Il fut un temps où l’on parlait d’afro-futurisme. C’était au siècle dernier, au creuset de musiques électriques, de science-fiction et de peinture valorisant l’Afrique moderne ; si ce n’est post-moderne… Cette thématique est toujours d’actualité et s’est enrichie depuis des questions civilisationnelles nées avec le nouveau millénaire (écologie, numérique, etc.). Et l’Afrique offre toujours un point de vue décentré (pour les Occidentaux…) pour questionner l’avenir et les récits du futur. L’écrivaine afro-américaine Octavia Estelle Butler, morte en 2006 en ayant laissé derrière elle des écrits de SF, proposait le terme d’histo-futuriste pour définir quelqu’un qui regarde vers l’avant sans tourner le dos au passé, combinant un intérêt pour l’humain et pour la technologie.

C’est dans cet esprit que la commissaire d’exposition Oulimata Gueye a invité des artistes du continent qui, à partir d’une approche critique de la notion de futur, se demandent de quels savoirs et de quelles histoires nous avons besoin pour imaginer les mondes de demain. Nous avons un aperçu de ces « histoires parallèles » au travers de l’exposition intitulée l’Université des Futurs Africains qui se tient jusqu’au 29 août au Lieu Unique à Nantes, avec DK Osseo-Asare & Yasmine Abbas, Larry Achiampong, Lo-Def Film Factory (Francois Knoetze & Amy-Louise Wilson), Hamedine Kane & Stéphane Verlet-Bottéro, Nolan Oswald Dennis, Tegan Bristow, Nhlanhla Mahlangu, Philisiwe Dube, Russel Hlongwane, Ångelo Lopes & Rita Raínho, Kapwani Kiwanga, Tabita Rezaire, Jean Katambayi Mukendi, Jean-Pierre Bekolo, Afrotopiques (Marie-Yemta Moussanang)…

Pour abolir symboliquement la distance entre le lieu de l’exposition et le continent africain, un espace conçu par les architectes DK Osseo-Asare & Yasmine Abbas est installé au sein de l’exposition. Consacré à la construction d’un savoir commun, il fonctionne comme un lieu utile, un laboratoire, un espace de rencontres, de travail, de performances, une université d’éducation populaire. Cet événement s’inscrit dans le cadre de la Saison Africa2020 pilotée par N’Goné Fall, dont la tenue a été reportée en 2021 à cause de la pandémie de Covid19.

> jusqu’au 29 août, Le Lieu Unique, Nantes
> https://www.lelieuunique.com

Par les rêves…
Le rendez-vous annuel de la création au Fresnoy – Studio national

Nous n’avons pas fini de rêver. Pour le plus grand bonheur des psy et des artistes. Pour le malheur du temps… Le rêve, ou plutôt les rêves structurent la thématique du 23e rendez-vous annuel de la création du Fresnoy – Studio national qui se tiendra cet automne jusqu’à la fin de l’année. Ce qui vous laisse le temps, justement, de re-lire Le temps et le rêve de JW Dunne…

Gregor Božič, Monuments aux arbres tombés. Installation, 2021. © Gregor Božič

Comme le souligne Olivier Kaeppelin, commissaire de l’exposition, les films ou les installations de Panorama 23, utilisant le dessin comme l’art électronique, la sculpture, comme la réalité virtuelle, la théorie comme la poésie, ne cèdent jamais aux complaisances de l’idéologie, pour mettre en crise le monde avec lequel ils « débattent ». Ils se démarquent des discours rhétoriques et des slogans. Ils se détournent de cette économie du sens pour nous proposer de penser « par le rêve ». Ils côtoient, avec une grande liberté, les utopies littéraires ou scientifiques.

Les propositions artistiques se structurent sur quatre modalités. En premier lieu dans des face-à-face avec la présence humaine [où] le regard suit une ligne horizontale. […] Ils sont présents dans les photos, les dessins, les vidéos, les peintures, les performances ou ils nous échappent déclinés dans de multiples dimensions de l’espace grâce aux créations numériques.

Certaines invitent le regard à se lever sur le lointain. Dans d’autres travaux, la vision s’élève, se perd… C’est l’univers des fosses océaniques, des sonars, des réseaux ou encore de la fascinante matière noire. D’autres encore supposent un présent non-observale, théorique, présupposé par la mémoire des archives, les « datas », les modélisations, le calcul. Il est le fruit d’hypothèses conceptuelles, grâce à des jeux entre des cellules imperceptibles, entre les ondes et les particules. L’intrigue se manifeste par des cartographies, des encodages, des saisies systémiques ou des suppositions mathématiques.

Isabella Hin, Fight or Flight. Film, 2021. © Isabella Hin

Exposition avec Amélie Agbo, Judith Auffray, Guillaume Barth, Moufouli Bello, Olivier Bémer, Younes Ben Slimane, Santiago Bonilla, Ghyzlène Boukaïla, Gregor Božič, Alice Brygo, Emanuele Coccia, Anaïs-Tohé Commaret, Guillaume Delsert, Juliette Dominati, Vincent Duault, Rony Efrat, Elliot Eugénie, Joan Fontcuberta, Faye Formisano, Charles Fosseprez, Dora García, Julián García Long, Vera Hector, Isabella Hin, Che-Yu Hsu, Dorian Jespers, Olivier Jonvaux, Yongkwan Joo, Lina Laraki, Samuel Lecocq, Lefebvre Zisswiller, Lou Le Forban, Gohar Martirosyan, Kendra McLaughlin, Joachim Michaux, Magalie Mobetie, Lou Morlier, Toshihiro Nobori, Daniel Peñaranda Restrepo, Laure Prouvost, Chuxun Ran, Céleste Rogosin, Stéphanie Roland, Anhar Salem, Inès Sieulle, Marie Sommer, Ana Elena Tejera, Guillaume Thomas, Louise Tilleke, Minh Quý Truong,  Janaïna Wagner, Agata Wieczorek, Malte Zander, Yunyi Zhu

Il est précisé que le premier étage de la grande Nef du Fresnoy sera, durant l’exposition un lieu d’ateliers, de lectures, de discussions de convivialité et de partage…

> Panorama 23, le rendez-vous annuel de la création au Fresnoy – Studio national
> du 24 septembre au 31 décembre, Le Fresnoy, Tourcoing
> https://www.lefresnoy.net/

Daniel Peñaranda Restrepo, Ciuda sin sueño (titre provisoire). Film, 2021. © Daniel Peñaranda Restrepo