier des amis, Mon atelier en ville et l’Electrolab, qui étaient les premiers labs impliqués, ont porté une partie de leur fonctionnement sur un tableur commun. Finalement, avec les demandes grandissantes, de la Mairie de Paris, de l’Armée du Salut, on s’est vite retrouvé une vingtaine de lieux de fabrication à répondre aux demandes et à coordonner nos actions. (…) Nous avons finalement produit un micro-site pour centraliser les informations de demandes, de participations et de dons. » (Quentin Perchais, Woma)

L’ampleur du besoin en matériel a aligné l’ensemble des acteurs sur un modèle de visières facile à produire et à monter : la version « Folded », conçue par Aruna Ratnayake à Volumes, fabriquée à la découpe laser et validée par l’hôpital du Kremlin-Bicêtre. Les différents labs impliqués le reconnaissent, c’est cette rapide coordination inter-structures qui aura permis d’optimiser une partie du travail (gestion des demandes, approvisionnement en matière, livraison) permettant aux makers de se concentrer sur la production – de visières ou de masques essentiellement.

Liste du matériel en production sur la plate-forme makerscovid.paris. Photo: D.R.

Maillage solidaire d’ateliers flexibles

« Vous avez des besoins en matériel sanitaire, vous voulez effectuer une commande, ou vous cherchez plus », l’onglet « Demander » sur la plate-forme référence les modèles produits (visières, masques tissu, surblouse et pyjama, attache masque, ouvre-portes, adaptateur valve masque V26) et ceux en cours de développement.

Homemakers est un fablab spécialisé textile et design à Paris (on vous en parlait ici). Très vite, la structure met à disposition son parc machines pour la fabrication de visières puis s’oriente vers son cœur de métier, la production textile. Julia (présidente de Homemakers) et Gilles Bessard du Parc (bénévole à temps plein) reviennent sur les débuts de leur mobilisation.

« Homemakers a intégré le mouvement Makers contre le Covid le 30 mars. Étant inquiets pour nos proches et choqués de voir le nombre de décès augmenter jour après jour, nous avons entrepris cette démarche de production et sommes rentrés rapidement en contact avec notre réseau de fabeurs ainsi que nos familles, amis, voisins via les réseaux sociaux. Nous nous sommes rapprochés de Minh (Fab City Grand Paris) et avons été intégrés de suite dans la coordination de fabrication de matériel sanitaire.

Homemakers – Gilles et Antoine en binôme sur l’assemblage de visières. Photo : © Julia Lim – Homemakers

« Nous avons commencé avec la production de supports de visières de protection (impression 3D puis découpe laser) et nous nous sommes réorientés vers la fabrication de masques. Au vu de notre expertise dans le textile et suite à des recherches dans les cahiers des charges, modèles de masques communiqués par l’AFNOR, nous avons été très vite intégrés au pôle textile avec un lead sur la fabrication des masques. Aujourd’hui, nous avons un réseau d’une quinzaine de bénévoles sur place – en roulement et une quarantaine de bénévoles à distance. Nous leur en sont extrêmement reconnaissants et remercions nos héros silencieux qui se sont mobilisés avec nous. » (Homemakers)

Minh Man Nguyen est président de l’association Fab City Grand Paris qui s’est constituée dans l’objectif de développer/favoriser/relocaliser la capacité productive de Paris et sa proche banlieue.

« Face à la crise sanitaire et pour répondre à l’urgence, la Mairie de Paris s’est appuyée sur FCGP pour une commande de 2000 visières. Celle-ci a été contractée et honorée en moins d’une semaine grâce à un maillage d’ateliers flexibles capable de produire en masse. Près de 14 000 visières ont été fabriquées et distribuées ces 2 dernières semaines prouvant la capacité d’adaptation des fablabs et makerspaces pour pallier le temps d’adaptation des industriels à la commande.

« Les tiers-lieux en plus d’être productifs sont des points relais pour les citoyens-makers qui impriment et assemblent depuis leur habitation. Ils fournissent matières et logistiques. Notre association a ainsi facilité la centralisation des achats (notamment permis grâce à une avance de trésorerie puis par la collecte de fonds), le sourcing de la matière première grâce à certains partenariats et la logistique du flux de matières. » (Minh Man Nguyen, Fab City Grand Paris)

Homemakers – Marie-Valentine à la confection de masques en tissu. Photo : © Julia Lim – Homemakers

Ré-inventer la chaîne de production

Antonin Fournier, le fabmanager du simplonlab (fablab solidaire de l’entreprise Simplon) évoque le double effort de coordination, entre les structures du collectif Makers X Covid Paris, mais aussi en interne, pour réussir à produire le matériel demandé dans des délais très courts.

« Les premiers jours étaient vertigineux tant il y avait de paramètres à prendre en compte : les matériaux et leurs disponibilités chez les éventuels fournisseurs, les différents prototypes circulant en open-source et leur validité, la priorisation des demandes entrantes, l’organisation interne des fablabs pour être en mesure de produire en sécurité, le financement des achats de matériaux… »

« En quelques jours notre fablab s’est transformé en une véritable petite usine de quartier, accueillant une dizaine de personnes venant d’horizons variés (groupes d’entraide sur Facebook, écoles de mode, structures associatives du quartier…). Celles et ceux qui reviennent quasiment tous les jours maîtrisent maintenant les chaînes de production de bout en bout et peuvent aider à l’accueil des nouveaux.elles venu.e.s. » (Antonin Fournier, simplonlab)

Baptiste Doublet Dégremont est designer textile et artiste résident au simplonlab : « Mettre en place un réseau de production en temps de crise sanitaire, ce n’est pas une mince affaire. Mais c’est se qu’on a fait avec le simplonlab, ou je suis (en temps normal) artiste résident. On a fait ça parce qu’on a entendu l’appel à l’aide des hôpitaux. Littéralement. Parce que si on ne le fait pas, qui le fera ? » (Baptiste Doublet Dégremont, simplonlab)

Les compétences mises à profit dans cette chaîne de production solidaire sont multiples. On pense à l’équipe de Carton Plein, mobilisée aux côtés des nombreux fablabs et makers Franciliens, pour récupérer les visières produites dans les ateliers et les redistribuer « à la seule force de nos mollets, sur nos biporteurs et vélos remorques » auprès des hôpitaux, centres de dépistage, EHPAD, cliniques, etc.

Ou encore Marie Boussard, fabmanageuse à Villette Makerz, qui a mis à profit les outils de sa structure et son savoir-faire pour produire des visières de protection. Marie est aussi designer-illustratrice, elle a proposé au collectif des illustrations qui ont servie pour la plate-forme makerscovid.paris et pour la mise en place d’affiches et de flyers. Makers x Covid Paris : « Communiquer sur nos actions permet de récolter des dons pour l’achat de matières premières et donc de produire, la boucle est bouclée ! »

Les bénévoles du SimplonLab se lancent désormais dans la production de surblouses. Photo : © Quentin Chevrier

Les demandes persistent, les questions demeurent

Si toutes les structures partie prenantes du collectif ont toutes eu un coup de boost (urgence, élan de solidarité, rapidité et efficacité de la coordination, gestion intelligente des stocks), de nombreuses questions demeurent pour l’après-covid et la cohésion de ce collectif spontané. « Que doit être la ville de demain pour pouvoir faire face à d’autres crises ou pour être en capacité à les prévenir ? Comment pérenniser une production en garantissant une certaine qualité tout en restant viable financièrement ? » s’interroge Minh Man Nguyen.

La question de la coopération à moyen-long terme est dans tous les esprits. « L’enjeu me paraît de réussir à conserver cette dynamique de coopération au-delà de la période de lutte contre le covid-19, pour maintenir cette ‘force de frappe’ dont fait preuve le réseau. » (Antonin Fournier, simplonlab)

« Mon espoir… cela fait plusieurs années que l’on travaille à coopérer entre lieux de fabrication. En 2 semaines, infiniment plus été fait en collectif que ce que nous avions pu porter précédemment ! Avoir une utilité réelle, produire de manière distribuée, faire discuter ensemble les différents labs, et maintenant, notre prochain challenge, trouver les conditions de la coopération ! » (Quentin Perchais, Woma)
La mobilisation se poursuit.

Catherine Lenoble
publié en partenariat avec Makery.info

La plateforme et la cagnotte Makers x Covid Paris.

Livraison de matériel de protection avec la plateforme Makerscovid.Paris

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L’heure est à la production distribuée d’équipements de protection individuelle. Le photographe Quentin Chevrier a suivi la livraison de matériel de la plateforme mise en place par le collectif Makers x Covid Paris.

Tournée de livraison, en direction de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Photo : © Quentin Chevrier

Les makers d’Ile-de-France se mobilisent pour produire du matériel sanitaire d’urgence. Le collectif Makers x Covid Paris fait partie des multiples initiatives qui sont nées sur le territoire francilien pour pallier ce manque. Le collectif s’est construit autour de premières initiatives portées les ateliers de Volumes, WoMa, Mon Atelier en Ville, l’Electrolab et l’Atelier des Amis. La plateforme Fab City Grand Paris relève le challenge et très vite fédère fablabs, hackerspaces, espaces de co-working ou ateliers partagés. Le fablab textile Homemakers dans le 15ème arrondissement, le tout nouveau La Tréso à Malakoff et beaucoup d’autres labs, mais aussi des partenaires publics et des fournisseurs, se rallient à la dynamique collective. 68 lieux de fabrication et 85 volontaires sont aujourd’hui fédérés. Leur objectif : produire et livrer par le biais d’une plateforme dédiée un maximum de matériel pour les personnes les plus exposées.

De la fabrication à l’assemblage des visières

Tandis que les machines tournent à plein régime, différents roulements s’organisent pour venir assembler et empaqueter la marchandise (essentiellement des visières) par lot. Les cartons sont étiquetés, prêt à partir vers les structures destinataires dont les demandes ont été recueillies sur la plateforme. Les « runners » viennent ensuite récupérer les paquets dans les différents labs pour les acheminer, en vélo-cargo ou voiture, vers les soignants.

En 5 heures, avec 6 personnes réunies au makerspace de Volumes dans le 19ème arrondissement, 500 visières sont assemblées. Photo : © Quentin Chevrier

Préparation des colis chez Volumes dans le 19ème arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Ambiance minutieuse, répétitive et toute en protection, dans cet atelier (habituellement) en libre service Mon Atelier en Ville dans le Sentier. Photo : © Quentin Chevrier

Préparation des cartons chez WoMa, Fabrique de quartier dans le 19ème arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Question logistique, les commandes affluent en contact direct, via la plateforme créée pour l’occasion makerscovid.paris. Cet outil permet de recouper besoins de petites structures et demandes émanant de groupes hospitaliers en lien direct avec les fablabs. À l’échelle de la ville, la Mairie de Paris, qui souhaite soutenir la production locale, a permis la mise en relation entre les divers acteurs, les fournisseurs potentiels et de trouver des solutions concernant la logistique.

Carton Plein, des livreurs engagés

Dans les bureaux de Carton Plein – l’association dont un des engagements est d’aider à l’inclusion sociale et professionnelle des personnes les plus éloignées du travail : sans logement, sans qualification, sans revenus suffisants, etc. – on planifie la livraison de visières fabriquées par des makers à domicile pour des soignants et personnels indispensables, ainsi que de la matière première pour les fablabs.

Planification des livraisons chez Carton Plein. Photo : © Quentin Chevrier

Préparation des expéditions chez Carton Plein. Photo : © Quentin Chevrier

Chargement des livraisons chez Carton Plein dans le 11ème arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Préparation du trajet vers Villette Makerz dans le Parc de la Villette pour Fred, bénévole et élu à la mairie du 18ème arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Livraison de matières premières au fablab Villette Makerz. Le Parc de la Villette est fermé, impossible d’y pénétrer en vélo-cargo, il faut livrer les cartons avec un diable. Photo : © Quentin Chevrier

En tournée avec Noël et son vélo-cargo pour fournir les équipes médicales

Après la tournée de Fred, notre photographe suit Noël et son vélo-cargo, qui livre les visières produites à l’Atelier des Amis dans le 17ème arrondissement.

Première livraison de visières à l’Hôtel Dieu pour Noël. Photo : © Quentin Chevrier

Une cinquantaine de visières pour l’Hôtel-Dieu dans ce carton. Photo : © Quentin Chevrier

Réception d’un carton d’une cinquantaine de visières. Le stylo sera lavé après la signature du bon de livraison. Photo : © Quentin Chevrier

Premier essayage de visière – à porter en plus du masque. Photo : © Quentin Chevrier

La livraison se fait au domicile d’une soignante. Photo : © Quentin Chevrier

Livraison de 200 visières au Pôle Santé Paris 13, association de plus de 150 professionnels de santé. Photo : © Quentin Chevrier

Les visières seront ensuite distribuées à la Maison des aînés et des aidants. Mission accomplie ! Le livreur valide la bonne réception en photo. Photo : © Quentin Chevrier

Pour l’achat de matériel, certains labs ont dû faire des avances de trésorerie puis une cagnotte a été ouverte. Elle a permis à ce jour de collecter près de 3000 euros. Même si l’approvisionnement en matériaux est compliqué en ce moment, certaines entreprises répondent présentes et même soutiennent l’initiative (les fournisseurs Kimya, Francofil, Polydis, Richardson, DOOD qui fournit des imprimantes 3D).

Le collectif Makers x Covid Paris a déjà produit près de 15 000 visières et livré de nombreux établissements (Hôpital du Kremlin-Bicêtre, Pitié-Salpêtrière, Hôpital Robert Debré, Hôpital Saint-Louis, etc.) et doit encore en produire plusieurs milliers.

Quentin Chevrier
publié en partenariat avec Makery.info

Covid-19 : en Centre-Val de Loire, qui fait quoi ?

Pour répondre à l’urgence du Covid-19, des modèles productifs multi-sites ont émergé spontanément aux quatre coins de la France. Tour d’horizon de ces « chaînes de production » en région Centre-Val de Loire.

Masques Décathlon avec adaptateur « Thérèse » livrés pour l’Hôpital Bretonneau à Tours. Photo: © McPeter Blinckers

Au fil des semaines confinées et des demandes croissantes en fabrication d’EPI (Équipements de Protection Individuelle), les initiatives se sont multipliées suivant différents modèles organisationnels. Il y a la version « micro-usine citoyenne », dans laquelle des makers et makeuses – des particuliers, auquel se mêle le tissu local associatif et entrepreneurial – impriment sur leurs bécanes 3D des portes-visières ou fabriquent des masques en tissu. L’organisation de ces collectifs passe par des groupes Facebook dans lequel des coordinateurs ont trouvé la porte d’entrée vers les bons services, les bonnes personnes dans les hôpitaux pour faire valider un modèle de visière ou de masque.

Il y a la version « filière », souvent des écosystèmes existants, qui fait collaborer des enseignants-chercheurs, des ingénieurs-makers, des industriels locaux, en dialogue avec des centres hospitaliers. On observe également un troisième modèle, hybride, celui de « l’usine partagée » qui s’appuie sur un réseau de structures disposant d’outils de prototypage rapide (PME, laboratoires publics et fablabs), comme en témoigne l’expérimentation inédite lancée fin mars par la Région Normandie et Le Dôme à Caen, en lien avec la préfecture et l’Agence Régionale de Santé.

Le modèle de connecteur « Martine » est fait pour transformer un masque Décathlon en masque à oxygène avec poche. Photo: © Makers contre le Covid 37

Micro-fabrication urbaine et rurale

Les encouragements du Réseau Français des Fablabs à documenter la mobilisation des makers, motivent la création d’un espace contributif en ligne (pad) pour recenser les initiatives en région Centre-Val de Loire. Car la « chaîne de production multi-sites » qui se met en place en Normandie, existe dans chacune de nos régions : documenter collectivement ces dynamiques de fabrication distribuée est une manière de la révéler.

Lancées le 2 avril par le Funlab (fablab citoyen à Tours), 7 initiatives y sont recensées à Chartres, Orléans, dans l’Indre et en Touraine. Dix jours plus tard, la cartographie s’étend aux 6 départements avec plus d’une trentaine d’actions, 15 000 visières et 7 000 masques fabriqués sur le territoire. Si l’inventaire du parc matériel d’imprimantes 3D en région Centre était une photo de famille, cela ressemblerait à une drôle de cousinade avec des écoles d’ingénieurs, écoles d’art, hackerspaces, centres de formation, Maison Familiale Rurale, ateliers partagés, fablabs associatifs et industriels, petites entreprises et de nombreux garages ou bureaux à la maison dans lesquels tournent jour et nuit les machines.

C’est un Vendômois, Yann Marchal (fondateur d’une recyclerie et membre du fablab associatif Vendôme Atelier Numérique) qui lance le groupe Facebook « Makers contre le Covid » en mars dernier (passé de 487 membres à la mi-mars à 4189 aujourd’hui). Les micro-usines citoyennes essaiment en région Centre-Val de Loire à travers des collectifs actifs à l’échelle départementale comme « Une visière pour une vie » dans le Loir-et-Cher, « COViS18 – Visières Solidaires du Cher », « Makers solidaires Loiret » ou « Makers contre le Covid – 37 ».

Conception et fabrication de systèmes techniques issus du projet collaboratif francilien 3d4care. Photo: © 3d4care.org

Vis ma vie de visière

Les makers de l’Indre-et-Loire (37) fournissent en priorité les soignants : Communautés Territoriales Professionnelles de Santé, EHPAD, Ordre des médecins, pharmacies et autres travailleurs au contact de personnes potentiellement malades. La chaîne de production va des concepteurs (modélisation et aide au design), aux « printers » (celles et ceux qui impriment à la maison), assembleurs (des « duos confinés » qui viennent assembler les kits dans un lieu mis à disposition) et livreurs de kits, en passant par les logisticiens (qui récupèrent les dons en fournitures et gèrent l’approvisionnement chez les printers) sans oublier la gestion des canaux de diffusion, la cagnotte, la communication et la coordination avec le CHU pour valider le matériel.

Si la production s’était focalisée jusqu’à présent sur des visières 3D, après plusieurs aller-retours de conception et d’étapes d’homologation avec le CHRU de Tours, la production d’embouts pour convertir les masques Décathlon en masques « soignants » et en masque à oxygène est désormais en route depuis le 11 avril.

En Eure-et-Loir, le hackerspace BetaMachine à Chartres a très tôt fédéré sa communauté pour se lancer dans la confection de masques et de surblouses, l’impression de visières pour lesquelles on peut passer commande directement sur leur site et la remise en état d’ordinateurs ensuite distribués aux familles pour les aider à maintenir l’apprentissage à la maison.

Dans la métropole orléanaise, le wiki de l’association La Labomedia met à disposition le fichier de visière validée par le CHRO imprimé en série par les structures locales : Polytech, l’IUT d’Orléans et l’IndustryLab. Ce dernier vient de mettre au point un nouveau procédé de fabrication de masques à visière, plus rapide que la 3D, combinant découpe et thermoformage afin d’augmenter le volume de production.

Impression de visières dans l’Atelier du c01n de la Labomedia à Orléans. Photo: © Camille Danioux

Sortie d’usine

Portes-visières de protection faciale, valves d’adaptation pour masque, raccords techniques pour respirateurs artificiels, respirateurs artificiels complets, manipulateurs de poignées de porte, masques filtrants, pousse-seringues, système de décontamination. Voilà à peu près à quoi ressemble la sortie des usines nouvelles en France depuis la mi-mars. Ce matériel de protection sanitaire (qui ne figure pas dans la liste de produits stratégiques établie par la Direction Générale des Entreprises) traduit là un besoin massif et diversifié en équipement, à l’heure où nous rentrons dans une nouvelle phase, celle du déconfinement et de l’anticipation de nouvelles vagues.

Entre la constitution de chaînes de conception-validation-production-distribution cohérente dans les territoires et les temporalités envisagées (de l’usine éphémère au développement de filière), on peut dire que cela tâtonne encore. Quoi qu’il en soit, et à la lumière de l’expertise en fabrication distribuée démontrée par les makers depuis 4 semaines de confinement, le véritable basculement productif et culturel n’est certainement pas de « mettre tous ses œufs dans le même panier » de l’industrie et penser l’offre de fabrication de proximité de demain avec les différents maillons de la chaîne.

Le 10 mars dernier, la rédaction de Makery interviewait Charles Fournier, vice-président de la Région Centre-Val-de-Loire en charge de la transition écologique et citoyenne et de la coopération, au sujet de la Fab City et de la relocalisation de la production. Ça paraît loin (le 10 mars !), et pourtant (l’économie relocalisée), nous y sommes.

Catherine Lenoble
publié en partenariat avec Makery.info

Merci à celles et ceux qui ont passé du temps pour échanger sur leurs initiatives ou documenté leurs actions sur le pad « makers Centre Val de Loire » afin de nourrir cette investigation confinée.

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Covid-Initiatives : appel à cartographier la mobilisation makers contre le Covid-19 en Europe et dans le monde

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Depuis le début de la crise, de nombreux citoyens se mobilisent et s’organisent en communs, mettant en œuvre des actions collectives dans l’optique de fournir des réponses à cette situation d’urgence sanitaire.

Le site Covid-Initiatives.org tente de recenser et donner à voir ces initiatives de la société civile pour faire face à la pandémie de Covid-19. Il est pour le moment disponible en français, anglais, espagnol.

L’objectif est d’aider les citoyens, artisans, ingénieurs, bricoleurs, faiseurs de tous bords qui agissent : les « makers ». Ainsi, plus de 100 designs de matériels médicaux inventés par des makers y sont recensés et librement accessibles.

La plateforme propose jusqu’ici une cartographie interactive réalisée à partir de différentes bases de données : un auto-recensement des fabricants d’impression 3D en France et une liste des Fablabs/Makerspaces par le Réseau Français des Fablabs.

Covid-initiatives est constitué comme un commun numérique, il est porté par une communauté de contributeurs qui l’alimentent et le font vivre. Mais c’est plus largement la contribution de tous qui permettra de dresser un portrait le plus complet et précis possible de la mobilisation du mouvement maker contre la pandémie de Covid-19 en France, en Europe et dans le monde.

En partenariat avec Makery, Covid-Initiatives lance aujourd’hui un appel à contribution afin de cartographier et de documenter le plus finement l’ensemble des initiatives makers en Europe et dans le monde.

publié en partenariat avec Makery.info

La base de connaissance Covid-Initiatives.
La carte Covid-Initiatives sur Makery.
Si vous êtes intéressés, écrivez à : contact@covid-initiatives.org

La plateforme Covid-Initiatives, soutenue par le Réseau Français des Fablabs, rassemble les initiatives de makers en France et au-delà qui proposent des équipements et solutions de fortune dans la lutte contre le Covid-19.

Le Réseau Français des Fablabs appelle à la mobilisation générale des makers et des fablabs pour lancer la fabrication coordonnée et distribuée sur tous les territoires de métropole, des DOM-TOM et de l’Outremer. Leur conviction : produire au plus près des besoins réduit considérablement les risques de dissémination du virus et réduit les temps de livraison. Pour répondre à cela, une équipe de bénévoles sort aujourd’hui Covid-Initiatives, un riche site rassemblant les initiatives de makers en France qui proposent des équipements et solutions de fortune dans la lutte contre le Covid-19.

Capture d’écran de la carte du site Covid-Initiatives. Photo: D.R.

Coordonner les initiatives des makers et fablabs

La force d’un réseau national c’est d’être une plateforme au carrefour des idées, savoir-faire, propositions, offres, besoins et désirs d’une communauté. C’est ce qui fait du Réseau Français des Fablabs l’interface nécessaire à une action coordonnée des makers en France.

En effet, depuis le début de la crise, de nombreux makers se mobilisent, se mettent en action collective via diverses plateformes d’échange et s’organisent en communs pour fournir des réponses en urgence. Partout l’entraide et l’auto-organisation démontrent leur capacité à fournir des solutions crédibles. Mais les initiatives fleurissent à une allure telle qu’il devient difficile de s’y retrouver et de s’orienter à travers le foisonnement d’informations.

« Plusieurs plateformes ont été ouvertes. Au Réseau Français des Fablabs nous communiquons sur le fait qu’il faut se fédérer. le RFFLabs peut jouer ce rôle, car nous sommes en contact avec les autorités de santé nationales, nous recevons des demandes des hôpitaux et nous faisons retomber en régions. Certains makers et fablabs surproduisent par rapport à la demande, alors que d’autres n’ont pas assez de matériel pour répondre aux sollicitations. Nous essayons d’équilibrer cela », explique Simon Laurent, président du Réseau Français des Fablabs.

Par souci d’efficacité le RFFLabs encourage donc de se faire référencer sur la plateforme Covid-Initiatives mise en ligne ce mardi 31 mars et développé par une équipe de bénévoles. La plateforme vise à recenser le maximum de projets émergents et à aider ceux qui font, ces citoyens qui contribuent, les « makers » – artisans, ingénieurs, bricoleurs, faiseurs de tous bords – qui agissent dans l’urgence. Elle recense aussi les initiatives de ceux qui permettent d’assurer la continuité pédagogique, de garantir l’approvisionnement alimentaire des personnes en difficulté, de venir en aide aux personnes seules, ou encore de ceux qui prototypent du matériel médical pour tenter de répondre aux urgences.

Par ailleurs, des rapprochements sont en cours entre le RFFLabs, JOGL, France Tiers-lieux, la communauté de makers rassemblée sur le Discord de Mr Bidouille, les communautés Facebook, des rassemblements locaux de makers et Covid-Initiatives pour se coordonner autour des besoins, ressources et initiatives.

Covid-Initiatives propose une cartographie interactive à partir de bases de données développées par d’autres acteurs : une plateforme d’auto-recensement des fabricants d’impression 3D ; un référencement des Fablabs et Makerspaces du territoire français réalisé par le RFFLabs. Cette carte donne à voir les acteurs de cette mobilisation du monde makers. Elle sera augmentée au jour le jour.


Chaîne de production de la visière « Folded Face Shield » fabriquée et montée en une minute chrono et développée à Volumes Coworking (coordinateur RFFLabs pour l’Ile-de-France) en Creative Commons. Elle est conçue pour la découpe laser afin de minimiser la matière et le temps. (ici le formulaire de besoins en matériel pour les établissements hospitaliers).

Les besoins et priorités

Visières : le besoin auquel la communauté des makers semble être le plus à même de répondre efficacement est celui des visières de protection (voir la page spéciale). Utiles pour les soignants autant que pour tous les professionnels en contact avec des publics (commerce, forces de sécurité, ambulanciers, postiers…) elles sont faciles à produire et neutres en termes de risques sanitaires. Des solutions existent en impression 3D, mais également en découpe laser. Coordonnée, la communauté des makers pourrait produire jusqu’à 100 000 visières en un temps record.

Pousse-seringues électriques : les hôpitaux font savoir qu’ils commencent à manquer de pousse-seringues électriques, et le RFFLabs appelle les makers à initier un challenge pour répondre à ce besoin via les canaux habituels, avec comme contrainte une utilisation minimale de l’impression 3D.

Respirateurs : nous savons aujourd’hui que les hôpitaux manquent de respirateurs, essentiels pour maintenir en vie les personnes les plus gravement touchées. Il existe aujourd’hui plusieurs prototypes à l’essai issus de la communauté. On citera les projets Minimal Universal Respirator et MakAir.life qui sont déjà très avancés. Si l’industrie est mobilisée aujourd’hui pour répondre aux besoins en France, ces appareils plus légers pourront également répondre à la demande dans des zones dans le monde plus démunies en équipements.

Bien évidemment, les besoins en masques (de préférence en tissus, voir le patron de référence), en blouses, gels et autres dispositifs sanitaires basiques sont toujours d’actualité.

Le MUR Project conçoit un respirateur de fortune en partenariat avec Objectif Sciences International et le teste en ce moment avec l’hôpital de Créteil et La Salpêtrière. Photo: DR.

Un besoin de coordonner pour tenir la durée

« Au-delà des visières de protection, d’autres demandes vont tomber dans les semaines qui viennent, on risque d’avoir des problèmes pour avoir du plastique pour imprimer, il faut donc organiser la production. Localement des makers sont contactés par des EHPAD et des hôpitaux mais aujourd’hui le message est passé au niveau de la coordination générale des hôpitaux et nous recevons maintenant en direct des messages de services hospitaliers, qu’on redistribue aux fablabs en réseau, sur le principe de la fabrication distribuée, de manière à produire et distribuer dans de bonnes conditions », défend Simon Laurent.

Bémol ? « Cela fait 15 jours que nous demandons une régulation ministérielle là-dessus, mais pour le moment nous n’avons eu aucune réponse de ministères, aucune réponse des Agences Régionales de Santé, sachant qu’il y a des inégalités suivant les territoires, dans certaines régions des ARS travaillent avec des fablabs, mais dans d’autres elles ne veulent pas en entendre parler. Nous sommes cependant en contact avec le pilotage des services ORL de toute la France et le message a été redistribué, explique Simon Laurent. Nous cherchons également à entrer en contact avec le réseau des EHPAD », ajoute-t-il.

Il importe pour les makers de France de se coordonner. Makery tient en ce sens à rappeler que les actions entreprises et solutions partageables ne seront pas seulement utiles pour la France mais aussi très vite pour d’autres communautés dans le monde où les équipements font peut-être encore plus cruellement défaut.

publié en partenariat avec Makery.info

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