Sur-Prise du visible

Signe des temps, il y a de plus en plus d’initiatives artistiques pour dénoncer la vidéo-surveillance qui ne cesse d’étendre son réseau et son emprise sur notre quotidien. Une surveillance audio et visuelle à la sophistication exponentielle. En moins de vingt, nous sommes passés des caméras statistiques à la reconnaissance faciale, de l’analyse humaine à l’intelligence artificielle… C’est à cette thématique et problématique qu’est consacrée l’exposition Vidéosurveillance : sur-prise du visible au Lavoir Numérique, à Gentilly. Piloté par Laurent Carlier (le grand timonier du festival Vision’R), cet événement s’inscrit dans le cadre de Nemo (la biennale internationale des arts numériques de la région Île-de-France), à partir du 22 octobre jusqu’au début de l’année prochaine.

© Claire Courdavault

Comme le souligne Laurent Carlier dans sa note d’intention : Œil colonisateur logocentré de la politique de l’identité, avec sa soif d’extraction et d’exploitation de données transformées en marchandises, la vidéosurveillance sert aussi la conception capitaliste du corps essentiellement pris comme force de travail.  La surveillance de masse induit une chasse aux pensées dissidentes et aux modes de vie non-normés et non-rentables. L’acceptation de la capture des corps avec leurs transformations en profils sous-entend une soumission aux déterminismes idéologiques et technologiques.  C’est là le cœur des questions artistiques et éthiques du rapport entre contrôle et confiance, entre identité et altérité, entre innovation et actualisation, entre puissance et pouvoir.  Il y a donc des pratiques qui prennent la vidéo-surveillance par surprise !

© Antoine Mermet

Des pratiques qui multiplient les points de vue, détournements, formes d’expressions et dissonances face aux dispositifs de vidéosurveillance. Démonstration au travers de cette exposition collective rassemblant photographies, projections et installations réalisées par ACHAB, Antoine Mermet, Ceren Paydas, Christof Nüssli, Cynthia Charpentreau, Danielle Baskin, Pierre Cassou-Noguès / Stéphane Degoutin / Gwenola Wagon, Kurt Caviezel, Autodrône (Leïla Chaix), Liad Hussein Kantorowicz, Loopsider, La Quadrature du Net, Oxytocine (Julia Maura), Shinseungback Kimyonghun, Thaddé Comar, Franck Vigroux & Gregory Robin…

> du 22 octobre au 09 janvier, Le Lavoir Numérique, Gentilly
> https://lavoirnumerique.grandorlyseinebievre.fr

© Claire Courdavault

double exposition

Rentrée chargée pour Antoine Schmitt avec deux expositions en parallèle, sans compter ses œuvres que l’on peut encore voir au Havre (La Sprite, dans le cadre festival Un Été Au Havre) et à Poitiers (Cascade Series pour L’Atelier des mémoires vives et imaginaires).

La première, Movement Of The Pixel, est une rétrospective qui se tiendra à la Galerie Charlot, du 8 septembre au 31 octobre. Ingénieur-programmateur, Antoine Schmitt se tourne vers l’art numérique, sous influence de la cinétique et de la cybernétique, à la fin des années 90.

Cette exposition regroupe donc 25 ans de créations d’Antoine Schmitt autour des processus du mouvement. Les œuvres génératives présentées, minimales et abstraites, en perpétuel mouvement, toujours similaires, toujours différentes, incarnent chacune une situation, un système, un mode d’être.

Dans ces oeuvres minimales et abstraites, les mouvements infinis des formes élémentaires, pixels, lignes, carrés […] recréent à l’écran des processus inspirés du réel, des particules élémentaires, des masses du cosmos, des foules d’humains, des noeuds psychiques, des mouvements du corps, ou encore de systèmes issus de théories psychanalytiques, philosophiques, scientifiques, ou sociologiques.

Cette exposition est un aperçu scintillant de ses créations et de sa démarche artistique qui s’étend aussi au-delà, s’incarnant également dans des installations monumentales, des performances, des concerts audiovisuels, en solo ou en collaborations.

La deuxième, Être Machine, présente 4 nouvelles créations au Centre d’Art Les Églises de Chelles, du 11 septembre au 07 novembre. Ici, pas de pixels qui virevoltent sur écran, mais d’étranges appareillages.  

Des sculptures physiques : lumineuses, dynamiques, génératives et/ou interactives de grande taille qui tranchent singulièrement avec l’univers artistique d’Antoine Schmitt. Des machines « émancipées » qui semblent avoir réalisé quelques prophéties de la science-fiction, mais sans sombrer dans le transhumanisme…

Comme le souligne Antoine Schmitt, en introduisant des entités artificielles radicalement autres par leur être au monde propre, cette série d’œuvres propose explicitement des manières différentes d’être vivants dans le monde même que nous habitons, des manières différentes de nous voir nous-mêmes à travers leurs sens, leurs interprétations, leur subjectivité, leurs vécus.

Elles portent un regard sur nous, et cette exposition propose de porter un regard différent sur elles, et par là même porter un regard différent sur le monde et sur nous-mêmes. En ces temps à la fois de replis identitaires et de recompositions de nos rapports au vivant, Être Machine ouvre les possibles d’une altérité encore plus radicale.

> exposition Movement Of The Pixel (rétrospective)
> du 08 septembre au 31 octobre, Galerie Charlot, Paris
> https://www.galeriecharlot.com/

> exposition Être Machine (créations)
> du 11 septembre au 07 novembre, Centre d’Art Les Églises, Chelles
> https://www.chelles.fr/

> Antoine Schmitt
> https://www.antoineschmitt.com/

art, informatique et cybernétique

En 1968, une exposition fondatrice était présentée à l’Institut of Contemporary Arts de Londres par Jasia Reichardt. Intitulée Cybernetic serendipity, cette manifestation mêlait art et cybernétique. Depuis, l’informatique et les nouveaux médias ont changé nos vies. Partant de cet événement originel, l’exposition L’atelier des mémoires vives et imaginaires se propose d’explorer un ensemble de démarches très diverses, depuis la fin des années 1960 jusqu’à aujourd’hui. Réinvention ou détournement de l’objet, travail sur le langage, le code, les algorithmes, etc. […] La scénographie de l’exposition s’inspire des cartes mères et des circuits imprimés, occupant ainsi la totalité de la surface au sol de la chapelle Saint-Louis.

Avec les œuvres de Félix Agid, Asymptote (Lise-Anne Couture & Hani Rashid), Art & Language (collectif), Pierre Besson, Hervé Bezet, Samuel Bianchini (avec Sylvie Tissot), Guillaume Boissinot, Émilie Brout & Maxime Marion, Bernard Calet, Arthur Chiron, Alain Declercq, Ana Ebsen, Esad Talm Angers / D2g, Ezct Architecture & Design Research, Didier Fiúza Faustino, Pierre Jean Giloux, Günter Günschel, Ludovic Houplain (H5), Philippe Hurteau, Paul Kessel, Anne-Sarah Le Meur, Mlav-Land (Maud Lévy & Antoine Vercoutère), Manfred Mohr, Julien Prévieux, Sabrina Ratté, Antoine Schmitt, Laurent Signac (avec  Thierry Pasquier), Jeffrey Shaw (avec Dirk Groeneveld), Wilfried Thierry, Marianne Vieulès, Philippe Untersteller, Liam Young…

> du 01 juillet au 31 octobre, La Chapelle Saint-Louis, Poitiers
> https://www.poitiers.fr/