Mobilisation pour la fabrique de blouses pour les personnels soignants

> english

Il y a trois semaines, la plateforme Makerscovid.paris reçoit une demande très importante – 8400 unités – de confection de surblouses émanant du Groupe Hospitalier Universitaire. Le SimplonLab, la médiathèque Marguerite Duras et HomeMakers décident de relever le défi.

Fabrication de surblouses chez HomeMakers dans le 15ème arrondissement. Photo: © Quentin Chevrier

La plateforme Makerscovid.paris s’est montée à l’initiative des membres de l’association Fab City Grand Paris à la fin mars. Il y a trois semaines une importante commande de 8400 unités de blouses et surblouses arrivent sur la plateforme. Trois structures prennent la commande en charge. Le photographe Quentin Chevrier les a visités et les équipes nous livrent ici leur témoignage.

Au Simplon Lab

Antonin Fournier explique comment le SimplonLab s’est rapidement mobilisé suite à la prise en charge de la commande textile.
« Baptiste Degrémont, designer textile en résidence au SimplonLab a alors travaillé à la confection de prototypes de blouses et de pyjamas pour les envoyer à l’hôpital et les faire valider à l’usage. Accompagné d’une graphiste (Anouk Chambon) il a alors réalisé une notice de montage de ces blouses pour aider le réseau à s’en emparer et à répondre à ce besoin.

Avec l’équipe textile du SimplonLab. Photo: © Quentin Chevrier

« Nous avons ensuite travaillé avec Virginie de Labarre (Villette Makerz) qui a mis en place un questionnaire d’appel au bénévolat et a organisé le déplacement de machines de Villettes Makerz pour les regrouper au SimplonLab et transformer l’espace en petite usine textile. Les écoles de mode Duperré, ESMOD et Condé ont notamment relayé cet appel auprès de leurs réseaux d’étudiant.e.s qui sont venu.e.s nous prêter main-forte.

Avec HomeMakers et la Médiathèque Marguerite Duras, nous nous sommes mis à produire des ensembles de pyjamas et des blouses, mais aussi à préparer des kits pour que les personnes qui le souhaitent puissent les emporter chez elles et les coudre. » (Antonin Fournier)

À la médiathèque Duras une dizaine de couturières bibliothécaires se relaient sur les 6 machines à coudre rassemblées sur le site. Ces machines servent à leurs ateliers créatifs DIY à la médiathèque Robert Sabatier (18ème) ou à la bibliothèque Assia Djebar (20ème). Photo: © Quentin Chevrier

À la Médiathèque Marguerite Duras

Sous la dynamique impulsée par Cyrille Jaouan, bibliothécaire le jour, maker la nuit, la Médiathèque Marguerite Duras s’est mobilisée dès les premières semaines de confinement en produisant des visières « prusa » sur l’imprimante 3d de la médiathèque. Il nous explique comment la médiathèque s’est depuis transformée en micro-usine.

« Une nouvelle étape a été franchie avec l’installation dans la Médiathèque Marguerite Duras (Paris 20ème) d’un véritable « Corolab » éphémère. Face à l’ampleur des besoins, il a fallu s’adapter. Autour d’une équipe de volontaires des Bibliothèques de Paris, nous avons réussi (poke Pascal Ferry) à rassembler machines à coudre et imprimantes 3D du réseau des bibliothèques parisiennes (oui, il y a des machines à coudre et des imprimantes 3d dans les bibliothèques).

La médiathèque est fermée au public, mais les revues vont être réacheminées vers les hôpitaux parisiens : Pompidou, Necker, Cochin, etc., pour les soignants et les malades. Les revues sont livrées sous blister : geste barrière. Photo: © Quentin Chevrier

La Mairie du 20ème arrondissement qui soutient cette action apporte également sa participation en matériel via le budget participatif. Avec déjà des commandes de blouses hospitalières et de porte-masques, l’équipe est à pied d’œuvre.

« Ainsi les bibliothèques de Paris ont pu rejoindre la dynamique des makers d’Île-de-France impulsée par Fab City Grand Paris. Notre voisin, le Simplon Lab, fablab solidaire des quartiers populaires du 20ème, nous fournit documentation, fournitures et tissu, ce qui nous permet d’être en mesure, ensembles, nous bibliothécaires, dès la semaine du 20 avril 2020 de fournir entre 40 et 50 blouses ou pyjamas médicaux et une vingtaine de pièces 3d (visières, porte-masque, poignées de porte ou d’ascenseur adaptées). » (Cyrille Jaouan)

La section « masques » chez HomeMakers. Photo: © Quentin Chevrier

HomeMakers, le fablab textile

Julia Lim et Gilles Bessard du Parc qui animent le fablab textile HomeMakers dans le 15ème arrondissement racontent comment ils s’activent sur les visières, masques, blouses, surblouses et bas.

« La mobilisation d’HomeMakers a commencé tout d’abord avec la production de supports de visières de protection grâce à l’impression 3d par rapport aux premiers besoins remontés et s’est vite réorientée vers les visières en découpe laser et fabrication de masques basés sur le modèle AFNOR. Nous avons mis à profit notre expertise textile au service des citoyens et du collectif au vu des besoins urgents sur les masques et blouses/surblouses dernièrement. Les premières productions de masques sont sorties via un circuit de dons et récupérations afin de répondre dans l’urgence aux demandes. Depuis, nous sommes en cours de certification. »

Fabrique de blouses et masques chez HomeMakers. Photo: © Quentin Chevrier

« Chez HomeMakers, la confection de blouses et bas pour le personnel soignant a commencé il y a 10 jours. En plus des visières de protection, nous avons rapidement orienté la fabrication solidaire vers le textile et notamment sur les masques et tenues médicales. Au vu des nombreuses sollicitations des hôpitaux, centres Covid, Ehpads, et puisque le textile est dans l’ADN de Homemakers, nous avons séparé la chaîne de production et dédiée une partie exclusivement pour les blouses et bas.

Ayant rejoint SimplonLab pour la demande importante du GHU de Paris, plusieurs bénévoles plus expérimentés – accompagnés de Gilles Bessard du Parc, fab manager, ndlr – travaillent sur ces pièces. À chaque étape, nous apportons des optimisations en finition sur la couture et le montage. Tout se déroule sur place, ayant un parc machines composé de machines industrielles et familiales permettant de centraliser cette fabrication et suivre avec minutie le montage. » (Julia Lim et Gilles Bessard du Parc)

Ewen Chardronnet
publié en partenariat avec Makery.info

Le SimplonLab.
Le site de Cyrille Jaouan sur les bibliomakers.
Le fablab textile HomeMakers.

Le stand découpe des blouses et pyjamas au milieu de la Médiathèque Marguerite Duras. Sur ces tables de travail, lycéens, étudiants, chercheurs consultent les documents de la médiathèque habituellement… La documentation des techniques de coutures, des normes et préconisations est rassemblée et appliquée. La salle de lecture silencieuse du 2 étage a été transformée en atelier de couture. Photo: © Quentin Chevrier

sew protective gowns for the frontline

> français

In early April, Makerscovid.paris received an outsize order from Groupe Hospitalier Universitaire (GHU)—for 8,400 protective gowns. Two labs and a library rose to the challenge. Photographer Quentin Chevrier followed their response.

Making protective gowns at HomeMakers in Paris. Photo: Quentin Chevrier

At SimplonLab

Antonin Fournier explains how SimplonLab immediately took charge of the textiles order. “Baptiste Degrémont, textile designer in residence at SimplonLab, began working on prototypes of gowns to send to the hospital and have them validated for use. He and graphic designer Anouk Chambon made an assembly guide for the gowns to share with the network and meet the hospital’s needs.

SimplonLab’s textile team. Photo: © Quentin Chevrier

Then we worked with Virginie de Labarre (fabmanager of Villette Makerz), who sent out a call for volunteers and arranged to move machines from Villettes Makerz to SimplonLab, in order to transform the space into a small textile factory. Fashion schools Duperré, ESMOD and Condé relayed the call for volunteers to their students, who came to lend us a hand. Along with HomeMakers and Médiathèque Marguerite Duras, we began producing gowns, as well as preparing kits for people to sew them at home.” (Antonin Fournier)

At Médiathèque Marguerite Duras, 10 sewing librarians work in shifts on 6 sewing machines imported on site from Médiathèque Robert Sabatier (18th arrondissement) and Assia Djebar library (20th arrondissement). Photo: © Quentin Chevrier

At Médiathèque Marguerite Duras

Under the impulse of Cyrille Jaouan—librarian by day, maker by night—Médiathèque Marguerite Duras mobilized within the first weeks of lockdown to 3D print Prusa face shields. He explains how the media library has since transformed into a micro-factory.

“Médiathèque Marguerite Duras passed a new milestone once we installed the temporary ‘Corolab’. Given the magnitude of the demand for protective gear, we needed to adapt. With a team of volunteers from Bibliothèques de Paris, we succeeded (poke Pascal Ferry) in collecting sewing machines and 3D printers from the network of Paris libraries (yes, there are sewing machines and 3D printers in the libraries). Our local municipality in the 20th arrondissement supported this action by providing equipment through a participatory budget. The team is already hard at work on the orders for gowns and visors.

The Médiathèque is closed to the public, but the magazines will be forwarded—under protective plastic wrap—to Paris hospitals (Pompidou, Necker, Cochin, etc.) for their health care workers and patient. Photo: © Quentin Chevrier

“So Paris libraries were able to join the momentum of Paris makers driven by Fab City Grand Paris. Simplon Lab, our neighbor in the 20th arrondissement, provided documentation and fabrics, which enabled us librarians to work together to produce 40-50 medical gowns and 3D parts (face shields, visors, adapted door and elevator knobs).” (Cyrille Jaouan)

“Mask” section at HomeMakers. Photo: © Quentin Chevrier

At HomeMakers

Julia Lim and Gilles Bessard du Parc, who manage the textile fablab HomeMakers in the 15th arrondissement, talk about how they got involved to produce face shields, masks and gowns.

“HomeMakers first mobilized to 3D-print face shields to help meet initial hospital needs, before turning to laser-cut shields and masks based on AFNOR’s model. Most recently, we contributed our expertise in textiles to respond to the urgent need for masks and gowns. The first production rounds of masks were distributed through a circuit of donations and pick ups. Since then, we’re in the process of being certified.”

Making gowns and masks at HomeMakers. Photo: © Quentin Chevrier

“At HomeMakers, we began producing protective shirts and pants for health care workers 10 days ago. Given the increased sollicitations from hospitals, Covid-19 centers, nursing homes, and because textiles are in our DNA, we dedicated part of our production chain exclusively to protective medical garments.

Joining SimplonLab to meet GHU’s order, several more experienced volunteers [with guidance from fabmanager Gilles Bessard du Parc] are working on these pieces. At each phase, we optimize the sewing and assembly. Everything happens on site, with both industrial and home machines that allow us to centralize production and follow every detail of the assembly line.” (Julia Lim and Gilles Bessard du Parc)

Ewen Chardronnet
published in partnership with Makery.info

SimplonLab
Cyrille Jaouan’s blog post on bibliomakers
HomeMakers textile fablab

Stand for cutting gowns in the middle of Médiathèque Marguerite Duras. In normal times, these work tables are used by students and researchers to consult documents. Here, documentation on sewing techniques, standards and recommendations is collected and applied. The 2/F reading room serves as a sewing workshop. Photo: © Quentin Chevrier

“We literally heard hospitals calling for help”

> français

Makery relays voices from fabrication spaces federated around the collective Makers x Covid Paris. They tell the story of how they mobilized and organized to support the city’s frontline workers most exposed to the Covid-19 virus. After publishing exclusive photos of the preparation and delivery process of protective gear, Makery collected comments from the pivotal Parisians who immediately responded to the crisis by pooling their energy, skills and resources to form the collective Makers x Covid Paris.

Volunteers assemble face shields at Woma in Paris. Photo : © Quentin Chevrier

Micro-factory for urban fabrication

In Paris, the beginning of the health crisis and subsequent lockdown was met with a flurry of initiatives, followed by some frustration: how to contribute, which collective to join, which tools to use to collectively organize, how to identify material needs or respond to requests from health care workers—all while staying at home.

“We didn’t want to initiate another movement that would simply add to the confusion for those who wanted to get involved. But given the urgency of the situation, we first created our own shared file for coordination, while waiting for a larger coordinated effort. (…) After witnessing the friction caused by issues of governance and representation, we felt it was important that it have a new, neutral name: makerscovid.paris.” (Quentin Perchais, Woma)

“This common platform for exchanging information and organizing ourselves, at first very informally (through phone calls) then more structured online (shared spreadsheet, Slack server, forms, website), allowed us to really coordinate the production activities of the various members of the network. Not only did it save us time and energy, it enabled us to respond directly to the urgent requests coming from local hospitals and other organizations.” (Antonin Fournier, SimplonLab)

Mon atelier en ville – busy hands at work. Photo : © Quentin Chevrier

“It started with a group of close colleagues from Volumes, Woma and Ars Longa. Then the first labs—Atelier des amis, Mon atelier en ville and Electrolab—contributed part of their operations to our shared spreadsheet. Eventually, as requests increased from Paris City Hall, the Salvation Army and others, the collective grew to 20 fabrication spaces responding to requests and coordinating our actions. (…) We finally set up a micro website to centralize all the information regarding requests, participants and donations.” (Quentin Perchais, Woma)

The extensive and urgent need for equipment rallied all the actors around a face shield model that was easy to produce and assemble: the “Folded” design by Aruna Ratnayake at Volumes, laser cut and validated by Kremlin-Bicêtre Hospital. The various labs involved all recognized the invaluable role of rapid inter-structural coordination in optimizing parts of their work (managing requests, supplying materials, delivery), which in turn allowed the makers to focus on production—essentially of face shields and masks.

List of equipment in production on makerscovid.paris. Photo: D.R.

Solidary mesh of flexible workshops

“You need sanitary equipment, you want to place an order, or you want more information” offers the Demander (request) menu option of the makerscovid.paris online platform, which lists items in production (face shields, cloth masks, protective gown, door hook, V26 mask valve adapter…) and in development.

Homemakers, a fablab specialized in textiles and design, immediately made their digital fabrication machines available for the production of face shields, before turning to the heart of their craft: textile production. Julia (president of Homemakers) and Gilles Bessard du Parc (full-time volunteer) reflect on the beginning of their involvement.

“Homemakers joined the Makers against Covid movement on March 30. As we were worried about our families and shocked to see the number of deaths rising each day, we quickly aligned our production and connected with our fablab network, as well as our families, friends and neighbors on social media. We got into touch with Minh (Fab City Grand Paris) and were immediately integrated into the coordinated fabrication of sanitary equipment.

Gilles and Antoine assemble face shields at Homemakers. Photo : © Julia Lim – Homemakers

“We started by producing parts for face shields (3D printing and laser cutting), then we refocused on making cloth masks. Given our expertise in textiles and after studying the models provided by AFNOR, we soon led the textiles team in producing masks. Now we have 15 volunteers working on site in shifts and about 40 volunteers working remotely. We are extremely grateful to them and thank our silent heros who mobilized along with us.” (Homemakers)

Minh Man Nguyen is president of the association Fab City Grand Paris, whose goal is to develop/facilitate/localize production capacity in greater Paris.
“In an emergency response to the health crisis, Paris City Hall ordered 2,000 face shields from Fab City Grand Paris. The order was contracted and honored in less than a week thanks to a mesh of flexible workshops capable of mass production. Nearly 14,000 face shields were produced and distributed in the past two weeks, which proves that fablabs and makerspaces can adapt to fulfill an order much more efficiently than the industry ».

« Third-spaces are not only production spaces, they also serve as relay points for citizen-makers who print and assemble in their own homes, providing materials and logistics. Our association helped to centralize purchasing (made possible by advanced funds and donations), sourcing of raw materials through partnerships and the logistical flow of materials.” (Minh Man Nguyen, Fab City Grand Paris)

Marie-Valentine makes cloth masks at Homemakers. Photo : © Julia Lim – Homemakers

Reinventing the production chain

Antonin Fournier, fabmanager of SimplonLab (fablab of the company Simplon), talks about the coordination efforts both among organizations within Makers X Covid Paris, as well as internally, in order to successfully produce all the equipment ordered within very short timeframes.

“The first days were crazy, there were so many parameters we had to take into account: the materials and their availability at eventual suppliers, the various open source prototypes and their validity, priority of incoming requests, internal organization of fablabs in order to produce safely, financing the purchase of materials, etc. »

In just a few days, our fablab was transformed into a little neighborhood factory, hosting a dozen people from different backgrounds (mutual help groups on Facebook, fashion schools, community associations…). Those who come almost every day now master the chains of production from start to finish and can help initiate newcomers.” (Antonin Fournier, SimplonLab)

Baptiste Doublet Degremont is a textile designer and artist in residence at SimplonLab: “Setting up a production network during a health crisis isn’t easy. But it’s what we did with SimplonLab, where I’m (in normal times) an artist in residence. We did this because we literally heard the hospitals calling for help. Because if we don’t do it, who will?” (Baptiste Doublet Degremont, SimplonLab)

Many different skills contributed to this solidary chain of production. Carton Plein mobilized alongside the numerous Parisian fablabs and makers to pick up the face shields produced in the workshops and redistribute them “by the sheer force of our shins, on our two-carriers and cargo bikes” to hospitals, testing centers, nursing homes, clinics, etc.

Marie Boussard, fabmanager of Villette Makerz, mobilized the tools of her makerspace and offered her own knowledge and experience to produce face shields. Marie is also a designer-illustrator, who created illustrations for the makerscovid.paris website, posters and flyers. Makers x Covid Paris: “Communicating about our actions helps collect donations in order to buy more raw materials and therefore to produce—we’ve come full circle!”

SimplonLab volunteers begin working on the production of protective gowns. Photo : © Quentin Chevrier

As requests persist, questions remain

While the members of Makers x Covid Paris have successfully seized the opportunity to respond effectively to the crisis (urgency, solidary momentum, fast and efficient coordination, intelligent stock management), many questions remain regarding the post-covid cohesion of this spontaneous collective.

“What should the future city be in order to face other crises, or to have the capacity to prevent them? How can we make production sustainable while guaranteeing a certain degree of quality and remaining financially viable?” asks Minh Man Nguyen. The question of mid- to long-term cooperation is on everyone’s mind. “The challenge will be to successfully maintain this dynamic cooperation beyond the pandemic, in order to retain the network’s proven ‘strike force’.” (Antonin Fournier, SimplonLab)

“For several years, we’ve been working to cooperate among fabrication spaces. But in just two weeks, we’ve accomplished so much more as a collective than we ever did before! My hope is to be truly useful, to carry out distributed production, to have different labs talking to each other, and our next challenge: to find the conditions to cooperate!” (Quentin Perchais, Woma)
The mobilization continues.

Catherine Lenoble
published in partnership with Makery.info

Makers x Covid Paris platform and call for donations

Témoignages de la mobilisation

> english

Makery livre des témoignages collectés auprès des lieux de fabrication et volontaires fédérés au sein du collectif Makers x Covid Paris. Après le photo-reportage embarqué où l’on a pu suivre la livraison de matériel de la plateforme Makerscovid.paris, Makery valorise la parole de celles et ceux qui ont mis leurs énergies et compétences en commun pour répondre à l’urgence de la crise. Récit de la mobilisation à Paris pour soutenir soignants et personnels exposés.

Assemblage de visières par une équipe bénévole chez Woma. Photo : © Quentin Chevrier

Micro-usine de fabrication urbaine

Au départ il y a ce foisonnement d’initiatives sur Paris et un peu de frustration à savoir comment contribuer, quel collectif rejoindre, quels outils mettre en place pour s’organiser à plusieurs, identifier les besoins matériels ou répondre aux demandes des personnels soignants et exposés, tout en étant chez soi.

« On ne voulait pas initier un mouvement de plus, et rendre le terrain encore plus flou et complexe pour ceux qui souhaitaient s’impliquer. Dans l’urgence, nous nous sommes finalement résolus à créer notre propre fichier de coordination dans l’attente d’une coordination plus large. (…) En observant les premières frictions liées aux questions de gouvernances et représentation, il nous a été important de faire ça sous un nom neuf et neutre : makerscovid.paris. » (Quentin Perchais, Woma)

« La création d’une plateforme commune d’échange et d’organisation, d’abord très informelle (sous forme d’appels, d’échanges téléphoniques) puis prenant plus forme (un Excel partagé, un serveur slack, des formulaires, un site) a véritablement permis de coordonner l’action de production des différents acteurs du réseau. Cela nous a fait gagner du temps, de l’énergie et surtout nous a placé en mesure de répondre aux importantes demandes émanant des CHU et autres établissements. » (Antonin Fournier, simplonlab)

Mon atelier en ville – les petites mains à l’œuvre. Photo : © Quentin Chevrier

« Ça a commencé avec un groupe d’acteurs proches que nous formions avec Volumes, Woma et Ars Longa. Puis, l’Atelier des amis, Mon atelier en ville et l’Electrolab, qui étaient les premiers labs impliqués, ont porté une partie de leur fonctionnement sur un tableur commun. Finalement, avec les demandes grandissantes, de la Mairie de Paris, de l’Armée du Salut, on s’est vite retrouvé une vingtaine de lieux de fabrication à répondre aux demandes et à coordonner nos actions. (…) Nous avons finalement produit un micro-site pour centraliser les informations de demandes, de participations et de dons. » (Quentin Perchais, Woma)

L’ampleur du besoin en matériel a aligné l’ensemble des acteurs sur un modèle de visières facile à produire et à monter : la version « Folded », conçue par Aruna Ratnayake à Volumes, fabriquée à la découpe laser et validée par l’hôpital du Kremlin-Bicêtre. Les différents labs impliqués le reconnaissent, c’est cette rapide coordination inter-structures qui aura permis d’optimiser une partie du travail (gestion des demandes, approvisionnement en matière, livraison) permettant aux makers de se concentrer sur la production – de visières ou de masques essentiellement.

Liste du matériel en production sur la plate-forme makerscovid.paris. Photo: D.R.

Maillage solidaire d’ateliers flexibles

« Vous avez des besoins en matériel sanitaire, vous voulez effectuer une commande, ou vous cherchez plus », l’onglet « Demander » sur la plate-forme référence les modèles produits (visières, masques tissu, surblouse et pyjama, attache masque, ouvre-portes, adaptateur valve masque V26) et ceux en cours de développement.

Homemakers est un fablab spécialisé textile et design à Paris (on vous en parlait ici). Très vite, la structure met à disposition son parc machines pour la fabrication de visières puis s’oriente vers son cœur de métier, la production textile. Julia (présidente de Homemakers) et Gilles Bessard du Parc (bénévole à temps plein) reviennent sur les débuts de leur mobilisation.

« Homemakers a intégré le mouvement Makers contre le Covid le 30 mars. Étant inquiets pour nos proches et choqués de voir le nombre de décès augmenter jour après jour, nous avons entrepris cette démarche de production et sommes rentrés rapidement en contact avec notre réseau de fabeurs ainsi que nos familles, amis, voisins via les réseaux sociaux. Nous nous sommes rapprochés de Minh (Fab City Grand Paris) et avons été intégrés de suite dans la coordination de fabrication de matériel sanitaire.

Homemakers – Gilles et Antoine en binôme sur l’assemblage de visières. Photo : © Julia Lim – Homemakers

« Nous avons commencé avec la production de supports de visières de protection (impression 3D puis découpe laser) et nous nous sommes réorientés vers la fabrication de masques. Au vu de notre expertise dans le textile et suite à des recherches dans les cahiers des charges, modèles de masques communiqués par l’AFNOR, nous avons été très vite intégrés au pôle textile avec un lead sur la fabrication des masques. Aujourd’hui, nous avons un réseau d’une quinzaine de bénévoles sur place – en roulement et une quarantaine de bénévoles à distance. Nous leur en sont extrêmement reconnaissants et remercions nos héros silencieux qui se sont mobilisés avec nous. » (Homemakers)

Minh Man Nguyen est président de l’association Fab City Grand Paris qui s’est constituée dans l’objectif de développer/favoriser/relocaliser la capacité productive de Paris et sa proche banlieue.

« Face à la crise sanitaire et pour répondre à l’urgence, la Mairie de Paris s’est appuyée sur FCGP pour une commande de 2000 visières. Celle-ci a été contractée et honorée en moins d’une semaine grâce à un maillage d’ateliers flexibles capable de produire en masse. Près de 14 000 visières ont été fabriquées et distribuées ces 2 dernières semaines prouvant la capacité d’adaptation des fablabs et makerspaces pour pallier le temps d’adaptation des industriels à la commande.

« Les tiers-lieux en plus d’être productifs sont des points relais pour les citoyens-makers qui impriment et assemblent depuis leur habitation. Ils fournissent matières et logistiques. Notre association a ainsi facilité la centralisation des achats (notamment permis grâce à une avance de trésorerie puis par la collecte de fonds), le sourcing de la matière première grâce à certains partenariats et la logistique du flux de matières. » (Minh Man Nguyen, Fab City Grand Paris)

Homemakers – Marie-Valentine à la confection de masques en tissu. Photo : © Julia Lim – Homemakers

Ré-inventer la chaîne de production

Antonin Fournier, le fabmanager du simplonlab (fablab solidaire de l’entreprise Simplon) évoque le double effort de coordination, entre les structures du collectif Makers X Covid Paris, mais aussi en interne, pour réussir à produire le matériel demandé dans des délais très courts.

« Les premiers jours étaient vertigineux tant il y avait de paramètres à prendre en compte : les matériaux et leurs disponibilités chez les éventuels fournisseurs, les différents prototypes circulant en open-source et leur validité, la priorisation des demandes entrantes, l’organisation interne des fablabs pour être en mesure de produire en sécurité, le financement des achats de matériaux… »

« En quelques jours notre fablab s’est transformé en une véritable petite usine de quartier, accueillant une dizaine de personnes venant d’horizons variés (groupes d’entraide sur Facebook, écoles de mode, structures associatives du quartier…). Celles et ceux qui reviennent quasiment tous les jours maîtrisent maintenant les chaînes de production de bout en bout et peuvent aider à l’accueil des nouveaux.elles venu.e.s. » (Antonin Fournier, simplonlab)

Baptiste Doublet Dégremont est designer textile et artiste résident au simplonlab : « Mettre en place un réseau de production en temps de crise sanitaire, ce n’est pas une mince affaire. Mais c’est se qu’on a fait avec le simplonlab, ou je suis (en temps normal) artiste résident. On a fait ça parce qu’on a entendu l’appel à l’aide des hôpitaux. Littéralement. Parce que si on ne le fait pas, qui le fera ? » (Baptiste Doublet Dégremont, simplonlab)

Les compétences mises à profit dans cette chaîne de production solidaire sont multiples. On pense à l’équipe de Carton Plein, mobilisée aux côtés des nombreux fablabs et makers Franciliens, pour récupérer les visières produites dans les ateliers et les redistribuer « à la seule force de nos mollets, sur nos biporteurs et vélos remorques » auprès des hôpitaux, centres de dépistage, EHPAD, cliniques, etc.

Ou encore Marie Boussard, fabmanageuse à Villette Makerz, qui a mis à profit les outils de sa structure et son savoir-faire pour produire des visières de protection. Marie est aussi designer-illustratrice, elle a proposé au collectif des illustrations qui ont servie pour la plate-forme makerscovid.paris et pour la mise en place d’affiches et de flyers. Makers x Covid Paris : « Communiquer sur nos actions permet de récolter des dons pour l’achat de matières premières et donc de produire, la boucle est bouclée ! »

Les bénévoles du SimplonLab se lancent désormais dans la production de surblouses. Photo : © Quentin Chevrier

Les demandes persistent, les questions demeurent

Si toutes les structures partie prenantes du collectif ont toutes eu un coup de boost (urgence, élan de solidarité, rapidité et efficacité de la coordination, gestion intelligente des stocks), de nombreuses questions demeurent pour l’après-covid et la cohésion de ce collectif spontané. « Que doit être la ville de demain pour pouvoir faire face à d’autres crises ou pour être en capacité à les prévenir ? Comment pérenniser une production en garantissant une certaine qualité tout en restant viable financièrement ? » s’interroge Minh Man Nguyen.

La question de la coopération à moyen-long terme est dans tous les esprits. « L’enjeu me paraît de réussir à conserver cette dynamique de coopération au-delà de la période de lutte contre le covid-19, pour maintenir cette ‘force de frappe’ dont fait preuve le réseau. » (Antonin Fournier, simplonlab)

« Mon espoir… cela fait plusieurs années que l’on travaille à coopérer entre lieux de fabrication. En 2 semaines, infiniment plus été fait en collectif que ce que nous avions pu porter précédemment ! Avoir une utilité réelle, produire de manière distribuée, faire discuter ensemble les différents labs, et maintenant, notre prochain challenge, trouver les conditions de la coopération ! » (Quentin Perchais, Woma)
La mobilisation se poursuit.

Catherine Lenoble
publié en partenariat avec Makery.info

La plateforme et la cagnotte Makers x Covid Paris.

Delivering protective gear with Makerscovid.Paris

> français

Capturing the moment for distributed production of personal protective equipment, photographer Quentin Chevrier followed deliveries around a city on lockdown by the collective Makers x Covid Paris.

Out for delivery to Pitié-Salpêtrière Hospital. Photo : © Quentin Chevrier

Makers in the greater Paris region are currently working around the clock to produce emergency protective gear for those most exposed to the Covid-19 virus. Makers x Covid Paris is one of many ad hoc collectives in the French capital, which emerged from initiatives launched by Volumes, WoMa, Mon Atelier en Ville, Electrolab and Atelier des Amis. Fab City Grand Paris rose to the challenge by immediately federating fablabs, hackerspaces, coworking spaces and shared work studios. Soon after, Homemakers textile fablab in the 15th arrondissement, the brand-new La Tréso in Malakoff, many other labs, public partners and suppliers rallied around this collective dynamic. Now, Makers x Covid Paris includes 68 fabrication spaces and 85 volunteers with a common goal: to produce and deliver through a dedicated platform a maximum of sanitary equipment for those most exposed.

From fabricating to assembling face shields

As the machines operate nonstop, teams organize into different shifts. The first round of volunteers comes in to assemble and pack the face shields into cardboard boxes, which are labeled and ready to be delivered to the organizations that placed their order through the online platform. Then the “runners” come to the various labs to pick up the boxes and transport them, via bicycle or automobile, to the health care workers.

500 face shields were assembled in 5 hours by 6 people gathered at Volumes makerspace in the 19th arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Preparing boxes for delivery at Volumes. Photo : © Quentin Chevrier

An atmosphere of conscientious work, repetitive tasks and protected faces reigns at the (usually) open-service Mon Atelier en Ville in the 2nd arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Preparing boxes for delivery at WoMa makerspace in the 19th arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

There is a constant flow of peer-to-peer orders on makerscovid.paris. This online tool channels the needs and requests of small organizations and health care centers directly to the fablabs. In an effort to support local production and manufacturing, the municipal government of Paris further connected other potential suppliers and contributed to practical solutions in logistics.

Carton Plein, activism on delivery

In the offices of Carton Plein—an association that is particularly committed to the social and professional integration of people most alienated from work (homeless, without qualifications or income, etc.)—volunteers are planning the deliveries of face shields produced by makers in their homes to health care and other essential workers, as well as raw materials for fablabs.

Planning deliveries in the offices of Carton Plein. Photo : © Quentin Chevrier

Preparing cargo for delivery at Carton Plein. Photo : © Quentin Chevrier

Loading boxes outside Carton Plein in the 11th arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Fred, volunteer and elected official in the 18th arrondissement, prepares his journey to Villette Makerz in Parc de la Villette. Photo : © Quentin Chevrier

Delivering raw materials to Villette Makerz fablab in the 19th arrondissement. As Parc de la Villette is closed, the cargo bike cannot go any further inside. Photo : © Quentin Chevrier

Noël’s cargo-bike delivery to medical teams

Noël delivers face shields produced at Atelier des Amis in the 17th arrondissement.

Noël’s first delivery at Hôtel Dieu Hospital on Ile de la Cité. Photo : © Quentin Chevrier

This box is filled with 50 face shields for Hôtel Dieu Hospital. Photo : © Quentin Chevrier

Receiving the order of 50 face shields. The stylus will be cleaned once the delivery form is signed. Photo : © Quentin Chevrier

Trying on the face shield—over the mask. Photo : © Quentin Chevrier

Delivery to the home of a health care worker. Photo : © Quentin Chevrier

Delivering 200 face shields to Pôle Santé Paris 13, an association of more than 150 health care professionals. Photo : © Quentin Chevrier

The face shields will then be distributed to the Maison des aînés et des aidants. Mission accomplished! Noël validates reception of delivery with a photo. Photo : © Quentin Chevrier

In order to buy materials, some labs made advance payments before calling for donations. So far, they have raised 3000 euros. While the logistical supply of materials is still complicated at the moment, some businesses have responded and actively support the initiative (suppliers Kimya, Francofil, Polydis, Richardson, DOOD for the supply of 3D printers).

Makers x Covid Paris has already produced some 15,000 face shields, delivered to a number of hospitals (Hôpital du Kremlin-Bicêtre, Pitié-Salpêtrière, Hôpital Robert Debré, Hôpital Saint-Louis, etc.), and is currently producing several thousand more.

Quentin Chevrier
published in partnership with Makery.info

 

Livraison de matériel de protection avec la plateforme Makerscovid.Paris

> english

L’heure est à la production distribuée d’équipements de protection individuelle. Le photographe Quentin Chevrier a suivi la livraison de matériel de la plateforme mise en place par le collectif Makers x Covid Paris.

Tournée de livraison, en direction de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Photo : © Quentin Chevrier

Les makers d’Ile-de-France se mobilisent pour produire du matériel sanitaire d’urgence. Le collectif Makers x Covid Paris fait partie des multiples initiatives qui sont nées sur le territoire francilien pour pallier ce manque. Le collectif s’est construit autour de premières initiatives portées les ateliers de Volumes, WoMa, Mon Atelier en Ville, l’Electrolab et l’Atelier des Amis. La plateforme Fab City Grand Paris relève le challenge et très vite fédère fablabs, hackerspaces, espaces de co-working ou ateliers partagés. Le fablab textile Homemakers dans le 15ème arrondissement, le tout nouveau La Tréso à Malakoff et beaucoup d’autres labs, mais aussi des partenaires publics et des fournisseurs, se rallient à la dynamique collective. 68 lieux de fabrication et 85 volontaires sont aujourd’hui fédérés. Leur objectif : produire et livrer par le biais d’une plateforme dédiée un maximum de matériel pour les personnes les plus exposées.

De la fabrication à l’assemblage des visières

Tandis que les machines tournent à plein régime, différents roulements s’organisent pour venir assembler et empaqueter la marchandise (essentiellement des visières) par lot. Les cartons sont étiquetés, prêt à partir vers les structures destinataires dont les demandes ont été recueillies sur la plateforme. Les « runners » viennent ensuite récupérer les paquets dans les différents labs pour les acheminer, en vélo-cargo ou voiture, vers les soignants.

En 5 heures, avec 6 personnes réunies au makerspace de Volumes dans le 19ème arrondissement, 500 visières sont assemblées. Photo : © Quentin Chevrier

Préparation des colis chez Volumes dans le 19ème arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Ambiance minutieuse, répétitive et toute en protection, dans cet atelier (habituellement) en libre service Mon Atelier en Ville dans le Sentier. Photo : © Quentin Chevrier

Préparation des cartons chez WoMa, Fabrique de quartier dans le 19ème arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Question logistique, les commandes affluent en contact direct, via la plateforme créée pour l’occasion makerscovid.paris. Cet outil permet de recouper besoins de petites structures et demandes émanant de groupes hospitaliers en lien direct avec les fablabs. À l’échelle de la ville, la Mairie de Paris, qui souhaite soutenir la production locale, a permis la mise en relation entre les divers acteurs, les fournisseurs potentiels et de trouver des solutions concernant la logistique.

Carton Plein, des livreurs engagés

Dans les bureaux de Carton Plein – l’association dont un des engagements est d’aider à l’inclusion sociale et professionnelle des personnes les plus éloignées du travail : sans logement, sans qualification, sans revenus suffisants, etc. – on planifie la livraison de visières fabriquées par des makers à domicile pour des soignants et personnels indispensables, ainsi que de la matière première pour les fablabs.

Planification des livraisons chez Carton Plein. Photo : © Quentin Chevrier

Préparation des expéditions chez Carton Plein. Photo : © Quentin Chevrier

Chargement des livraisons chez Carton Plein dans le 11ème arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Préparation du trajet vers Villette Makerz dans le Parc de la Villette pour Fred, bénévole et élu à la mairie du 18ème arrondissement. Photo : © Quentin Chevrier

Livraison de matières premières au fablab Villette Makerz. Le Parc de la Villette est fermé, impossible d’y pénétrer en vélo-cargo, il faut livrer les cartons avec un diable. Photo : © Quentin Chevrier

En tournée avec Noël et son vélo-cargo pour fournir les équipes médicales

Après la tournée de Fred, notre photographe suit Noël et son vélo-cargo, qui livre les visières produites à l’Atelier des Amis dans le 17ème arrondissement.

Première livraison de visières à l’Hôtel Dieu pour Noël. Photo : © Quentin Chevrier

Une cinquantaine de visières pour l’Hôtel-Dieu dans ce carton. Photo : © Quentin Chevrier

Réception d’un carton d’une cinquantaine de visières. Le stylo sera lavé après la signature du bon de livraison. Photo : © Quentin Chevrier

Premier essayage de visière – à porter en plus du masque. Photo : © Quentin Chevrier

La livraison se fait au domicile d’une soignante. Photo : © Quentin Chevrier

Livraison de 200 visières au Pôle Santé Paris 13, association de plus de 150 professionnels de santé. Photo : © Quentin Chevrier

Les visières seront ensuite distribuées à la Maison des aînés et des aidants. Mission accomplie ! Le livreur valide la bonne réception en photo. Photo : © Quentin Chevrier

Pour l’achat de matériel, certains labs ont dû faire des avances de trésorerie puis une cagnotte a été ouverte. Elle a permis à ce jour de collecter près de 3000 euros. Même si l’approvisionnement en matériaux est compliqué en ce moment, certaines entreprises répondent présentes et même soutiennent l’initiative (les fournisseurs Kimya, Francofil, Polydis, Richardson, DOOD qui fournit des imprimantes 3D).

Le collectif Makers x Covid Paris a déjà produit près de 15 000 visières et livré de nombreux établissements (Hôpital du Kremlin-Bicêtre, Pitié-Salpêtrière, Hôpital Robert Debré, Hôpital Saint-Louis, etc.) et doit encore en produire plusieurs milliers.

Quentin Chevrier
publié en partenariat avec Makery.info

Recto VRso

Comme son nom l’indique, Laval Virtual est un festival basé en Mayenne, à Laval, qui est dédié à la réalité virtuelle et aux techniques immersives. C’est surtout, en cette année 2020 marquée par la pandémie du coronavirus Covid-19, un des rares festivals a être maintenu… virtuellement ! Signe des temps, le fameux Burning Man se déroulera aussi cette année dans les replis des multivers… Un mode opératoire qui s’impose, après coup, avec évidence. Si d’autres événements on choisi d’assurer une édition réduite sur les réseaux sociaux, comme Le Printemps de Bourges par exemple, Laval Virtual va au-delà en proposant une version complètement dématérialisée de sa programmation du 22 au 24 avril. Seul le parcours artistique qui était prévu dans différents lieux emblématiques de la ville a été annulé.

Pour faire vivre — et surtout pour vivre — cette manifestation à distance, les organisateurs ont créé une plateforme qui évoque Les Sims et les mondes désormais perdus de Second Life. Le protocole d’accès est simple. Sur inscription gratuite, les participants comme les festivaliers sont invités à télécharger une application qui permet de créer un avatar et ensuite de rejoindre, participer et réagir aux différentes propositions du festival ; que ce soit les conférences, la soirée de remise des Awards ou les rendez-vous d’affaires. Sans oublier les compétitions entre start-ups rassemblées sous l’intitulé ReVolution (la notion de compétition est-elle vraiment compatible avec l’idée de révolution, c’est aune autre question…). Cette saine émulation est divisée en trois catégories : #Startups (pour les start-ups technologiques), #Experiences (pour les studios de production qui ont créé un contenu cross-technologie) et #Research (pour les projets de recherche universitaire ou privée).

Concernant les conférenciers (chercheurs, créateurs, entrepreneurs, etc.), on note en particulier la présence de Suzanne Beer, Professeure de philosophie et enseignante en Arts Numériques à l’Université Paris-Est Marne-La-Vallée, qui vient juste de publier un essai intitulé Musées Virtuels et Réalités Muséales (L’Harmattan, mars 2020). La remise des awards qui distinguent des projets en réalité virtuelle ou augmentée, axés sur des problématiques industrielles, commerciales ou de formation, se tiendra également dans les mêmes conditions.

Sigrid Coggings, Serial portrait VR. Photo: D.R.

L’exposition Corps réel – Corps virtuel qui rassemble une quinzaine d’œuvres sera visible dans le labyrinthe d’une galerie tridimensionnelle. Sa version physique, IRL, est reportée à l’année prochaine. Et finalement ces circonstances donnent corps, si l’on ose dire, à la déclaration d’intention et aux interrogations portées par les artistes : Les paradoxes et les explorations propres au virtuel… Les disparitions imaginées du corps… La perception et les illusions multisensorielles… La place du corps au sein de la réalité virtuelle ou mixte ? Quelles hybridations possibles entre le corps réel et le corps virtuel ?

Mélodie Mousset & Eduardo Fouilloux, Jellyfish always cared. Photo: D.R.

Parmi les artistes de cette édition singulière, on mentionnera Isobel Knowles & Van Sowerwine et leur film à 360 degrés en stop-motion sur les tribulations d’un chauffeur de taxi émigré en Australie (Passenger), la compagnie K.Dance qui continue d’expérimenter de nouvelles pistes chorégraphiques (RCO remixed), Sigrid Coggings et ses portraits « modern style » (Serial portrait VR), Coco team et son univers aquatique (Sharky Sharky), Neon Minuit et sa constellation de points qui dessinent un monde en construction/déconstruction permanente (Heterotopia), Mélodie Mousset & Eduardo Fouilloux qui nous plongent dans les entrailles de l’inconscient en suivant les ondulations hypnotiques de méduses aux couleurs chatoyantes (Jellyfish always cared)…

Laurent Diouf

Laval Virtual, sur inscription gratuite, du 22 au 24 avril 2020
> https://www.laval-virtual.com/fr/accueil/
> https://rectovrso.laval-virtual.com/edition-virtuelle-2020/

Covid-19 : en Centre-Val de Loire, qui fait quoi ?

Pour répondre à l’urgence du Covid-19, des modèles productifs multi-sites ont émergé spontanément aux quatre coins de la France. Tour d’horizon de ces « chaînes de production » en région Centre-Val de Loire.

Masques Décathlon avec adaptateur « Thérèse » livrés pour l’Hôpital Bretonneau à Tours. Photo: © McPeter Blinckers

Au fil des semaines confinées et des demandes croissantes en fabrication d’EPI (Équipements de Protection Individuelle), les initiatives se sont multipliées suivant différents modèles organisationnels. Il y a la version « micro-usine citoyenne », dans laquelle des makers et makeuses – des particuliers, auquel se mêle le tissu local associatif et entrepreneurial – impriment sur leurs bécanes 3D des portes-visières ou fabriquent des masques en tissu. L’organisation de ces collectifs passe par des groupes Facebook dans lequel des coordinateurs ont trouvé la porte d’entrée vers les bons services, les bonnes personnes dans les hôpitaux pour faire valider un modèle de visière ou de masque.

Il y a la version « filière », souvent des écosystèmes existants, qui fait collaborer des enseignants-chercheurs, des ingénieurs-makers, des industriels locaux, en dialogue avec des centres hospitaliers. On observe également un troisième modèle, hybride, celui de « l’usine partagée » qui s’appuie sur un réseau de structures disposant d’outils de prototypage rapide (PME, laboratoires publics et fablabs), comme en témoigne l’expérimentation inédite lancée fin mars par la Région Normandie et Le Dôme à Caen, en lien avec la préfecture et l’Agence Régionale de Santé.

Le modèle de connecteur « Martine » est fait pour transformer un masque Décathlon en masque à oxygène avec poche. Photo: © Makers contre le Covid 37

Micro-fabrication urbaine et rurale

Les encouragements du Réseau Français des Fablabs à documenter la mobilisation des makers, motivent la création d’un espace contributif en ligne (pad) pour recenser les initiatives en région Centre-Val de Loire. Car la « chaîne de production multi-sites » qui se met en place en Normandie, existe dans chacune de nos régions : documenter collectivement ces dynamiques de fabrication distribuée est une manière de la révéler.

Lancées le 2 avril par le Funlab (fablab citoyen à Tours), 7 initiatives y sont recensées à Chartres, Orléans, dans l’Indre et en Touraine. Dix jours plus tard, la cartographie s’étend aux 6 départements avec plus d’une trentaine d’actions, 15 000 visières et 7 000 masques fabriqués sur le territoire. Si l’inventaire du parc matériel d’imprimantes 3D en région Centre était une photo de famille, cela ressemblerait à une drôle de cousinade avec des écoles d’ingénieurs, écoles d’art, hackerspaces, centres de formation, Maison Familiale Rurale, ateliers partagés, fablabs associatifs et industriels, petites entreprises et de nombreux garages ou bureaux à la maison dans lesquels tournent jour et nuit les machines.

C’est un Vendômois, Yann Marchal (fondateur d’une recyclerie et membre du fablab associatif Vendôme Atelier Numérique) qui lance le groupe Facebook « Makers contre le Covid » en mars dernier (passé de 487 membres à la mi-mars à 4189 aujourd’hui). Les micro-usines citoyennes essaiment en région Centre-Val de Loire à travers des collectifs actifs à l’échelle départementale comme « Une visière pour une vie » dans le Loir-et-Cher, « COViS18 – Visières Solidaires du Cher », « Makers solidaires Loiret » ou « Makers contre le Covid – 37 ».

Conception et fabrication de systèmes techniques issus du projet collaboratif francilien 3d4care. Photo: © 3d4care.org

Vis ma vie de visière

Les makers de l’Indre-et-Loire (37) fournissent en priorité les soignants : Communautés Territoriales Professionnelles de Santé, EHPAD, Ordre des médecins, pharmacies et autres travailleurs au contact de personnes potentiellement malades. La chaîne de production va des concepteurs (modélisation et aide au design), aux « printers » (celles et ceux qui impriment à la maison), assembleurs (des « duos confinés » qui viennent assembler les kits dans un lieu mis à disposition) et livreurs de kits, en passant par les logisticiens (qui récupèrent les dons en fournitures et gèrent l’approvisionnement chez les printers) sans oublier la gestion des canaux de diffusion, la cagnotte, la communication et la coordination avec le CHU pour valider le matériel.

Si la production s’était focalisée jusqu’à présent sur des visières 3D, après plusieurs aller-retours de conception et d’étapes d’homologation avec le CHRU de Tours, la production d’embouts pour convertir les masques Décathlon en masques « soignants » et en masque à oxygène est désormais en route depuis le 11 avril.

En Eure-et-Loir, le hackerspace BetaMachine à Chartres a très tôt fédéré sa communauté pour se lancer dans la confection de masques et de surblouses, l’impression de visières pour lesquelles on peut passer commande directement sur leur site et la remise en état d’ordinateurs ensuite distribués aux familles pour les aider à maintenir l’apprentissage à la maison.

Dans la métropole orléanaise, le wiki de l’association La Labomedia met à disposition le fichier de visière validée par le CHRO imprimé en série par les structures locales : Polytech, l’IUT d’Orléans et l’IndustryLab. Ce dernier vient de mettre au point un nouveau procédé de fabrication de masques à visière, plus rapide que la 3D, combinant découpe et thermoformage afin d’augmenter le volume de production.

Impression de visières dans l’Atelier du c01n de la Labomedia à Orléans. Photo: © Camille Danioux

Sortie d’usine

Portes-visières de protection faciale, valves d’adaptation pour masque, raccords techniques pour respirateurs artificiels, respirateurs artificiels complets, manipulateurs de poignées de porte, masques filtrants, pousse-seringues, système de décontamination. Voilà à peu près à quoi ressemble la sortie des usines nouvelles en France depuis la mi-mars. Ce matériel de protection sanitaire (qui ne figure pas dans la liste de produits stratégiques établie par la Direction Générale des Entreprises) traduit là un besoin massif et diversifié en équipement, à l’heure où nous rentrons dans une nouvelle phase, celle du déconfinement et de l’anticipation de nouvelles vagues.

Entre la constitution de chaînes de conception-validation-production-distribution cohérente dans les territoires et les temporalités envisagées (de l’usine éphémère au développement de filière), on peut dire que cela tâtonne encore. Quoi qu’il en soit, et à la lumière de l’expertise en fabrication distribuée démontrée par les makers depuis 4 semaines de confinement, le véritable basculement productif et culturel n’est certainement pas de « mettre tous ses œufs dans le même panier » de l’industrie et penser l’offre de fabrication de proximité de demain avec les différents maillons de la chaîne.

Le 10 mars dernier, la rédaction de Makery interviewait Charles Fournier, vice-président de la Région Centre-Val-de-Loire en charge de la transition écologique et citoyenne et de la coopération, au sujet de la Fab City et de la relocalisation de la production. Ça paraît loin (le 10 mars !), et pourtant (l’économie relocalisée), nous y sommes.

Catherine Lenoble
publié en partenariat avec Makery.info

Merci à celles et ceux qui ont passé du temps pour échanger sur leurs initiatives ou documenté leurs actions sur le pad « makers Centre Val de Loire » afin de nourrir cette investigation confinée.

https://twitter.com/LoiretCherTech/status/1247413856676253696?s=20

Mapping makers worldwide mobilized against Covid-19

> français

Since the beginning of the Covid-19 epidemic, many citizens have mobilized their energy, skills and resources, organizing collective actions in response to this emergency health crisis.

Covid-Initiatives.org was launched to collect, visualize and share these initiatives emerging from civil society. The website is currently available in French, English and Spanish.

Its goal is to help citizens, artisans, engineers, DIYers—in short, makers—share information and resources. Already more than 100 designs for medical equipment by makers are inventoried and freely accessible on the website.

You can also find an interactive map based on a census of 3D printers in France and a list of fablabs and makerspaces by Réseau Français des Fablabs.

Covid-Initiatives is a digital commons, powered by a community of contributors who keep it alive and running. But the more contributions it receives from the general maker community, the more accurate and complete its presentation of the maker movement mobilized against the pandemic.

In partnership with Makery, Covid-Initiatives is launching a call for contributions in order to extend and improve their map and accurately and comprehensively document maker initiatives in Europe and worldwide.

published in partnership with Makery.info

 

Covid-Initiatives knowledge base
Covid-Initiatives on Makery
Interested in participating? contact@covid-initiatives.org

Covid-Initiatives : appel à cartographier la mobilisation makers contre le Covid-19 en Europe et dans le monde

> english


Depuis le début de la crise, de nombreux citoyens se mobilisent et s’organisent en communs, mettant en œuvre des actions collectives dans l’optique de fournir des réponses à cette situation d’urgence sanitaire.

Le site Covid-Initiatives.org tente de recenser et donner à voir ces initiatives de la société civile pour faire face à la pandémie de Covid-19. Il est pour le moment disponible en français, anglais, espagnol.

L’objectif est d’aider les citoyens, artisans, ingénieurs, bricoleurs, faiseurs de tous bords qui agissent : les « makers ». Ainsi, plus de 100 designs de matériels médicaux inventés par des makers y sont recensés et librement accessibles.

La plateforme propose jusqu’ici une cartographie interactive réalisée à partir de différentes bases de données : un auto-recensement des fabricants d’impression 3D en France et une liste des Fablabs/Makerspaces par le Réseau Français des Fablabs.

Covid-initiatives est constitué comme un commun numérique, il est porté par une communauté de contributeurs qui l’alimentent et le font vivre. Mais c’est plus largement la contribution de tous qui permettra de dresser un portrait le plus complet et précis possible de la mobilisation du mouvement maker contre la pandémie de Covid-19 en France, en Europe et dans le monde.

En partenariat avec Makery, Covid-Initiatives lance aujourd’hui un appel à contribution afin de cartographier et de documenter le plus finement l’ensemble des initiatives makers en Europe et dans le monde.

publié en partenariat avec Makery.info

La base de connaissance Covid-Initiatives.
La carte Covid-Initiatives sur Makery.
Si vous êtes intéressés, écrivez à : contact@covid-initiatives.org